Une semaine avant les élections européennes, Sulaiman A., un Afghan de 25 ans, poignarde plusieurs personnes à Mannheim (Allemagne) lors d’une action de stand du mouvement citoyen Pax Europa, qui critique l’islam. Un policier est mort des suites de ses blessures. Ce mercredi 5 juin, c’est un politicien de l’AfD qui est attaqué et blessé au couteau par un homme d’extrême gauche. Ces événements pourraient offrir à l’AfD une entrée triomphale au Parlement européen lors des élections de ce week-end.
Dans le cadre de la première attaque, les deux chefs de l’AfD, Alice Weidel et Tino Chrupalla, s'attaquent au gouvernement: «Il faut mettre fin à l’immigration en provenance d’Afghanistan et entreprendre des rapatriements vers ce pays.» Pour rendre ceci possible, le gouvernement fédéral doit «enfin entrer dans un échange diplomatique avec le gouvernement afghan» – c’est-à-dire les talibans au pouvoir depuis août 2021.
Jonathan B. Slapin, professeur d’institutions politiques et de politique européenne à l’université de Zurich, donne son analyse pour Blick: «L’attaque peut être considérée comme un échec de la politique du Centre et renforcer le parti anti-immigrés AfD.» Selon lui, les élections européennes sont avant tout l’occasion de voter contre le centre-gauche ou le centre-droit.
Un résultat de sondage étonnant
L’ampleur de la marche triomphale de l’AfD n’est toutefois pas encore très claire. Alexander Marguier, rédacteur en chef du magazine politique allemand Cicero, remarque: «J’ai constaté avec étonnement que l’AfD a perdu un point de pourcentage dans le premier sondage réalisé depuis l’attentat de vendredi.»
Ce sondage de l’institut Insa a été réalisé auprès de 1001 électeurs le jour de l’attentat ainsi que la veille. L’attaque au couteau n’était donc pas connue de toutes les personnes interrogées au moment du sondage, et le policier n’est mort qu’après la fin de l’enquête.
Les scandales résonnent
Alexander Marguier estime qu’en raison des attaques au couteau, l’AfD pourrait à nouveau progresser d’ici les élections, mais seulement légèrement – d'«environ un point». Selon l’expert, les scandales qui touchent l’AfD ont des répercussions sur le comportement des électeurs.
Parmi ces scandales, on trouve le lien avec une prétendue réunion secrète sur les rapatriements, les soupçons d’espionnage d’un collaborateur de l’homme politique européen Maximilian Krah ainsi que le procès contre le chef de l’AfD de Thuringe Björn Höcke pour avoir utilisé des slogans nazis.
Un autre élément devrait venir mettre son grain de sel: depuis que le groupe Identité et Démocratie (ID) de l’UE a exclu l’AfD en raison de ces mêmes scandales et que l’extrême-droite française Marine Le Pen refuse de collaborer, les électeurs potentiels de l’AfD ne se sentent plus représentés à Bruxelles. «Votre vote pour l’AfD est alors en quelque sorte perdu, car l’AfD n’est plus représentée dans aucun groupe parlementaire», comprend Alexander Marguier.
Une affluence due à l’abandon de la ligne Merkel
Les sondages pour les élections européennes montrent où les soutiens actuels de l’AfD vont probablement se diriger. Il y a d’une part la nouvelle alliance Sahra Wagenknecht, qui poursuit également une politique migratoire stricte et qui est montée à 7 points.
Mais il y a aussi l’Union de la CDU et de la CSU, qui a progressé de 26 à 29 points depuis juillet 2023. «Certains électeurs partis à l’AfD devraient entre-temps s’y sentir à nouveau mieux représentés, car le chef de la CDU, Friedrich Merz, a réussi à se détourner en douceur, mais tout de même clairement, de l’ancien cours de Merkel», analyse l’expert.