«Bain de sang», «carnage», «chaos». Donald Trump n'a pas lésiné mardi sur les propos virulents lors de discours sur l'immigration dans le Michigan et le Wisconsin, Etats décisifs pour l'emporter face à Joe Biden lors de l'élection présidentielle de novembre.
Le septuagénaire, qui n'avait tenu qu'un seul rassemblement depuis la confirmation de son nouveau duel avec son successeur démocrate, veut faire taire toute spéculation autour du ralentissement de sa cadence.
Donald Trump a axé son discours à Grand Rapids, dans le Michigan, autour de l'immigration, accusant Joe Biden d'avoir importé «le carnage, le chaos, et les tueries du monde entier» et de les avoir «déversés directement» chez les Américains. Habitué à une rhétorique anti-migrants très violente, l'ancien président a dénoncé «le bain de sang de Biden à la frontière» avec le Mexique.
Sur Trump
«Invasion facilitée par Biden»
L'expression, pour le moins détonante, est celle que Donald Trump utilise ces jours-ci pour critiquer la politique migratoire de son rival, thème phare de sa campagne. Le Parti républicain a même lancé un site web «BidenBloodbath.com» qui met en garde contre une «invasion soutenue et facilitée par Joe Biden».
Ces derniers mois, le républicain a affirmé que l'économie américaine serait «une boucherie» s'il n'était pas réélu, a accusé les migrants d'«empoisonner le sang» du pays, ou encore promis d'"éradiquer les communistes, marxistes, les fascistes et les voyous de la gauche radicale», les qualifiant de «vermine».
Vendredi, il a aussi partagé sur son réseau social une image truquée de Joe Biden ligoté, provoquant la stupeur chez ses opposants. Quelques heures après Grand Rapids, Donald Trump s'est dirigé vers le Wisconsin où il a reproché à Joe Biden de permettre ce qu'il appelle «l'invasion de notre pays».
«Nous allons libérer cette nation de Joe-la-Crapule et ses armées de migrants de dangereux criminels une bonne fois pour toutes», a-t-il déclaré. Dans ses deux discours, il a promis de mettre fin «aux pillages, viols, massacres, et à la destruction de nos banlieues, villes, et villages américains».
Des Etats qui basculent
Donald Trump a organisé le rassemblement à Grand Rapids, une ville proche du lac Michigan où il avait tenu son dernier meeting de campagne en 2016. Le républicain avait alors créé la surprise et remporté l'Etat – et les clés de la Maison Blanche – face à Hillary Clinton.
Mais en 2020, le Michigan avait préféré Joe Biden à Donald Trump, le démocrate ayant réussi à y reconquérir électeurs blancs de banlieue, ouvriers syndiqués et l'importante communauté noire. Pour l'élection de novembre, les sondages donnent, pour l'instant, Donald Trump vainqueur dans l'Etat. Mais l'élection devrait se jouer dans un mouchoir de poche.
Comme dans le Wisconsin. Donald Trump avait aussi créé l'exploit dans cet Etat en 2016, face à Hillary Clinton. Là encore Joe Biden avait réussi à le faire pencher à nouveau en faveur des démocrates, en 2020.
Ces Etats qui basculent d'un parti à l'autre sont décisifs pour la présidentielle. Le système électoral très particulier des Etats-Unis fait qu'ils peuvent à eux seuls décider du résultat du scrutin national.
Collecte de fonds pour sa campagne
Le président octogénaire a labouré ces Etats disputés ces dernières semaines: il a été dans le Michigan, le Wisconsin, l'Arizona, le Nevada, en Caroline du Nord, en Pennsylvanie... Le démocrate a aussi raflé jeudi 25 millions de dollars lors d'une grande soirée de levée de fonds – une manne extrêmement précieuse dans un pays où les victoires électorales se remportent à coups de milliards de dollars.
Donald Trump doit organiser une collecte de fonds depuis sa luxueuse résidence en Floride samedi, lors de laquelle il espère dépasser le montant récolté par Joe Biden. Le républicain veut enrayer toute possible dynamique de son rival démocrate avant d'être happé à nouveau par ses ennuis judiciaires. Son premier procès pénal débute le 15 avril, avant de potentielles échéances en Floride, en Géorgie ou dans la capitale Washington.
Il a confirmé mardi avoir déposé la veille devant la justice une garantie de 175 millions de dollars pour éviter des saisies judiciaires sur son patrimoine, dans une affaire où il a été condamné à New York à 454 millions de dollars d'amendes pour fraudes financières. Il a fait appel.
Dans son discours à Green Bay, Donald Trump a également répondu à Joe Biden qui le décrit souvent comme une menace pour la démocratie. «Je ne suis pas une menace pour la démocratie. Joe Biden et les fascistes qui le contrôlent – et ils le contrôlent – sont la véritable menace pour la démocratie».
(AFP)