Un premier cas de variole du singe a été confirmé en Suisse, dans le canton de Berne, a rapporté l’Office fédéral de la santé publique samedi soir sur Twitter.
Un traçage des contacts, afin d’identifier d’éventuelles chaînes de transmission, a été effectué, a précisé la Direction de la santé du canton de Berne dans un communiqué. La personne infectée a été exposée au virus à l’étranger. Elle est suivie en ambulatoire et se trouve en isolement à son domicile. Tous contacts ont pu être informés.
Ce premier cas suspecté de variole du singe a été signalé vendredi au Service du médecin cantonal (SMC) de la Direction de la santé, des affaires sociales et de l’intégration du canton de Berne et à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). Les analyses de laboratoire effectuées ont permis de confirmer le soupçon samedi après-midi.
Forte fièvre et éruption cutanée
«Au vu de la situation actuelle, on peut s’attendre à avoir des cas en Suisse, analysait déjà Pascal Cherpillod, coresponsable du centre de référence pour les infections virales émergentes des HUG à la demande de la Tribune de Genève dans un article paru samedi en début de journée. Notre mission vis-à-vis des hôpitaux et de la Suisse est d’être prêt à faire face à la variole du singe.»
Vendredi, Hans Kluge, responsable de l’antenne européenne de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), déclarait: «À ce jour, au moins huit pays (européens) – le Portugal, l’Espagne, l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le Royaume-Uni et la Suède – ont signalé des cas de variole du singe. Des cas semblables et récents ont également été signalés en Australie, au Canada et aux Etats-Unis.» La Suisse vient désormais s'ajouter à cette liste. Au total, 80 cas sont confirmés et une cinquantaine d’autres étaient à l’étude, selon l’OMS.
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Cette maladie est une cousine moins dangereuse de la variole, éradiquée depuis une quarantaine d’années. Elle se traduit d’abord par une forte fièvre et évolue rapidement en éruption cutanée, avec la formation de croûtes, notamment sur le visage.
Infections dans des pays inhabituels
Le nombre de cas, voué à progresser ces prochains jours, ne concerne que des pays où la présence de malades de la variole du singe est inhabituelle. Elle est présente en temps normal, considérée comme «endémique», dans 11 pays d’Afrique. Elle a gagné vendredi la France et l’Allemagne, puis la Suisse samedi, avec un cas confirmé dans chaque pays par leurs autorités sanitaires.
En France, il s’agit d’un homme de 29 ans, localisé dans la région parisienne, sans antécédent de voyage dans un pays où circule le virus. Dès la suspicion de son infection, cette personne a été prise en charge et, en l’absence de gravité, est isolée depuis à son domicile.
En Allemagne, ce sont les autorités médicales militaires qui ont fait état d’un cas, isolé dans une clinique de Munich. En Espagne, le ministère de la Santé a recensé 7 cas confirmés et 23 cas positifs via PCR d’une «variole non humaine» qui doivent encore être «séquencés pour déterminer le type de variole». 23 cas ont été confirmés au Portugal. Ils viennent s’ajouter à une vague entamée au Royaume-Uni où les premiers malades ont été repérés début mai.
Souche bénigne
Ces cas ne sont pour le moment pas graves. Même s’il est tôt pour s’en assurer, ils semblent ressortir d’une souche plutôt bénigne du virus avec un taux de mortalité de 1%. Ce chiffre doit, de plus, être relativisé par le fait qu’il se rapporte à des pays en voie de développement où les systèmes de santé sont moins efficaces.
«Il faut insister sur le fait que la plupart des cas actuellement examinés en Europe sont légers», a insisté Hans Klug. «La variole du singe est généralement une maladie qui se guérit d’elle-même […] après quelques semaines sans traitement.»
Pour autant, ce qui inquiète les autorités sanitaires, c’est le fait que ces cas apparaissent simultanément dans de nombreux pays, chez des personnes qui, pour la plupart, n’avaient pas de lien direct avec les pays où la maladie circule.
Une maladie sexuellement transmissible?
Depuis 2017, quelques cas importés, notamment du Nigeria, avaient certes été sporadiquement identifiés dans plusieurs pays, en particulier au Royaume-Uni, sans donner lieu à des épidémies.
Mais «récemment, l’alerte est relativement différente: les signalements faits correspondent à des cas de personnes n’ayant pas voyagé dans les pays où le virus circule habituellement et n’ayant pas eu de contacts avec des personnes revenant de ces pays», a souligné vendredi lors d’un point presse Alexandra Mailles, épidémiologiste à Santé Publique France.
Par ailleurs, ces cas sont survenus principalement, mais pas uniquement, chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Nombre de chercheurs insistent quant au fait qu’il est trop tôt pour en conclure que le virus a évolué pour devenir transmissible sexuellement. Mais l’apparition de ces multiples cas dans le monde pose la question d’une contagiosité devenue plus élevée.
La variole du singe est habituellement transmise à l’homme par des rongeurs sauvages ou des primates. Mais une transmission interhumaine est également possible, par contact direct avec les lésions cutanées ou les muqueuses d’une personne malade, ainsi que par les gouttelettes.
(ATS/AFP/Blick)