Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'est dit dimanche prêt à envoyer des soldats en Ukraine si cela s'avérait nécessaire pour assurer la sécurité de la Grande-Bretagne et de l'Europe. Londres joue un rôle de premier plan en soutenant Kiev dans la guerre contre la Russie.
«Nous sommes prêts et disposés à contribuer aux garanties de sécurité pour l'Ukraine en envoyant nos propres troupes sur le terrain si nécessaire», a écrit le Premier ministre britannique Keir Starmer dans le quotidien Daily Telegraph. Keir Starmer a également confirmé qu'il prendrait part à la réunion convoquée lundi à Paris sur la sécurité européenne et l'Ukraine.
Le président français Emmanuel Macron accueillera «les principaux pays européens» pour des discussions portant sur «la sécurité européenne». C'est ce qu'a indiqué dimanche le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot sur la radio France Inter.
Faire «plus et mieux»
Dans la foulée, l'Elysée a fait savoir que participeraient à cette «réunion informell» dans l'après-midi «les chefs de gouvernement de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de l'Italie, de la Pologne, de l'Espagne, des Pays-Bas et du Danemark, ainsi que le président du Conseil européen, la présidente de la Commission européenne et le secrétaire général de l'Otan».
«L'objectif est de déterminer ce que les Européens peuvent faire pour eux-mêmes compte tenu de l'accélération que nous vivons en Ukraine en conséquence des initiatives du président Trump», a déclaré un conseiller du président Emmanuel Macron, soulignant que les Européens devaient faire «plus et mieux» pour leur sécurité collective.
La rencontre intervient à un moment particulièrement délicat alors que les initiatives de Donald Trump, qui a repris langue avec le président russe Vladimir Poutine, inquiètent les Européens. Le président américain a annoncé cette semaine qu'il rencontrerait son homologue russe en Arabie saoudite pour engager des négociations sur l'Ukraine, où la guerre déclenchée par l'invasion russe entrera le 24 février dans sa quatrième année.
Zelensky en visite dans les pays du Golfe
Interrogé dimanche sur la date de cette rencontre, Donald Trump a répondu: ,Aucune date n'a été arrêtée, mais cela pourrait être très bientôt». Tout en affirmant n'avoir pas le projet de rencontrer des responsables russes ou américains, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté annoncé dimanche soir être arrivé aux Emirats arabes unis pour une visite «humanitaire». Il avait indiqué cette semaine qu'il pourrait aussi se rendre en Arabie saoudite.
La Conférence sur la sécurité de Munich, qui s'est tenue de vendredi à dimanche, a été marquée par un discours hostile du vice-président américain JD Vance à l'encontre de l'Union européenne, accusée notamment de ne pas respecter la «liberté d'expression», et par la confirmation que les Américains envisageaient des négociations sur l'Ukraine sans les Européens.
Interrogé à Munich sur l'éventuelle participation des Européens, l'envoyé spécial de Donald Trump sur l'Ukraine, Keith Kellogg, a répondu: «Je fais partie de l'école réaliste, je pense que ça ne va pas se produire». Toujours à Munich, le président ukrainien a exhorté ses alliés à se renforcer pour éviter un accord forgé par les Américains «dans le dos» de l'Ukraine et de l'Europe.
«Trump n'aime pas les amis faible»
Donald Trump «n'a pas mentionné une seule fois que l'Amérique a besoin de l'Europe à la table des négociations», a mis en garde Volodymyr Zelensky. «Trump n'aime pas les amis faibles, il respecte la force», a-t-il souligné. «Seuls les Ukrainiens peuvent décider d'arrêter de combattre et nous les soutiendrons tant qu'ils n'auront pas pris cette décision», a assuré Jean-Noël Barrot dimanche.
Les Ukrainiens «n'arrêteront jamais tant qu'ils ne seront pas sûrs que la paix qui leur est proposée sera durable» et qu'ils n'auront pas de garanties de sécurité.«Qui apportera les garanties? Ce seront les Européens», a dit le chef de la diplomatie française, martelant que «oui, les Européens seront d'une manière ou d'une autre partie prenante aux discussions» pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
Pour Jean-Noël Barrot, «le rôle des Etats-Unis, c'est d'amener Poutine à négocier», et ils pensent «y arriver par un mix de pression et de dialogue». «Nous, ça fait longtemps qu'on a compris que c'était inutile de dialoguer. Et à mon avis ils vont vite comprendre que seule la pression sera susceptible d'amener Poutine à la table des négociations», a-t-il affirmé.
Retour russe dans le G7 «inimaginable»
Le ministre français a par ailleurs jugé «inimaginable» que la Russie réintègre aujourd'hui le G7, réagissant à une déclaration en ce sens de Donald Trump. Les chefs de la diplomatie française, allemande, polonaise, italienne, espagnole, britannique et ukrainienne s'étaient réunis mercredi à Paris.
Ils avaient alors appris avec sidération que Donald Trump s'était entretenu une heure et demie avec Vladimir Poutine, au ban des nations depuis l'invasion russe de l'Ukraine. Les ministres avaient alors affirmé à l'unisson qu'il n'y aurait pas de décision sur l'Ukraine sans Kiev ni sans eux, mais les Européens peinent à faire entendre leur voix.