Aucun répit pour Noël
Les bombardements continuent à Gaza, Noël lugubre à Bethléem

Les frappes israéliennes continuent lundi à Gaza. Les civils sont toujours au bord de la famine, après un Noël lugubre pour les Palestiniens de Bethléem en Cisjordanie, terni par le poids de plus de deux mois de guerre.
Publié: 25.12.2023 à 07:10 heures
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Dernière mise à jour: 25.12.2023 à 07:11 heures
«Au milieu de la guerre, personne ne ressent l'esprit des fêtes», soupire un chrétien palestinien interrogé par l'AFP.
Photo: MOHAMMED SABER

La bande de Gaza n'a connu aucun répit lors de la veillée de Noël. Tôt lundi, un bombardement a fait 12 morts près du petit village d'Al-Zawaida (centre), selon le ministère de la Santé du Hamas.

Dans la nuit, un bombardement à Khan Younès (sud) a fait au moins 18 morts, a-t-il ajouté dans un communiqué. Le centre du territoire a aussi subi une cinquantaine de frappes successives. Le week-end a été particulièrement meurtrier dans cette langue de terre surpeuplée et contrôlée depuis 2007 par le Hamas, organisation considérée comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Au moins 70 morts le 24 décembre

Au moins 70 personnes ont été tuées dans une frappe dimanche sur le camp de réfugiés d'al-Maghazi, selon le gouvernement du Hamas. Un bilan qui n'a pas pu être confirmé de manière indépendante par l'AFP. De son côté, l'armée israélienne a annoncé la mort d'une quinzaine de soldats au cours des trois derniers jours, portant à 154 le nombre de militaires tués depuis que ses troupes opèrent au sol dans Gaza.

«Nous payons un très lourd tribut à la guerre, mais nous n'avons pas d'autre choix que de continuer à combattre», a martelé dimanche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. «Nous sommes confrontés à des monstres», a-t-il insisté dans son message de Noël, adressé aux Chrétiens du monde entier. «C'est une bataille, non seulement d'Israël contre ces barbares, mais aussi une bataille de la civilisation contre la barbarie.»

«Au milieu de la guerre, personne ne ressent l'esprit des fêtes», a soupiré Fadi Sayegh, un chrétien palestinien qui a passé le réveillon coincé avec sa dialyse dans un hôpital de Khan Younès (sud), où l'armée israélienne a intensifié ses opérations ces derniers jours.

«Nous prions Dieu»

«Nous prions Dieu de mettre fin rapidement à cette guerre, de faire cesser ces massacres», a ajouté ce réfugié, séparé de sa famille restée dans la ville de Gaza. Le conflit a fait 20'424 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des femmes, adolescents et enfants, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

Il a aussi forcé 1,9 million d'habitants à fuir leur domicile, soit 85% de la population selon l'ONU. Israël a juré de détruire le Hamas, après l'attaque d'une ampleur et d'une violence sans précédent menée par le mouvement islamiste le 7 octobre, qui a fait environ 1140 morts en majorité des civils, selon les derniers chiffres officiels israéliens.

Ce jour-là, les commandos palestiniens, ont aussi enlevé environ 250 personnes dont 129 restent détenues à Gaza, selon Israël. «Nous devons arrêter ces hostilités et tourner la page», a plaidé dimanche le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, venu célébrer Noël à Bethléem en Cisjordanie avec un keffieh noir et blanc autour du cou. Dans cette ville qui a vu naître Jésus, selon la tradition chrétienne, les célébrations de Noël ont été largement annulées par la municipalité palestinienne et la tristesse domine.

«Notre coeur, ce soir, est à Bethléem»

Face à la basilique de la Nativité, pas de crèche cette année, mais une allusion à l'hécatombe subie par les concitoyens de Gaza: Marie et Joseph sont représentés en statues grises, au milieu des décombres et derrière des barbelés. «C'est très difficile de célébrer quelque chose alors que notre peuple se meurt», a confié à l'AFP Nicole Najjar, étudiante de 18 ans.

«Notre coeur, ce soir, est à Bethléem», a déclaré le pape François lors de la messe de Noël à Rome, en dénonçant la «logique perdante de la guerre». A Rafah, dans le sud de Gaza, Israa Abou Al-Awf craque après une frappe dimanche sur le quartier résidentiel où elle est réfugiée.

«Assez de souffrir! Arrêtons de faire souffrir ces enfants, arrêtons de leur imposer cet avenir douloureux», supplie cette femme de 27 ans à l'AFP. «Je vous le dis, Netanyahu, chaque enfant (...) grandira en voulant venger son père, sa mère, son oncle. (...) Une armée entière va se lever pour se venger à nouveau d'Israël, arrêtons cela !»

Situation humanitaire désastreuse

La situation humanitaire à Gaza reste désastreuse: la plupart des hôpitaux y sont hors service et dans les six prochaines semaines, l'ensemble de la population risque de subir un niveau élevé d'insécurité alimentaire, pouvant aller jusqu'à la famine, selon l'ONU. «La décimation du système de santé de Gaza est une tragédie», a déploré dimanche le chef de l'Organisation mondiale de la Santé Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Malgré le vote vendredi par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution réclamant l'acheminement «immédiat» et «à grande échelle» de l'aide humanitaire, celle-ci n'a pas connu d'augmentation significative. L'armée jordanienne a annoncé dimanche soir que ses forces aériennes avaient largué de l'aide à environ 800 personnes réfugiées dans l'église Saint-Porphyre, dans le nord de Gaza.

De leur côté, les médiateurs égyptiens et qataris tentent toujours de négocier une nouvelle trêve, après une pause dans les combats de sept jours fin novembre, qui a permis la libération de 105 otages et de 240 prisonniers palestiniens ainsi que l'entrée à Gaza d'importants convois d'aide humanitaire. Selon une source au sein du Djihad islamique, le chef de ce mouvement armé palestinien allié du Hamas est arrivé à la tête d'une délégation au Caire.

Ceintures d'explosif pour enfants

Dimanche, l'armée israélienne a annoncé avoir découvert «un dépôt d'armes adjacent à des écoles, une mosquée et un centre médical», qui renfermait «des ceintures d'explosif adaptées pour des enfants, des dizaines d'obus de mortier, des centaines de grenades et du matériel de renseignement».

Dans le cadre de ses opérations, elle indique arrêter des «individus soupçonnés d'être impliqués dans des activités terroristes». «Les personnes dont il s'avère qu'elles ne participent pas à des activités terroristes sont libérées», assure-t-elle. Mais des Palestiniens libérés après avoir été arrêtés dans la bande de Gaza ont affirmé à l'AFP avoir été torturés, ce que l'armée dément.

«Ils nous ont menotté les mains derrière le dos pendant deux jours. Nous n'avons pas eu à boire ou à manger, ni été autorisés à se servir des toilettes, juste des coups, des coups», a affirmé, Nayef Ali, 22 ans. Le Hamas a appelé dimanche le Comité international de la Croix-Rouge à enquêter sur ces arrestations.

(ATS)

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