Les voyageurs qui prévoient de se rendre aux États-Unis peuvent se réjouir, car la débâcle de Credit Suisse n’a pas entraîné de chute brutale du franc suisse, contrairement au dollar américain. Ces dernières semaines, les inquiétudes conjoncturelles liées à la crise bancaire et à ses conséquences aux États-Unis ont été au cœur des discussions. Dans ce contexte, la monnaie de référence américaine a perdu 4,6% de sa valeur face au franc depuis le début de l’année. Elle est tombée à son niveau le plus bas depuis 21 mois. Mardi soir, le billet vert s’échangeait à 0,8969 centime contre un franc suisse.
Thomas Gitzel, économiste en chef chez VP Bank, explique la faiblesse actuelle du dollar est due au fait que la banque centrale américaine, la Fed, est pratiquement arrivée au pic des taux d’intérêt.
La faiblesse du dollar déjà intégrée dans le cours
«La prochaine étape sera probablement une baisse des taux d’intérêt, même si je ne m’y attends pas cette année», explique Thomas Gitzel, ajoutant que c’est justement la perspective d’une baisse des taux à moyen terme qui affaiblit le dollar. «Nous le voyons déjà. C’est pourquoi le franc se situera par rapport au dollar dans une fourchette comprise entre 0,88 et 0,92 à la fin de l’année», prédit-il.
«Comme le cours a déjà fortement reculé, nous nous attendons à moyen terme à un mouvement latéral de la paire de devises. Nous prévoyons un cours de 0,90 centime par dollar à l’horizon de douze mois», analyse Alexander Koch, de la Raiffeisen.
Les stratèges d’ING Bank tiennent un raisonnement similaire, mais s’attendent à ce que le dollar reste faible à court terme. La Fed devrait faire en sorte de ralentir les mouvements du dollar américain, après une nouvelle hausse des taux de 0,25% en mai. Il ne faut donc pas s’attendre à une reprise durable du dollar.
Un défaut de paiement américain est envisagé
À moyen terme, les stratèges d’ING restent également prudents, car un éventuel défaut de paiement des États-Unis n’est pas à écarter. Tout dépend de la date «X», à laquelle ledit défaut de paiement pourrait se produire si le gouvernement américain, le Congrès et la Chambre des représentants ne trouvent pas de solution concernant le plafond budgétaire.
ING Bank s’attend à ce que la date «X» se situe entre mi-juillet et mi-août et prédit que les taux d’intérêt seront nettement plus élevés à cette date. «Cela pourrait peser sur le dollar dans les mois à venir.»
Pour les voyageurs qui se rendent aux États-Unis, le scénario mentionné permettrait de passer des vacances moins chères dès la fin du printemps. Toutefois, ceci n’est pas gravé dans le marbre. Les gestionnaires de hedge funds à Wall Street font confiance au dollar pour une éventuelle hausse à court terme. Après avoir parié sur une baisse des cours en début d’année en vendant à découvert le billet vert, la situation s’est inversée au début du deuxième trimestre, selon Bloomberg.
Un euro plus bas pour les vacanciers?
Depuis le début de l’année, le franc évolue dans une fourchette étroite par rapport à l’euro. À la mi-janvier, un sommet de 1,0132 franc a été atteint, avant que l’euro ne s’effondre à la mi-mars à 0,9702 franc dans le sillage de la crise bancaire américaine. Le franc fait ainsi honneur à sa réputation de valeur refuge à court terme.
Avec l’éclatement de la crise de Credit Suisse deux semaines plus tard, l’euro a ensuite pu remonter à 1,0010 franc, avant que la monnaie de référence européenne n’entame à nouveau une descente vers son plus bas niveau annuel au cours des trois dernières semaines.
Le cours du franc lié à celui de l’euro
Actuellement, la monnaie de la zone euro a atteint un certain équilibre à 0,9814 centime. Pour le reste de l’année, Thomas Gitzel s’attend à ce que le cours du franc ne se détache pas de celui de l’euro.
Moins optimiste, Alexander Koch de la Raiffeisen estime qu’il y a de bonnes chances pour que le franc se renforce un peu d’ici la fin de l’année, surtout face à l’euro. L’économiste de Raiffeisen voit l’euro s’échanger contre le franc à 0,95 centime dans les douze prochains mois. Selon lui, l’écart de taux d’intérêt entre le franc et l’euro ne s’élargira pas beaucoup plus. Parallèlement, l’inflation en Suisse restera stable.