Au moins 75 coups de couteau
Perpétuité requise pour l'auteur d'un féminicide brutal qui a choqué l'Italie

Un tribunal italien a rendu son verdict dans l'affaire du féminicide brutal de Giulia Cecchettin. Filippo Turetta, son ex-petit ami, risque la réclusion à perpétuité pour ce crime qui a choqué l'Italie et relancé le débat sur les violences sexistes.
Publié: 03.12.2024 à 06:56 heures
Le cercueil de Giulia Cecchettin lors de ses funérailles, à l'église Santa Giustina de Padoue, en Italie, le mardi 5 décembre 2023.
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

Un tribunal italien rend mardi son verdict dans le procès d'un étudiant qui avait poignardé à mort son ex-petite amie, un crime qui avait déclenché une vague de manifestations et jeté un éclairage sinistre sur les féminicides dans la péninsule.

Le parquet a requis la réclusion à perpétuité contre Filippo Turetta, 22 ans, pour le meurtre en novembre 2023 de Giulia Cecchettin, également âgée de 22 ans. L'étudiante en génie biomédical à Padoue, ville universitaire à une quarantaine de km de Venise, a reçu au moins 75 coups de couteau.

Crime très brutal

L'avocat de l'accusé, Giovanni Caruso, a jugé excessive la demande de réclusion à perpétuité, affirmant que son client, qui a reconnu les faits, n'était «pas Pablo Escobar», le célèbre baron de la drogue colombien.

A l'ouverture du procès à Venise en septembre, il avait mis en garde contre un «procès médiatique» et a insisté la semaine dernière sur l'absence de «circonstances aggravantes» comme la préméditation. Mais selon le procureur Andrea Petroni, Filippo Turetta a agi avec «une particulière brutalité» envers sa compagne avant de fuir avec la victime dans sa voiture.

«
La seule chose que je peux faire c'est faire en sorte qu'il y ait le moins de cas possibles comme celui de Giulia
Père de la victime
»

Le corps avait été retrouvé une semaine après sa disparition dans un ravin près du lac Barcis, au nord de Venise, et Filippo Turetta avait été arrêté le lendemain près de Leipzig, en Allemagne.

Le père de Giulia, Gino Cecchettin, a refusé de commenter la peine potentielle. «Je suis déjà mort intérieurement», a-t-il déclaré la semaine dernière à la radio publique Rai. «Pour moi, rien ne changera. Je ne reverrai plus jamais Giulia. La seule chose que je peux faire (...) c'est faire en sorte qu'il y ait le moins de cas possibles comme celui de Giulia, qu'il y ait moins de parents devant pleurer une fille décédée.»

Il faut une révolution

Le meurtre de Giulia Cecchettin a relancé le débat sur les violences contre les femmes en Italie, où la culture de la drague va souvent de pair avec des comportements machistes et sexistes. Des milliers de personnes avaient assisté à ses funérailles et son père avait imploré les hommes de «remettre en question la culture qui tend à minimiser la violence de la part d'hommes qui semblent normaux».

La sœur de Giulia, Elena, a appelé à une révolution culturelle, exhortant à «tout brûler», un message depuis inscrit sur les murs et les banderoles, souvent accompagné de la phrase: «Le patriarcat tue».

Les victimes connaissent leur agresseur

Sur 276 meurtres recensés par le ministère italien de l'Intérieur cette année, 100 victimes étaient des femmes – 88 tuées par un proche, la grande majorité par un partenaire ou un ex. Un chiffre comparable aux 110 féminicides sur 310 meurtres au cours de la même période l'an dernier, dont 90 femmes tuées par un proche. En 2022, 106 femmes ont été tuées par un proche, et 107 en 2021.

Violences contre les femmes: besoin d'aide?

Vous, ou l'une de vos proches, êtes victime de violences de la part d'un partenaire ou d'un proche? Voici les ressources auxquelles vous pouvez faire appel.

En cas de situation urgente ou dangereuse, ne jamais hésiter à contacter la police au 117 et/ou l'ambulance au 144.

Pour l'aide au victimes, plusieurs structures sont à votre disposition en Suisse romande, et au niveau national.

Vous, ou l'une de vos proches, êtes victime de violences de la part d'un partenaire ou d'un proche? Voici les ressources auxquelles vous pouvez faire appel.

En cas de situation urgente ou dangereuse, ne jamais hésiter à contacter la police au 117 et/ou l'ambulance au 144.

Pour l'aide au victimes, plusieurs structures sont à votre disposition en Suisse romande, et au niveau national.

La famille Cecchettin a créé une fondation pour développer la sensibilisation, le soutien aux femmes victimes de violence et encourager l'égalité et le respect.

Fin novembre, des dizaines de milliers de personnes ont défilé à Rome et à Palerme (Sicile) pour marquer une journée internationale contre le féminicide, nombre d'entre elles marchant au nom de Cecchettin.

Giorgia Meloni a abandonné les femmes

Tout en dénonçant la discrimination historique à l'égard des femmes et l'absence de politiques telles que l'éducation sexuelle à l'école, certains militants accusent le gouvernement ultraconservateur de Giorgia Meloni d'avoir abandonné les femmes.

En novembre, le ministre de l'Education, Giuseppe Valditara, a déclenché une polémique en déclarant que «le patriarcat n'existe plus» dans la loi italienne et en imputant les violences contre les femmes à l'immigration clandestine.

Elena Cecchettin a rétorqué que sa sœur avait été tuée par un «jeune Italien blanc». Giorgia Meloni, première femme au poste de Premier ministre, a déclaré la semaine dernière que la législation ne manquait pas en Italie, mais que «le défi restait avant tout culturel».

La dirigeante du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia a également établi un lien avec l'immigration clandestine, même si les chiffres officiels de 2022 montrent que 94% des femmes italiennes victimes de meurtre ont été tuées par des Italiens.

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