Après le sommet de Londres
Trump peut tranquillement jouer au golf, les Européens ne veulent pas divorcer

Le sommet des dirigeants européens à Londres s'est terminé sur un appel à se réarmer, sans rompre avec les Etats-Unis. Le soutien à l'Ukraine est réaffirmé, mais Donald Trump garde les meilleures cartes en main.
Publié: 02.03.2025 à 22:00 heures
1/5
Donald Trump à son arrivée à l'hôtel Trump International Golf Club, ce dimanche 2 mars.
Photo: keystone-sda.ch
Blick_Richard_Werly.png
Richard WerlyJournaliste Blick

Ils ne veulent pas divorcer. C’est aussi simple que ça: les dirigeants européens réunis ce dimanche 2 mars à Londres continuent de penser qu’en matière de défense, leurs efforts à venir doivent s’accompagner d’une réaffirmation du lien transatlantique. Ils promettent de se réarmer, ils jurent qu'une coalition pour sécuriser l'Ukraine va voir le jour. Mais Comment? 

«L’Europe doit faire le gros du travail, mais avec le soutien des Etats-Unis» a asséné le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui avait organisé cette réunion. Tout est dit. La confrontation directe avec Donald Trump n’est pas programmée.

Est-ce dès lors un échec? Pas sur le plan politique. Les 19 dirigeants européens présents à Lancaster House, près du palais de Buckingham Palace, ont démontré leur unité et avancé deux points: leur volonté commune d’augmenter leurs dépenses de défense, et leur accord sur l’utilisation des avoirs russes gelés depuis trois ans. La décision de «maintenir l’aide militaire pour renforcer l’Ukraine» est actée. Et le fait que «cet argent proviendra des actifs saisis à la Russie» l’est aussi.

En toute tranquillité

Et après? Un appel à Washington a été lancé à Londres. «Le soutien international et transatlantique à l’Ukraine reste important pour la sécurité du pays et de l’Europe» a argumenté le Chancelier social-démocrate sortant Olaf Scholz, dont les jours à la tête de l’Allemagne sont comptés après sa défaite du 23 février. Fait regrettable: celui-ci n’était pas accompagné de l’homme assuré de le remplacer à la Chancellerie: le leader démocrate-chrétien Friedrich Merz, beaucoup plus offensif sur la question du réarmement européen.

Donald Trump peut donc continuer de jouer au golf en toute tranquillité, comme il l’a fait ce dimanche à Mar-a-Lago, en Floride, peu préoccupé par l’écho international de son affrontement devant les caméras avec Volodymyr Zelensky, le 28 février à la Maison Blanche. 

Aucune autonomie stratégique

Le Premier ministre polonais Donald Tusk, fragilisé par l’élection présidentielle qui aura lieu en mai prochain, l’a dit clairement: «L’Occident n’a pas l’intention de capituler devant le chantage et l'agression de Vladimir Poutine», en ajoutant que «tout doit être fait pour garantir que l’Europe et les Etats-Unis parlent d’une seule voix». Pas besoin de décodeur: l’heure de l’autonomie stratégique revendiquée et assumée n’est pas venue.

Echec, donc, pour ces 19 dirigeants européens supposés prouver à Donald Trump qu’une alternative à sa puissance existe, et qu’il ne peut pas seul dicter ses conditions de paix à l’Ukraine? En partie. «Je n’accepte pas que les Etats-Unis soient un allié peu fiable, il n’y a pas deux pays aussi étroitement alignés que les nôtres» a précisé Keir Starmer en parlant du Royaume-Uni et des USA.

«Il faut urgemment réarmer l’Europe» a ponctué la présidente allemande de la Commission européenne Ursula von der Leyen, en annonçant un programme détaillé pour le sommet extraordinaire de l’UE à Bruxelles le 6 mars. Très bien. Mais concrètement? Les deux seuls engagements pris à Londres l’ont été par le gouvernement britannique. Celui-ci a accordé un prêt de 2,74 milliards d’euros à l’Ukraine. S’y est ajouté un nouvel accord qui permettra à Kiev d’acheter 5000 missiles de défense aérienne fabriqués à Belfast, en Irlande du Nord, pour un montant de 1,94 milliard d’euros.

Zelensky devra attendre

Volodymyr Zelensky n’est pas seul. Mais il devra encore attendre. Paris et Londres ont affirmé travailler sur un plan de paix qui sera, une fois bouclé, soumis aux Etats-Unis. Quand? Comment? Pas de réponse.

Or, on peut faire confiance à Donald Trump pour mettre, dès son retour du terrain de golf, une pression maximale. Pour Washington, la priorité demeure le rapprochement avec la Russie et l’acceptation par l’Ukraine d’une paix rapide. Difficile d’imaginer, au vu des résultats ce dimanche 2 mars, que la réunion de Londres entrave cet objectif d’un président américain le pied sur l’accélérateur.

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la