Avant que Donald Trump ne devienne président des Etats-Unis
L'offensive de Koursk n'est-elle qu'un calcul politique?

Une nouvelle avancée de l'Ukraine dans la région russe de Koursk fait sensation. Les experts y voient un risque calculé.
Publié: 07.01.2025 à 16:45 heures
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Un soldat russe fait feu contre les forces ukrainiennes dans la région de Koursk.
Photo: keystone-sda.ch
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Sandra Meier et BliKI

Les tirs d'artillerie ont commencé par pleuvoir, suivis par des mesures de brouillage électronique à grande échelle et enfin par le passage de véhicules blindés en direction du nord: l'avancée ukrainienne dans la région russe de Koursk a créé la surprise dimanche. L'Ukraine n'a pas encore fait de déclaration officielle. Comme lors de la première incursion début août 2024, Kiev est restée silencieuse.

Le ministère russe de la Défense a affirmé avoir repoussé une avancée ukrainienne à environ 80 kilomètres au sud-ouest de Koursk. Quatre chars, deux véhicules de combat d'infanterie, 16 véhicules blindés de combat et un véhicule de déminage auraient été détruits. Ces informations ne peuvent toutefois pas être vérifiées de manière indépendante.

Selon une évaluation de la situation réalisée par l'Institute for the Study of War (ISW), l'Ukraine a pu réaliser des progrès tactiques dimanche et lundi. Elle aurait ainsi progressé dans le sud de Berdin, dans le centre de Russkoïe Poretchnoïe et dans le centre de Novostznitski, situés au nord-est de Soudja.

L'Ukraine veut démontrer qu'elle est digne de soutien

Le jour de l'Epiphanie, les forces russes ont tenté de profiter des attaques ukrainiennes au nord-est de Soudja pour attaquer ailleurs dans l'avancée du front ukrainien dans l'oblast de Koursk. Elles devraient ainsi progresser à l'ouest de Malaia Loknia, qui se trouve au nord-ouest de Soudja.

Les experts voient plusieurs raisons possibles à cette avancée ukrainienne. Le colonel Markus Reisner, historien militaire autrichien, a déclaré à la «Deutsche Welle» que l'Ukraine voulait démontrer être digne de soutien «juste avant que Donald Trump ne prenne la présidence des Etats-Unis». Trump avait annoncé à plusieurs reprises vouloir mettre fin rapidement à la guerre et remettre en question l'aide à l'Ukraine. Mark Galeotti, spécialiste britannique de la Russie et expert en sécurité, confirme également cette hypothèse auprès du «Spiegel»: «Les deux parties veulent gagner une plus grande marge de manœuvre si Trump impose vraiment des négociations.»

Une mesure «désespérée» est nécessaire

Markus Reisner estime qu'il est prématuré de parler d'une «offensive réelle». Il voit plutôt une «contre-attaque avancée» avec la participation de trois brigades. Les objectifs possibles pourraient être de sortir de la situation difficile dans la région de Koursk ou de forcer les troupes russes à se mettre sur la défensive. L'expert militaire britannique Shashank Joshi cite comme autre option le fait de gagner des territoires supplémentaires comme monnaie d'échange avant d'éventuels pourparlers après l'entrée en fonction de Trump. Il pourrait également s'agir d'un subterfuge pour frapper ailleurs.

Cette initiative risquée est considérée par les experts comme un risque calculé. Selon Markus Reisner, il est important pour l'Ukraine de «ne pas faire la une des journaux», surtout avant l'arrivée au pouvoir de Trump. Le soutien occidental est décisif, c'est pourquoi cette mesure «désespérée» est nécessaire.

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