Un Américain à été arrêté lundi au bout de cinq jours de traque dans l'enquête sur l'assassinat «ciblé» du patron d'un géant de l'assurance santé mercredi à New York. Le suspect est Luigi Mangione, un home âgé de 26 ans. Il a été inculpé de meurtre, mais aussi de deux infractions concernant la législation sur les armes à feu et d'une autre concernant la falsification d'un ou plusieurs documents, selon des documents judiciaires obtenus par le quotidien «New York Times» et la chaîne CNN.
«Des membres de la police d'Altoona», à 500 km à l'ouest de New York, «ont arrêté Luigi Mangione, un homme de 26 ans, pour possession d'armes à feu. A l'heure actuelle, nous pensons qu'il s'agit de la personne que nous recherchons dans le meurtre ciblé et sans scrupules de Brian Thompson, PDG de UnitedHealthcare», a déclaré Jessica Tisch, la patronne de la police de New York, lors d'un point-presse aux côtés du maire Eric Adams.
Le suspect, dont plusieurs photos captées par les caméras de vidéosurveillance avant et après le meurtre avaient été diffusées depuis mercredi, a été reconnu par un employé d'un McDonald's d'Altoona qui a contacté la police locale, a ajouté Jessica Tisch. Des images des médias américains ont montré le jeune homme, cheveux noirs frisés, sortant menotté d'un véhicule de police pour être escorté devant un tribunal de l'Etat de Pennsylvanie.
Issu d'une famille aisée
Il a été inculpé notamment pour possession illégale d'arme et d'instruments criminels, faux documents et fourniture d'une fausse identification aux autorités. Un juge l'a ensuite maintenu en détention dans l'attente de son transfert devant la justice de New York pour sa possible inculpation pour le meurtre de Brian Thompson.
Luigi Mangione a été présenté par la police comme un natif de l'Etat du Maryland (nord-est), ayant aussi des liens avec San Francisco et dont la dernière adresse connue est à Honolulu, à Hawaï. Il a obtenu en 2020 un master de Sciences de l'ingénierie à l'université de Pennsylvanie, une des universités privées de la prestigieuse et sélective Ivy League, après avoir été scolarisé dans un lycée huppé de Baltimore. «Mon impression, c'est que c'était un gars normal, un gamin sympa, (...) intelligent» a déclaré à l'AFP un ancien élève de ce même lycée, «surpris» de découvrir une telle nouvelle. «De mon point de vue, il n'y avait rien chez lui qui sortait de l'ordinaire», a-t-il estimé.
Selon le Baltimore Banner, il vient d'une famille italo-américaine aisée. Son grand-père, décédé en 2008 était un promoteur immobilier, il possédait des «country clubs», des maisons de retraites et une station de radio locale.
«Tu es un héros»
A la révélation de son nom, les réseaux sociaux présumés du jeune homme sont entrés en ébullition, signe d'un emballement du public américain pour cette affaire dans un pays où les assurances santé privées sont régulièrement accusées de s'enrichir sur le dos des patients.
Un profil Instagram, qui pourrait être le sien, montre un jeune homme grand, brun, en costume-cravate sur sa photo principale. Vers 14H00 (18H00 GMT), il comptait quelque 2.000 abonnés, plus de 45'000 deux heures plus tard. Sur X, un compte à son nom regroupait quelque 45'000 abonnés à 14H41, près de 180'000 vers 18H00.
«Ils feraient mieux de te laisser libre, tu es un héros», commentait un internaute sur ce profil Instagram, accessible à tous, renvoyant aux spéculations que le suspect aurait pu agir pour se venger d'un contentieux avec cette assurance.
Un mobile encore flou
Sur lui, les policiers ont retrouvé une arme à feu en kit, «qui pourrait avoir été fabriquée par une imprimante 3D», et un silencieux, similaires à ceux utilisés par le tueur. Luigi Mangione portait aussi une fausse carte d'identité du New Jersey «correspondant à l'identité utilisée pour s'enregistrer dans un hôtel de New York» la nuit précédent l'attaque, ainsi qu'un document manuscrit de trois pages évoquant son «hostilité à l'encontre des entreprises américaines», a indiqué la police.
Mais les autorités ne se sont pas davantage exprimées sur les possibles mobiles de l'assassinat. Selon des informations des médias américains, les mots «delay» (retard) et «deny» (refus) – termes évoquant des rejets de demandes d'indemnisation de soins par les compagnies d'assurance – étaient inscrits sur les douilles trouvées sur les lieux du crime. Les enquêteurs s'interrogent aussi sur une photo de radio médicale affichée sur le profil du suspect sur le réseau social X, qui a été suspendu lundi après l'arrestation.
La mort de Brian Thompson, dans cet assassinat prémédité en pleine rue, a provoqué un fort émoi. Mais elle a aussi été accompagnée de commentaires haineux sur les réseaux sociaux à l'encontre des programmes d'assurance santé américains, illustrant une colère profonde à l'égard d'un système lucratif accusé de s'enrichir sur le dos des patients.
Une scène digne d'un film
«On ne tue pas des gens de sang froid pour des questions politiques ou pour exprimer un point de vue», a condamné lundi le gouverneur démocrate de Pennsylvanie, Josh Shapiro. «Ce tueur est salué comme un héros. Ecoutez-moi bien, ce n'est pas un héros», a-t-il insisté.
Mercredi à l'aube, le tueur s'est approché de Brian Thompson, 50 ans, et l'a froidement abattu en pleine rue devant un hôtel à Manhattan. La scène, digne d'un film, avait captée par une caméra de surveillance et vue par des millions de personnes. La police a envisagé l'hypothèse que le tireur ait usé d'un pistolet vétérinaire à long canon – normalement utilisé pour euthanasier les animaux – muni d'un silencieux pour commettre le meurtre. Brian Thompson devait participer ce jour-là à une conférence d'investisseurs.
Plusieurs photographies du suspect avaient été diffusées par la police, qui avait aussi promis une récompense pour toute information pouvant aider l'enquête. Les clichés montrent un homme blanc, jeune et mince, à visage découvert, de face, capuche sur la tête et avec un tour de cou noir. UnitedHealth Group assure 51 millions de personnes et travaille avec des programmes gouvernementaux tels que Medicare, le système d'assurance santé des séniors.