Pour le magazine économique américain «Forbes», la conseillère fédérale Karin Keller-Suter, qui sera présidente de la Confédération en 2025, ne fait pas partie des 100 femmes les plus puissantes du monde. Il n'y a d'ailleurs aucune Suissesse dans le classement des femmes de pouvoir du moment, paru ce mercredi 11 décembre.
Réunies, ces Power Women «supervisent 33'000 milliards de dollars de PIB et influencent la vie de plus d’un milliard de personnes», selon Forbes. Mais il n'y a pas non plus que des Américaines, même si elles constituent presque 50% des noms cités. Des Européennes monopolisent les trois premières positions.
Un podium fait de voisines de la Suisse
La présidente allemande de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, occupe la première place. La Française Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, arrive deuxième. Ensemble, elles «façonnent le destin économique des 18'000 milliards de dollars de l'Union européenne, leurs décisions déterminant tout, de la réglementation de l'IA à la politique climatique», détaille le magazine.
Jusque-là, rien ne change sur le podium par rapport à 2023. Mais un nom a disparu de la troisième position: Kamala Harris. L'actuelle vice-présidente des USA est surtout la candidate déchue à la présidentielle, devancée par Donald Trump, et sort totalement du top 100.
Pour la remplacer, «Forbes» fait avancer d'une place Giorgia Meloni, la cheffe de l'Etat italien. Plutôt anti-européenne pour sa part, la politicienne d'extrême droite «dirige la troisième économie de l'UE dans un moment de transition crucial».
Départ de plusieurs cheffes d'Etat
La Mexicaine Claudia Sheinbaum, élue en 2024, se fait une place d'honneur au pied du podium (4e). Elle est la première femme présidente du pays d'Amérique du centre – 15e économie mondiale si on compare les produits intérieurs bruts (PIB) – en 200 ans d'indépendance.
Au-delà de cette arrivée au pouvoir, la transition entre 2024 et 2025 est marquée par le départ de plusieures cheffes d'Etat et de gouvernement. Kamala Harris a déjà été évoquée. La macroniste Elisabeth Borne n'a passé que les neuf premiers jours de l'année à la tête du gouvernement français.
«Forbes» évoque également la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, dont le second mandat a pris fin en mai dernier. Ou encore l'ex-présidente slovaque Zuzana Čaputová, qui a choisi, en juin, de quitter ses fonctions sans se représenter. «Au total, le monde compte actuellement 26 femmes chefs d’État et de gouvernement, contre 38 en 2023», calcule le magazine économique.
Une baisse que les sources de «Forbes» analyse comme la conséquence, en partie, des «niveaux élevés de harcèlement en ligne auxquels les femmes dirigeantes sont souvent confrontées lorsqu’elles se présentent aux élections». Mais pour le journal, ce n'est pas pour autant que les femmes ont perdu de l'influence, au contraire.
L'IA féminine au top de l'industrie
«Leur véritable impact découle de leur position à des intersections cruciales où les industries et les systèmes se transforment, analyse «Forbes». Alors que les couloirs du pouvoir établis restent réticents au changement, l’influence des femmes n’a jamais été aussi profonde ni aussi étendue.»
L'exemple choisi pour illustrer ce pouvoir dans «les intersections»? La place des femmes à des postes de direction dans l'industrie technologique, en particulier dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA). «Forbes» cite notamment l'ingénieure et cheffe d'entreprise états-unienne Lisa Su (26e), à la tête d'Advanced Micro Devices (AMD), l'un des leaders informatiques dans la fabrication de semi-conducteurs qui développe actuellement sa place sur le marché de l'IA.
Citons encore Safra Catz (17e), CEO de la multinationale informatique Oracle. Ou encore les directrices administratives et financières (CFO) que sont Ruth Porat (12e) chez Google et Alphabet, Amy Hood (23e) chez Microsoft, Susan Li (41e) chez Meta ou Colette Kress (55e) chez Nvidia. L'intelligence artificielle a de l'avenir, et il est féminin.
Culture et sport se font une place
Pour «Forbes», le pouvoir et l'influence féminins ne se limitent pas à la politique ou à l'entreprise. Taylor Swift (23e), qui bat tous les record avec son Eras tour, influencerait toute l'industrie de la musique. Beyoncé est aussi de la partie, en tant qu'artiste la plus nominée aux Grammy awards, après son passage remarqué par la musique country. Toutes deux sont également des cheffes d'entreprises dans divers domaines.
Dans le monde du streaming vidéo, Bela Bajaria (62e) est la directrice du contenu pour Netflix. Et Jennifer Salke (65e) est la directrice d’Amazon MGM Studios. Toutes deux «contrôlent non seulement les algorithmes et les données qui déterminent ce que des milliards de personnes regardent, mais aussi les voix et les histoires qui façonnent la culture mondiale», autopsie «Forbes».
Enfin, la 100e place est occupée par la seule sportive du classement: la basketteuse phénomène Caitlin Clark. A seulement 22 ans, sa seule présence permet parfois au championnat féminin de basket américain (WNBA) de surclasser l'illustre – et masucline – NBA dans les audiences. «Elle oblige des industries entières à réécrire leurs hypothèses sur la valeur marchande et le potentiel économique, s'extasie le magazine économique. Son impact s’étend au-delà du sport et touche aux droits médiatiques, à la publicité et aux attentes culturelles.