Le meurtre du patron de la plus grande compagnie d’assurances des États-Unis continue de tenir le monde en haleine. Mercredi matin, en plein cœur de New York, un homme jusqu'ici inconnu a abattu de sang-froid Brian Thompson, PDG de UnitedHealthcare. Depuis, les enquêteurs et la population se demandent: que s'est-il passé durant la nuit précédant le crime et où se trouve le tueur?
Où est le coupable?
Le tueur de Brian Thompson n'a toujours pas été arrêté. «C'est un véritable fantôme», a déclaré le policier Felipe Rodriguez à la chaîne de télévision CNN. Selon la police, il est possible que le tueur présumé ait quitté New York.
Une hypothèse plausible serait qu'après sa fuite dans Central Park, le tireur aurait changé de vêtements. Le policier explique que le tireur s'est assuré de ne pas être identifiable sur les caméras publiques. «Il était clair pour lui que nous allions rapidement donner une description du coupable. Il a donc fait en sorte de ne plus correspondre à celle-ci.»
Ce qui est sûr, c'est que le 24 novembre, le tueur s'est rendu dans la mégapole à bord d'un bus Greyhound. On ne sait pas d'où il venait. Il s'est ensuite enregistré à l'auberge de jeunesse HI New York City Hostel. Après quelques jours, il a quitté l'auberge pour une nuit, puis y est retourné avec une fausse carte d'identité pour y passer une nuit de plus. Les premières analyses d'ADN effectuées sur une bouteille d'eau retrouvée sur place ainsi que l'analyse d'un téléphone portable à usage unique n'ont pas donné plus de résultats.
Un sourire qui pourrait s'avérer fatal?
Jeudi soir, la police a publié de nouvelles photos du criminel: on le voit avec un large sourire au comptoir de l'auberge de jeunesse. Comme le révèle John Miller, analyste en chef de l'application de la loi et des services de renseignement de la chaîne américaine CNN, cela pourrait marquer un tournant dans l'enquête. «Dans une vidéo, on voit l'une des employées lui demander d'enlever son masque pour qu'elle puisse reconnaître son visage. Il retire alors le masque et sourit.» Cette vidéo pourrait aider de manière décisive à identifier le tueur.
En visionnant le matériel vidéo de l'auberge, les autorités peuvent reconstituer les jours précédant le carnage, explique l'expert. «Le déroulement des événements dans l'auberge et le rôle du suspect dans celle-ci offrent de nouvelles possibilités.» Mais Felipe Rodriguez reste sceptique: «Les données biométriques sur les caméras ne nous servent à rien s'il n'a jamais été arrêté. Il faudrait un véritable coup de chance pour mettre la main sur le coupable.»
Est-ce que quelqu'un de l'entourage du tueur se manifeste?
La probabilité est élevée: comme les photos du tueur circulent partout, il est possible que des proches ou des témoins se manifestent auprès des enquêteurs. Le département de la police de New York avait promis une récompense de 10'000 dollars si quelqu'un fournit un indice décisif, avant de l'augmenter à 50'000 dollars.
De plus, la bouteille d'eau saisie et les données du téléphone portable jetable font l'objet d'une enquête plus approfondie. On peut supposer que l'auteur a laissé des traces numériques, comme des transactions ou des appels téléphoniques. Mais l'analyse des téléphones portables jetables est nettement plus compliquée.
Pourquoi ce meurtre surprend-il?
Steve Moore, un conseiller de longue date de la police fédérale américaine (FBI), s'est montré surpris par le meurtre de Brian Thompson. Selon lui, la dichotomie entre cet acte planifié et son exécution «bâclée» est particulièrement inhabituelle. «Il a laissé des objets sur le lieu du crime et a enlevé son masque avant son crime.»
Le revolver silencieux utilisé par le criminel suscite également l'interrogation dans les milieux policiers: «Je n'ai jamais vu un criminel utiliser ce modèle dans ma carrière», déclare un policier participant à l'enquête. «Cela a été un choc pour nous tous lorsque nous avons vu la vidéo.»
Qui était vraiment Brian Thompson?
Cet Américain de 50 ans travaillait depuis 2004 pour UnitedHealth, la plus grande compagnie d’assurances des États-Unis. En 2020, il a été promu CEO de la filiale. Ses collaborateurs décrivent Brian Thompson comme un homme «sincère» et «toujours courtois». On ne savait pas grand-chose de sa vie privée, si ce n'est qu'il laisse derrière lui une épouse et deux enfants.
En 2021, ce grand patron du groupe a suscité la polémique en raison d'une décision de ne pas prendre en charge les visites aux urgences considérées comme «non critiques». Mais le reproche le plus répandu parmi les assurés est que l'entreprise ne paie que rarement les demandes d'indemnisation des assurés.
On ne sait pas encore si son statut de patron d'UnitedHealth a été fatal à Brian Thompson, mais il est possible qu'il y ait un lien entre les inscriptions «deny» (contester), «depose» (destituer) et «defend» (défendre) découvertes sur les balles et un livre intitulé «Delay, Deny, Defend» qui critique les compagnies d'assurance américaines et leurs tactiques de rejet des demandes d'indemnisation.