La Confédération a décidé formellement de renforcer ses mesures permettant d'éviter que la Russie puisse contourner les sanctions de l'UE via le territoire helvétique.
Le président de la Confédération Ignazio Cassis a condamné jeudi devant les médias «de la façon la plus ferme» l'entrée des troupes russes en Ukraine et enjoint la Russie «à les retirer immédiatement.» Il a parlé «d'une journée triste comme nous n'en avions plus vu depuis longtemps» et d'une «crise qui concerne tout le continent européen».
L'UE s'apprête à prendre des sanctions très sévères contre la Russie, économiques et financières, mais aussi contre des personnes en vue de l'Etat russe.
Marge de manœuvre
Dans l'ensemble, «la Suisse se rangera» derrière les décisions de l'UE, y compris pour la liste des individus «personna non grata» — par exemple les 336 députés de la Douma —, a précisé l'ambassadeur Erwin Bollinger. Il s'agit d'éviter que la Suisse ne permette aux Russes de contourner les sanctions.
«Dans les faits, l'effet des mesures (suisses) ne différera pas beaucoup de l'effet de celles prises par l'UE», a dit Erwin Bollinger. Mais la Suisse se réserve une marge de manoeuvre selon les cas d'espèce et, en tout cas, ne prendra pas de sanctions en son propre nom.
Neutralité et bons offices
Ce n'est pas qu'une question de sémantique, a assuré la Confédération. Il s'agit aussi d'envoyer un signal pour le maintien de la neutralité et des bons offices chers à la Suisse. En résumé, la Confédération a choisi, pour l'essentiel, de «reprendre (et d'appliquer) de façon autonome» les sanctions européennes, avec des ajustements là où c'est nécessaire. Elle prendra le temps de les étudier avant le cas échéant de s'y joindre.
Concrètement, le Conseil fédéral évalue déjà la possibilité d'empêcher que des banques suisses accueillent de nouveaux fonds en provenance de Russie. Par rapport aux décisions de l'UE, des aménagements sont prévus sur le plan militaire par exemple en lien avec le respect de la neutralité suisse.
La Suisse avait déjà pris des mesures pour éviter le contournement des sanctions contre la Russie en 2014, après l'invasion russe en Crimée. La Suisse évaluera en outre les nouvelles sanctions éventuelles que prendrait l'UE et s'y adaptera si nécessaire. En revanche, il est hors de question que la Suisse se range derrière le train de sanctions des Etats-Unis
(ATS)