La Russie a un ennemi de plus. Outre l'Ukraine et l'Occident, le Kremlin se trouve également dans la ligne de mire de l'Etat islamique depuis l'attentat de vendredi soir. Que risquent désormais les terroristes capturés vivants? Et que sait-on d'eux? Blick répond aux principales questions sur l'attentat à Moscou.
Que sait-on des terroristes arrêtés?
L'attentat de Moscou n'était pas une mission suicide. Les terroristes ont pris la fuite après l'acte. Quatre hommes ont été arrêtés dans la région méridionale de Briansk. En outre, le service de renseignement intérieur russe (FSB) a annoncé l'arrestation de sept autres suspects. Les quatre tireurs présumés sont des Tadjiks (des Iraniens d'Asie centrale). Ils sont âgés de 19, 25, 30 et 32 ans. Ils ont été présentés dimanche au tribunal de district de Basmanny dans des cages en verre.
Des vidéos qui avaient auparavant circulé dans les médias russes montraient les forces de sécurité coupant l'oreille d'un des détenus avant de lui la mettre dans la bouche. Un autre a été tiré par les cheveux, battu et frappé à coups de pied. Un troisième a été torturé avec des chocs électriques. Le plus jeune semble avoir perdu un œil.
Que va-t-il advenir des terroristes?
Deux des hommes auraient avoué avoir participé à la fusillade dans le «Crocus City Hall», rapporte l'agence de presse russe Interfax. Ces hommes risquent la prison à vie – voire la peine de mort, car celle-ci fait à nouveau l'objet de discussions à la Douma. Ce châtiment est nécessaire en cas de terrorisme et de meurtre, a déclaré samedi le vice-président de la commission des affaires de sécurité de la Douma, Iouri Afonine, et le chef du groupe parlementaire du parti au pouvoir «Russie unie», Vladimir Vassiliev, a déjà annoncé une décision prochaine à ce sujet. Une peine de mort pourrait également écraser les opposants politiques, écrit avec inquiétude la militante des droits des femmes Alyona Popova sur le service en ligne Telegram.
Quelle est la dangerosité du groupe dissident de l'EI?
Selon les services de renseignement américains, l'attentat de Moscou, revendiqué par l'EI, est à mettre sur le compte de sa branche afghane, l'«Etat islamique de la province du Khorassan (ISIS-K)». Selon un rapport de l'ONU, ce groupe dissident commande plus de 6000 combattants.
Pour le chercheur sur l'Islam Lorenzo Vidino, l'ISIS-K est la force la plus dangereuse au sein de l'EI. Elle dispose d'un vaste réseau dans les anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale, y recrute ses guerriers et a déjà montré sa force de frappe avec l'attentat au mausolée du général Qassem Soleimani en Iran au début de l'année, explique l'Italo-Américain dans le «Quotidiano Nazionale». Le bilan était alors sanglant, avec 91 morts et 280 blessés. La Russie avait déjà été la cible de l'ISIS-K. En septembre 2022, un attentat-suicide devant l'ambassade russe de Kaboul a fait huit morts.
Pourquoi l'EI déteste la Russie?
La Russie ne fait certes pas partie de l'Occident, mais elle représente un ennemi tout aussi important des djihadistes. Le sang des musulmans est sur les mains du Kremlin, peut-on lire sur les canaux Internet de l'EI. Cette haine remonte à la période d'occupation soviétique en Afghanistan de 1979 à 1989. Des milliers de coreligionnaires ont été tués lors des sanglantes guerres de Tchétchénie (1994-1996 et 1999-2009). La Russie a aussi combattu de manière ciblée l'EI en Syrie. Si cela ne suffisait pas, la plupart des Russes sont en plus des chrétiens orthodoxes, et donc des infidèles qu'il faut détruire, selon l'EI.
Que signifie cet attentat pour l'Ukraine et pour l'Occident?
Le Kremlin présente l'Ukraine comme complice des auteurs de l'attentat. Vladimir Poutine veut ainsi monter la foule russe contre l'adversaire de la guerre, et justifier une nouvelle mobilisation en Russie, explique un porte-parole du Centre ukrainien de désinformation à l'agence de presse (UNIAN) – une crainte que partagent de nombreux observateurs de la guerre.
Les États de l'UE craignent de nouveaux attentats de l'EI. La France a décrété le niveau de sécurité le plus élevé. C'est également le cas de l'Italie. En vue des fêtes de Pâques, la sécurité des réseaux, des aéroports et d'autres cibles terroristes potentielles sera renforcée, annonce Rome. L'Allemagne est tout aussi alarmée. «Le danger du terrorisme islamiste reste aigu», a déclaré la ministre fédérale de l'Intérieur Nancy Faeser au «Süddeutsche Zeitung». L'ISIS-K prévoyait déjà des attentats contre la cathédrale de Cologne et la cathédrale Saint-Étienne de Vienne pour Noël 2023, mais ils ont pu être évités.