Dans l'ombre des grands événements sportifs et politiques internationaux, l'intérêt pour la guerre en Ukraine diminue. Les envahisseurs avancent kilomètre après kilomètre, sans que le monde y prenne garde.
Pour réussir, les Russes misent sur trois stratégies: la supériorité numérique, les bombes planantes et des manœuvres à moto – comme pendant la Seconde Guerre mondiale. Tous les observateurs s'accordent à dire que les Ukrainiens sont en mauvaise posture, après 900 jours de guerre.
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Ces dernières semaines, les Russes ont pris le contrôle de territoires au nord-ouest d'Avdiïvka, en direction du nœud routier de Pokrovsk. Ralph Thiele, président d'EuroDéfense-Deutschland, déclare à Blick: «Les Russes ont pris le temps d'analyser les brigades ukrainiennes et leurs commandants pour en déterminer les forces et les faiblesses. Ils profitent maintenant de chaque opportunité qui se présente pour remporter des succès sur le front.»
Brigades à motos
Parmi les tactiques utilisées par les Russes, on compte par exemple la rotation des unités, mais aussi la combinaison de plusieurs attaques simultanées. Dans une interview accordée au portail n-tv.de, l'expert militaire autrichien Markus Reisner détaille ces manœuvres. Les Russes ont par exemple envoyé sur le front un char de combat renforcé – un «turtle tank» (tank tortue) – accompagné de deux ou trois véhicules de combat d'infanterie. Pendant que cette petite unité a attiré le feu de l'ennemi, des avancées ont lieu à d'autres endroits.
Des motos sont souvent impliquées dans ces avancées, comme pendant la Seconde Guerre mondiale, où des régiments de reconnaissance à moto ont été engagés avec succès, explique Markus Reisner. Non protégés, mais rapides et donc difficiles à atteindre par des drones, les pilotes russes foncent sur le territoire ennemi. Ils repèrent les endroits où il est facile de passer et occupent les positions attaquées.
Où sont les armes?
Selon les derniers calculs d'experts occidentaux, au moins 520'000 hommes sont engagés du côté russe en Ukraine. D'ici à la fin de l'année, ils pourraient être 690'000. Selon Ralph Thiele, la supériorité numérique humaine et matérielle des Russes est de sept contre un. «Depuis l'interruption des livraisons d'armes en provenance des États-Unis à l'automne dernier, les forces armées ukrainiennes sont en constante régression.»
Les livraisons occidentales n'arrivent «que par petites tranches et de manière irrégulière», note Ralph Thiele. Les systèmes de défense aérienne, l'artillerie, les armes antichars, les missiles Himars, les explosifs, les munitions de précision ainsi que les services d'imagerie satellitaire sont particulièrement demandés. Du côté russe, l'Institut for the Study of War (ISW) estime que la Corée du Nord devrait fournir davantage d'armes, notamment des missiles antichars.
Quant à la pénurie de soldats dans les rangs ukrainiens, elle semble s'être quelque peu atténuée. «Le ministère ukrainien de la Défense a récemment annoncé qu'un total de 4,7 millions d'hommes s'étaient présentés pour être enrôlés», indique Ralph Thiele. Kiev a durci les sanctions pour les réfractaires d'une part et augmenté les incitations financières d'autre part. Reste que l'Ukraine est fragilisée par un manque d'armes, mais aussi de places de formation.
Des bombes planantes insidieuses
Un autre point fort des Russes est leurs bombes planantes, dont ils font exploser jusqu'à cent unités par jour. Elles provoquent des dégâts massifs à cause des lacunes de la défense aérienne ukrainienne. L'Occident ne permet pas à l'Ukraine d'utiliser les armes qu'il lui a livrées pour attaquer les aérodromes russes d'où décollent les avions qui transportent ces bombes pesant jusqu'à trois tonnes.
Certes, les Ukrainiens parviennent tout de même à porter des coups douloureux à la Russie, comme dans la nuit de lundi à mardi, lorsqu'ils ont mis le feu à un dépôt de pétrole dans la région russe de Koursk. Il n'empêche que la situation des forces ukrainiennes est de plus en plus précaire. L'intérêt pour la guerre continue de baisser. «En outre, les élections à venir mettent en évidence que le grand public des deux côtés de l'Atlantique rejette visiblement le soutien à une politique d'aide à l'Ukraine», observe Ralph Thiele.
C'est pourquoi même le président ukrainien Volodymyr Zelensky évoque un cessez-le-feu. Ralph Thiele conclut: «L'absence de succès sur le front devrait accélérer cette évolution. Les attaques ponctuelles, telles que les bombardements ukrainiens loin derrière la frontière, ne seront d'aucune aide.»