Un élu du principal parti prokurde de Turquie, sorti largement vainqueur dimanche d'une élection locale à Van (est), a vu son élection invalidée au profit d'un candidat du pouvoir, a affirmé mardi son parti.
«Nous rejetons la décision de la commission électorale provinciale de Van de remettre le mandat de maire de la municipalité métropolitaine de Van au candidat de l'AKP», a annoncé dans un communiqué le parti DEM (ex-HDP), troisième force politique au parlement turc.
Sur les municipales en Turquie
Abdullah Zeydan a été élu avec 55,48% des voix à Van, grande ville à majorité kurde proche de la frontière iranienne, contre 27,15% pour son principal rival du Parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan, qui a subi une débâcle à travers le pays dimanche aux élections municipales.
Droits politiues contestés 48h avant le scrutin
Selon le parti DEM, qui dénonce une décision «illégale», la commission électorale avait contesté les droits politiques de Abdullah Zeydan, vendredi, à moins de 48 heures du scrutin. La formation prokurde affirme que son candidat avait pourtant «accompli toutes les procédures légales requises et obtenu la validation de sa candidature par le Haut comité électoral (YSK)».
Des centaines de partisans se sont rassemblés devant le siège du parti à Van pour exprimer sa solidarité avec l'élu, selon des images de l'agence de presse turque DHA. Le DEM a convoqué une conférence de presse devant le siège du comité électoral à Ankara à 16H00 (13H00 GMT).
Soutien du principal parti d'opposition
Le chef du Parti républicain du peuple (CHP), principale formation de l'opposition sortie victorieuse des élections municipales de dimanche, a dénoncé une décision allant «à l'encontre de la volonté des habitants de Van». Élu député sous les couleurs du HDP (devenu DEM) en 2015, Abdullah Zeydan avait été arrêté l'année suivante en même temps qu'une dizaine d'autres députés de son parti.
Les autorités l'accusaient d'avoir participé aux funérailles de membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé considéré comme terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, que le pouvoir accuse de liens avec le principal parti prokurde de Turquie.
Emprisonné, Abdullah Zeydan avait été remis en liberté début 2022. Une cinquantaine de maires élus en 2019 sous l'étiquette du HDP dans le sud-est de la Turquie avaient été remplacés par des administrateurs nommés par l'Etat. Ces vagues d'arrestations et de révocations avaient suscité des tensions dans la région et des réactions indignées en Occident.
(AFP)