Ils ont été mariés pendant 30 ans, mais en septembre 2021, le bonheur de ce couple de retraités saint-gallois prend brutalement fin lors d'un voyage commun. L'épouse, Rita B.*, se retrouve dans la plus grande prison pour femmes de Colombie. Elle est accusée de trafic de drogue.
La prétendue aventure commence à la maison, à Gams dans le canton de Saint-Gall, comme le rapporte la RTS. Un jour, l'e-mail d'un avocat africain autoproclamé arrive dans la boîte aux lettres du mari de Rita, Marcel B.*. Un héritage en Colombie lui est promis, ainsi qu'un voyage gratuit. Parfait pour l'anniversaire de mariage, pense Marcel B. Sa femme hésite d'abord, mais accompagne finalement son mari dans son voyage. Plus tard, elle regrettera profondément cette décision.
Une fois en Colombie, le drame suit son cours. Une inquiétante personne de contact explique au couple qu'il y a un problème avec l'héritage et les envoie alors... en Serbie avec un paquet dans leurs bagages. Mais à l'aéroport de Bogotá, les agents trouvent plus de trois kilos de cocaïne pure dans la valise, cachée dans des livres et des rouleaux de papier fax. Le couple de retraités est manifestement tombé dans le piège d'escrocs. Alors que Rita B. est arrêtée, son mari rentre chez lui sans être inquiété.
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La détention aggrave son état de santé
Rita B. risque une peine de prison de plusieurs années en Colombie. «Elle souffrait de stress, de solitude et d'angoisse. Donc si elle avait ajouté une peine de prison sévère, cela aurait pu entraîner un effondrement de sa santé mentale», explique son avocat Diego Henao Vargas à la RTS.
Son état mental se détériore et l'avocat parvient à la faire assigner à résidence. A Bogotá, Rita B. vit recluse pendant près de deux ans, financée par sa rente AVS. La propriétaire, Maribel, se souvient de cette locataire au caractère bien trempé. Selon elle, la Suissesse passait son temps à faire de l'origami. «C'était la vie de Rita, très calme. Elle nous manque.»
Car Rita B. ne séjourne plus à Bogotá. Lorsque le juge ordonne son retour en prison fin août 2023, la femme, alors âgée de 68 ans, prend la fuite avec son passeport et sa carte de crédit: une odyssée de quatre jours entre la Colombie et l'Europe via le Brésil. De retour en Suisse, elle trouve refuge dans un village voisin de Gams. Rita B. ne veut plus voir son mari.
«C'était le gouvernement suisse»
Pendant ce temps, le juge colombien qui a condamné Rita B. se déchaîne. «C'est le gouvernement suisse, très probablement, j'en suis presque absolument sûr, qui est intervenu pour qu'elle puisse partir d'ici. Ils voient nos pays comme des terrains de chasse des Européens, ils nous voient encore comme des Indiens qu'ils doivent coloniser, conquérir et soumettre», a déclaré Hermens Dario Lara Acuna, juge à la Cour suprême de Bogota, cité par la RTS.
Rita B. risque de quatre à neuf ans de prison supplémentaires pour avoir pris la fuite. Selon la chaîne, un mandat d'arrêt international a également été émis à son encontre. Selon le droit suisse, elle ne peut toutefois pas être extradée.
Mais les moulins juridiques continuent de moudre: le Ministère public de Saint-Gall a convoqué la retraitée et son mari. Une nouvelle procédure menace, cette fois-ci sur le sol national.
*Nom connu