La gauche demande des sanctions
«L'hésitation du Conseil fédéral est inacceptable»

La Suisse n'a pas encore décidé de sanctionner la Russie. De nombreux politiciens font pression pour que la Suisse réagisse avec fermeté à l'invasion russe de l'Ukraine.
Publié: 24.02.2022 à 14:59 heures
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Dernière mise à jour: 24.02.2022 à 15:09 heures
La gauche attend que le Conseil fédéral s'aligne sur les sanctions de l'UE.
Photo: KEYSTONE
Lea Hartmann, Gianna Blum et Daniel Ballmer

Jusqu’à présent, la réaction du gouvernement suisse s’est limitée à condamner l’invasion russe dans une déclaration écrite. Hier, il a ajourné sa décision quant à d’éventuelles sanctions. Que va-t-il se passer maintenant?

Les attentes de la gauche sont claires: «Poutine mène une guerre d’agression et détruit la paix en Europe. Le Conseil fédéral doit prendre clairement position et reproduire toutes les sanctions décidées par l’UE, assène le conseiller national PS Fabian Molina. Toute autre attitude signifierait que la Suisse tolère une guerre ouverte au cœur de l’Europe.»

«Que doit-il encore se passer pour que le Conseil fédéral agisse?»

La conseillère nationale des Verts Sibel Arslan demande une réaction immédiate de la Suisse qui ne se limite pas à des mots. «Que doit-il encore se passer pour que le Conseil fédéral agisse?» Les hésitations du Conseil fédéral la déçoivent. «Il ne faudrait pas qu’on puisse reprocher à la Suisse de faire passer ses intérêts économiques avant ceux des personnes touchées par la guerre», proteste l’élue. Elle n’accepte pas l’argument selon lequel les sanctions ne seraient pas compatibles avec la neutralité de la Suisse. «Au nom de la paix, il faut faire pression.»

Cette position est également celle du conseiller national socialiste Jon Pult. «Poutine fait la guerre à l’Ukraine à l’encontre de la charte de l’ONU. Il n’y a pas de neutralité qui tienne face à de telles violations du droit international», a-t-il fait savoir sur Twitter. L’hésitation du Conseil fédéral est «inacceptable».

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Le Centre et les Vert’libéraux veulent des sanctions

La gauche n’est pas la seule à réclamer des sanctions de la Suisse allant au-delà de la prévention des contournements. Peu après midi, le parti du centre a envoyé un communiqué dans lequel il demande des sanctions. «La Suisse ne doit pas devenir le centre européen des affaires pour la guerre de la Russie», souligne le président du parti Gerhard Pfister. Selon lui, il est important que les sanctions pénalisent l’élite russe qui finance Poutine.

Les Vert’libéraux abondent, appelant également à une participation de la Suisse aux sanctions de l’UE. Toutes les transactions financières vers la Russie et les banques russes doivent être immédiatement interdites. «J’attends du Conseil fédéral qu’il se montre solidaire de ses partenaires européens et qu’il participe aux sanctions de l’UE», déclare Jürg Grossen, président du parti des Vert’libéraux, cité dans le communiqué.

«La Suisse doit rester neutre»

La droite s’exprime avec plus de retenue. Le président de l’UDC Marco Chiesa abonde dans le même sens. «Pour faire partie de la solution, la Suisse neutre ne doit pas reproduire les sanctions de l’UE», estime le conseiller aux Etats tessinois qui craint que notre pays perde en crédibilité.

Ce qui se passe actuellement en Ukraine est «absolument inacceptable», souligne le conseiller aux Etats lucernois Damian Müller, élu PLR. Mais le Conseil fédéral doit maintenant évaluer comment il peut contribuer à une désescalade. «Y a-t-il encore une porte ouverte pour servir de médiateur dans le conflit? Si oui, je peux comprendre que l’on attende avant de prendre des sanctions.» Si aucune solution diplomatique n’est envisageable, la Suisse doit «prendre des mesures sévères pour que les sanctions des Etats-Unis/de l’UE aient tous leurs effets».

Mais même du côté de la droite, des voix s’élèvent, enjoignant la Suisse à réagir plus sèchement. C’est le cas de la conseillère nationale PLR Christa Markwalder. «Il ne suffit plus d’empêcher que des sanctions soient contournées sur notre territoire, estime-t-elle. La Suisse, en tant que pays neutre, doit montrer sa position, s’inscrire dans la lignée de la communauté internationale et s’associer à des sanctions ciblées.»

Selon la Bernoise, la situation actuelle n’est pas comparable à celle de 2014 lors de l’annexion de la Crimée – car il s’agit désormais d’une guerre déclarée unilatéralement par la Russie contre l’Ukraine. «Personnellement, je suis horrifiée qu’une guerre ouverte puisse être possible en Europe au XXIe siècle – et ce sous des prétextes absolument absurdes.»

(Adaptation par Jessica Chautems)

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