Dans l’ombre de la guerre en Ukraine, de violents combats ont à nouveau éclaté dans la nuit de lundi à mardi entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Le théâtre en est la région frontalière disputée du Haut-Karabakh, treize fois plus petite que la Suisse. A noter: la Russie est la puissance protectrice de l’Arménie, tandis que la Turquie soutient l’Azerbaïdjan.
Quelle est l’implication de Vladimir Poutine? Va-t-on vers une nouvelle guerre? Blick répond ici aux principales questions sur ce sujet.
Que se passe-t-il actuellement dans le Haut-Karabakh?
Le Ministère arménien de la défense a fait savoir que les troupes azerbaïdjanaises avaient attaqué à trois endroits des positions arméniennes avec de l’artillerie et des armes de gros calibre. Il y aurait au moins 49 morts. A Bakou, le Ministère de la défense azerbaïdjanais a de nouveau évoqué une tentative de sabotage arménienne de grande ampleur, qui serait à l’origine des combats.
Pourquoi le conflit éclate-t-il à nouveau maintenant?
L’Azerbaïdjan pourrait profiter de l’occasion pour envahir l’Arménie à l’ombre de la guerre en Ukraine. Car la Russie, en tant que puissance protectrice de l’Arménie, est actuellement occupée en Ukraine et subit des contraintes militaires massives. L’analyste de sécurité de l’EPFZ Niklas Masuhr confirme cette thèse: «L’Azerbaïdjan a continuellement maintenu la pression depuis la guerre de 2020.»
La Russie, puissance protectrice, aide-t-elle les Arméniens?
Moscou et Erevan font partie de l’alliance militaire post-soviétique «Organisation du traité de sécurité collective» (OTSC). La Russie serait donc obligée d’aider militairement son allié arménien. La Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan font également partie de cette alliance.
Jusqu’à présent, le Kremlin ne s’est pas encore exprimé sur le dernier conflit au Haut-Karabakh. Mais la Russie a toujours montré peu d’intérêt à se laisser entraîner dans les affrontements. Et en raison de la guerre en Ukraine, Moscou n’aurait pas non plus les ressources nécessaires pour le faire actuellement.
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Quel est le rôle de la Turquie?
Ankara se considère comme la puissance protectrice de l’Azerbaïdjan. Lors du conflit d’il y a deux ans, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait transféré en Azerbaïdjan un millier de soldats de la brigade Hamza, avec laquelle il combat en Syrie contre le dirigeant Bachar el-Assad, l’État Islamique et les Kurdes. Il n’a cependant pas encore réagi au conflit actuel.
La démarche provocatrice du président turc s’explique par de multiples raisons. D’une part, la Turquie s’approvisionne en gaz et en pétrole auprès de «l’Etat frère musulman» azerbaïdjanais. D’autre part, le sujet de l’Arménie est hautement sensible en Turquie pour des raisons historiques. Ankara refuse ainsi de reconnaître comme un génocide le massacre de la population arménienne à l’époque de l’Empire ottoman.
La situation s’aggrave-t-elle?
Il est difficile de dire si la situation prend une mauvaise direction ou non. Le Ministère allemand des affaires étrangères a en tout cas appelé ses ressortissants présents dans la région à la prudence, une extension des combats n’étant pas exclue. Quiconque se trouve dans une zone touchée par les combats devrait se rendre dans un endroit protégé et attendre de pouvoir le quitter en toute sécurité.
C’est justement Djermouk qui est apprécié des touristes étrangers, puisque la ville possède une station thermale réputée.
Qui a les meilleures chances?
L’Azerbaïdjan, riche en pétrole et en gaz, est supérieur sur le plan militaire et économique. Il est également trois fois plus grand que son voisin et sa population est majoritairement jeune. Bakou investit 2,24 milliards de dollars par an dans le budget de la défense, contre 625 millions pour l’Arménie. L’Azerbaïdjan a ainsi quadruplé ses forces blindées et doublé ses forces aériennes.
Quel est l’enjeu du conflit du Haut-Karabakh?
Le Haut-Karabakh contesté fait partie, en droit international, de l’Azerbaïdjan islamique, mais il est habité par des Arméniens chrétiens qui se sont déclarés indépendants. Après l’effondrement de l’Union soviétique, les forces arméniennes s’étaient assurées le contrôle du territoire lors d’une guerre de 1992 à 1994 et occupaient une grande partie de l’Azerbaïdjan.
En 2016, la «guerre des quatre jours» a fait au moins 200 morts. En 2020, l’Azerbaïdjan a récupéré ses territoires et s’est emparé d’endroits stratégiques du Haut-Karabakh. La Russie a joué un rôle de médiateur et a assuré un cessez-le-feu. Les derniers combats datent du mois d’août.