Russie, musée de la bataille de Stalingrad: des dizaines d'enfants et d'adolescents sont debout en cercle, afin de prêter serment à l'Armée de la jeunesse (aussi appelée Yunarmiya ou Iounarmia). La salle du triomphe où ils sont rassemblés est faite de marbre blanc et décorée des symboles de l'Armée rouge.
«Prêtez-vous serment de fidélité éternelle à la mère patrie?», demande un chef de groupe aux enfants en uniforme. «Je le jure», clament-ils en chœur.
Si le patriotisme russe connaît un essor fulgurant ces dernières années, il a encore gagné en importance depuis que le Kremlin a envahi l'Ukraine il y a presque un an. En effet, depuis sa création en 2016 par le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, l'Armée de la jeunesse comptabilise plus de 1,2 million d'enrôlements. Les recrues sont des enfants âgés de 8 à 18 ans, qui rejoignent les rangs de la Yunarmiya, dont le but premier est d'«inciter les jeunes à défendre la Russie les armes à la main».
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Il existe déjà 85 centres régionaux. Selon les indications de la Yunarmiya, chaque école du pays possédait en 2020 des locaux dédiés à l'Armée de jeunesse. Lesdits espaces doivent contenir une photo du président Vladimir Poutine, mais aussi le drapeau russe, des cartes géographiques et une sélection d'armes légères.
Un patriotisme très puissant
L'Armée de la jeunesse met l'accent sur l'amour de la patrie comme valeur essentielle. Le souvenir de la victoire de l'armée soviétique sur l'envahisseur allemand et sa Wehrmacht, par exemple, est très important, tout comme la commémoration de la bataille de Stalingrad. Son 80e anniversaire sera d'ailleurs célébré le 2 février prochain.
La Yunarmiya est souvent décrite comme la version russe des mouvements soviétiques, tels que les pionniers et les komsomol (membres de la Jeunesse communiste à l'ère soviétique). Les seules différences sont les uniformes et une présence esthétique sur les réseaux sociaux.
Certains parents regardent donc leurs enfants prêter serment devant des figures d'autorité nationales. Parmi elles, des politiciens, des vétérans de guerre et des responsables locaux de l'Armée de la jeunesse. C'est le cas de Darja Tchertkova, qui raconte que son fils de 12 ans, Stanislav, a «décidé consciemment» de rejoindre le mouvement. «Nous l'avons soutenu», dit-elle à l'AFP.
Leur famille a toujours été patriote et très intéressée par le passé de leur pays, explique-t-elle. Mais c'est l'offensive de Moscou en Ukraine qui les a motivés à faire un pas de plus. «Stanislav est au courant de cette opération militaire particulière, explique Darja Tchertkova, en utilisant le terme officiel russe pour désigner l'invasion. Sa décision a été en partie influencée par ce qui se passe dans le monde.» Elle espère que son benjamin, âgé de 6 ans, rejoindra également le mouvement: «Je pense que pour un garçon, le plus important est d'aimer notre pays, de défendre sa mère patrie, d'être patriote.»
(AFP/slh)