Ils sont arrachés à leur famille, déportés en Russie, où ils sont placés dans des familles d'accueil ou dans de véritables camps de rééducation. Les autorités ukrainiennes alertent depuis le début de la guerre que près de 20'000 enfants ukrainiens, dont beaucoup sont des blessés de guerre, ont été déportés en Russie. Selon les données, moins de 400 ont pu être retrouvés et ramenés en Ukraine jusqu'à présent.
Face à cette situation, l'Ukraine a besoin d'aide. En février de cette année, le gouvernement a donc mis en place, avec le soutien du Canada, une alliance internationale dont l'objectif est de ramener les enfants enlevés dans leurs familles.
Entre-temps, 35 pays ont rejoint la coalition internationale pour le retour des enfants ukrainiens. Parmi eux, principalement des États européens comme l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Autriche, mais aussi les États-Unis ou le Costa Rica. Dernièrement, le Liechtenstein et la Slovénie ont aussi rejoint le mouvement.
«Extrêmement surprenant»
La Suisse, en revanche, a choisi de ne pas participer. Et elle n'a pas non plus l'intention de rejoindre prochainement la coalition, comme il ressort de la réponse du département des Affaires étrangères à une question de Blick. Une décision qui a soulevé l'irritation tant en Suisse qu'à l'international.
Une mise en retrait de la Suisse «extrêmement surprenante», estime le vice-président des Vert-e-s Nicolas Walder. L'Ukraine et le Canada ne comprennent pas non plus cette décision. Comme le rappelle Nicolas Walder, les représentants de ces pays ont clairement exprimé leur incompréhension face à la position suisse lors d'une récente manifestation au Palais fédéral.
«En tant qu'État dépositaire des Conventions de Genève, il serait logique que la Suisse rejoigne la coalition et travaille activement avec d'autres pays au retour des enfants enlevés», explique le conseiller national des Vert-e-s genevois. «C'est un dossier compliqué qui nécessite un échange d'informations et une étroite collaboration», poursuit l'élu du bout du Léman. «Si la Suisse reste isolée, elle ne pourra pas aider les enfants ukrainiens, alors qu'elle pourrait apporter à la coalition son expertise en matière de droit international humanitaire et son vaste réseau diplomatique.»
Les déportations sont des crimes de guerre, raison pour laquelle la Cour pénale internationale a lancé il y a un an des mandats d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine et la déléguée russe aux droits de l'enfant Marija Lvova-Belova.
La Confédération ne veut qu'observer
Mais pourquoi la Suisse ne veut-elle pas participer? Interrogé à ce sujet, le DFAE justifie sa position par les ressources limitées dont il dispose. Le Ministère accorde davantage d'importance au «travail concret, pratique et efficace sur place et avec des partenaires opérationnels qu'aux discussions au sein de la coalition». La Suisse s'engage en Ukraine pour la recherche, l'identification et le retour des personnes disparues, dont des enfants. Pour cela, elle collabore notamment avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
La Suisse participe toutefois aux réunions de la coalition en tant qu'observateur. Un rôle suffisant «pour assurer la coordination et marquer sa présence». L'attitude paraît surprenante. Contrairement à la Repo Taskforce, qui vise à traquer l'argent des oligarques et à laquelle la Suisse ne veut pas non plus participer, rien ne s'oppose politiquement à une participation dans ce cas. Le politicien des Vert-e-s Walder demande désormais une explication via une intervention.
L'ambassade ukrainienne à Berne fait savoir que l'Ukraine saluerait «sans aucun doute» une adhésion de la Suisse. Il est «extrêmement important» d'intensifier les efforts communs pour retrouver les enfants enlevés et les ramener chez eux.