Depuis le début de son offensive en Ukraine le 24 février, qui lui a valu des sanctions occidentales sans précédent, la Russie a mis le cap résolument sur l'Asie. Notamment pour y trouver des débouchés, des fournisseurs et des marchés pour remplacer ceux perdus du fait des mesures américaines et européennes.
Pour sa part, la Chine traverse une crise diplomatique avec Washington, notamment depuis la visite à Taïwan en août de la présidente de la Chambre américaine des représentants, Nancy Pelosi.
50'000 militaires mobilisés
C'est dans ce contexte que Moscou mène depuis jeudi dernier des exercices militaires de grande ampleur dans l'Extrême-Orient russe, auxquels participent plusieurs pays alliés, dont des militaires chinois.
L'habitant du Kremlin s'est rendu mardi matin au terrain d'entraînement militaire de Sergueïevski, l'un des sites accueillant ces manœuvres, baptisées Vostok-2022 (Orient-2022). Il avait auparavant eu une «réunion à huis clos» avec le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef de l'état-major Valéri Guérassimov.
Selon Moscou, plus de 50'000 militaires ainsi que plus de 5000 pièces d'armement et d'équipements militaires, dont 140 aéronefs et 60 navires, sont mobilisés pour Vostok-2022.
Des unités de plusieurs pays frontaliers ou alliés de la Russie, comme la Biélorussie, la Syrie, l'Inde, mais surtout la Chine, y participent.
«Elan supplémentaire au développement de l'économie»
Mercredi, le militaire doit céder la place à l'économique, avec la participation du dirigeant russe au Forum économique oriental qui se déroule depuis lundi à Vladivostok (sud-est de la Russie).
La délégation chinoise y sera la plus nombreuse avec 114 personnes, selon le Kremlin. Le chef du Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire, Li Zhanshu, troisième plus haut responsable chinois, participera à la session plénière du forum au côté de Vladimir Poutine. Une rencontre bilatérale est également prévue.
Autre signe du rapprochement entre Moscou et Pékin, le géant gazier russe Gazprom a annoncé mardi que la Chine règlerait désormais ses contrats en roubles et en yuans, au lieu du dollar. Le patron de Gazprom, Alexeï Miller, a dit espérer dans un communiqué que cette mesure donnerait un «élan supplémentaire au développement de nos économies».
Prêts en yuans de la banque russe
De nouveaux accords d'achat et de vente de gaz à long terme via le gazoduc oriental «Force de Sibérie» ont par ailleurs été signés mardi.
«Les relations russo-chinoises de partenariat global et de coopération stratégique se développent de manière progressive», s'est félicité le Kremlin dans un communiqué, faisant l'éloge de l'«approche équilibrée de la Chine envers la crise ukrainienne» et de la «compréhension» par Pékin des raisons de l'offensive russe.
Par ailleurs, la première banque russe, Sberbank, a annoncé mardi avoir commencé à octroyer des prêts en yuans, assurant qu'il y avait une «forte demande» dans le pays.
A part la Chine, l'Inde et la Birmanie seront aussi à l'honneur au Forum à Vladivostok, le chef de la junte birmane Min Aung Hlaing y étant attendu.
Appel sino-russe à une «nouvelle ère»
A Moscou, le ministre thaïlandais des Affaires étrangères, Don Pramudwinai, devait être reçu mardi par son homologue russe Sergueï Lavrov, qui s'était rendu, lui, en Birmanie et au Cambodge en août.
Enfin, le sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), prévu les 15 et 16 septembre à Samarcande, en Ouzbékistan, sera une autre occasion pour Poutine de se concentrer sur l'approfondissement des relations en Asie.
Une rencontre pourrait même avoir lieu, selon des sources diplomatiques, entre le Russe et le dirigeant chinois Xi Jinping, qui n'a pas quitté la Chine depuis 2020 en raison de la pandémie de Covid-19.
Les deux hommes s'étaient vus début février en Chine, à quelques semaines de l'agression russe contre l'Ukraine. Moscou et Pékin avaient alors signé une déclaration commune appelant à une «nouvelle ère» dans les relations internationales ainsi qu'à la fin de l'hégémonie américaine et dénonçant le rôle des alliances militaires occidentales, l'Otan et l'Aukus (Australie, Royaume-Uni et Etats-Unis).
(ATS)