En Italie, Giulia Cecchettin était sur le point de terminer ses études d'ingénieur à l'université de Padoue. Elle allait bientôt recevoir son diplôme et souhaitait quitter son village natal, la commune de Vigonovo, dans la région de Vénétie, qui compte 10'000 habitants. Mais le soir du 11 novembre, elle a été assassinée par son ex-petit ami Filippo Turetta. Elle avait 22 ans.
L'affaire agite l'Italie depuis des semaines. Le nom de Giulia Cecchettin est sur toutes les lèvres et soulève de nombreuses indignations, en matière notamment de droits des femmes et de féminicides. Des commémorations et des manifestations ont eu lieu dans de nombreux endroits, auxquelles des milliers d'Italiens ont participé.
La jeune femme et son meurtrier avaient d'abord été portés disparus. Quelques jours plus tard, la protection civile a retrouvé le corps de l'étudiante dans un ravin de la région Frioul-Vénétie Julienne, dans le nord de l'Italie. Filippo Turetta s'est enfui en Allemagne, où il a été rattrapé par les autorités avant d'avouer son crime.
Le cas de Giulia Cecchettin est malheureusement loin d'être isolé. Elle est la 102e femme tuée en Italie depuis le début de l'année. Les chiffres le montrent: un féminicide se produit tous les trois jours dans la péninsule. Depuis la disparition de Giulia, quatre autres cas similaires ont eu lieu.
Giorgia Meloni annonce une campagne de sensibilisation
Si les Italiennes et les Italiens sont si bouleversés, c'est aussi parce que le motif du crime est un motif futile et tristement bien connu: l'étudiante s'était séparée de Filippo Turetta il y a quelques mois. Ce dernier n'aurait pas supporté la fin de leur relation. Les chiffres du ministère de l'Intérieur montrent que dans 87 cas de féminicides, les auteurs étaient issus de l'entourage immédiat de la victime. Dans plus de la moitié des cas, il s'agissait du partenaire ou de l'ex-partenaire.
Le meurtre de Giulia Cecchettin a été une onde de choc dans le monde politique. Sur X, la Première ministre Giorgia Meloni a écrit être d'une «tristesse infinie» et remplie de «colère». Le nombre de femmes tuées est une «trace de violence contre les femmes qui se poursuit depuis des années, avec des chiffres encore plus dramatiques que par le passé». C'est cette «barbarie», poursuit Giorgia Meloni, que le gouvernement veut désormais combattre.
Après la Chambre des députés, le Sénat a adopté cette semaine à l'unanimité un projet de loi visant à mieux protéger les femmes contre la violence. Cela permettrait notamment de prémunir les cas de violences domestiques. Giorgia Meloni a en outre annoncé une campagne publique de sensibilisation contre les féminicides.
«Un changement fondamental de culture»
Selon un rapport de l'ONU publié cette semaine, environ 89'000 femmes ont été délibérément tuées l'année dernière dans le monde. C'est le chiffre le plus élevé depuis 20 ans. 80% de ces meurtres ont été commis par des hommes.
De plus, environ 55% des meurtres ont été commis par des membres de la famille ou des partenaires, ce qui montre que «l'endroit le plus dangereux pour les femmes est leur foyer», indique le rapport.
Les auteurs de l'étude indiquent en outre que le nombre de cas non recensés est probablement bien plus élevé. Dans quatre cas sur dix, on ne dispose pas d'informations suffisantes pour déterminer les motifs spécifiques au genre comme motif de passage à l'acte du crime.
En Italie, de nombreuses écoles ont observé cette semaine une minute de silence pour Giulia Cecchettin. Sa sœur Elena a déclaré à la chaîne de télévision Rete 4: «N'observez pas une minute de silence pour Giulia, mais brûlez tout. Il faut maintenant un changement fondamental de culture.»