130'000 francs par an à vie
Liz Truss touchera un joli montant pour ses 44 jours au pouvoir

Liz Truss a été Première ministre de la Grande-Bretagne pendant six semaines. Jeudi, après seulement 44 jours au pouvoir, elle a annoncé sa démission. Quel bilan tirer de son (très) court mandat? Spoiler: son passage à la tête du pays a tout d'une satire.
Publié: 23.10.2022 à 20:33 heures
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Après avoir été élue à la tête du Parti conservateur, Liz Truss a été nommée Premier ministre le 6 septembre 2022.
Photo: DUKAS
Mark C. O'Flaherty

La politique britannique de ces dernières semaines a tout d'une satire. Sauf qu'au lieu d'être une mise en scène, il s'agit bel et bien de la réalité.

Quelques jours avant sa démission, Liz Truss a livré un moment parodique en postant sur son compte Instagram une vidéo dans laquelle elle sort du 10 Downing Street et s’en va, le tout sur un fond de hip-hop trash. En guise de légende sous la vidéo, elle a écrit: «Nous faisons bouger la Grande-Bretagne.»

Liz Truss est un faisceau de contradictions. Elle voulait devenir Première ministre alors qu’il était prévisible qu’elle n'arriverait pas à tenir ses promesses de campagne et qu'elle serait incapable de répondre aux besoins de la population britannique en ces temps de crise.

Partisane de l’UE, elle pensait que le Brexit était une excellente idée pour des raisons de carrière. Étudiante, elle soutenait activement les libéraux-démocrates (parti britannique du centre) avant de brusquement virer à droite après avoir obtenu son diplôme. Dans les années 1980, elle a participé à des marches de protestation contre le gouvernement de Margaret Thatcher, mais cette année, elle a adopté le même genre de politiques et la même attitude que la Dame de fer.

Liz Truss perd contre une salade

Lorsqu'il est devenu évident que Liz Truss allait conduire l'économie britannique droit dans le mur et que le ministre des Finances, Kami-Kwasi Kwarteng, allait être renvoyé, le «Daily Star» a publié en première page une salade à 60 pence avec une perruque, accompagnée d’une photo de la Première ministre. Parallèlement, le journal a mis en place une vidéo en live streaming montrant la salade à perruque et un portrait de Liz Truss se faisant face. Le but? Spéculer sur qui atteindrait en premier la date d'expiration: Liz Truss ou la salade. Et il n'a pas fallu attendre longtemps pour voir la salade sortir gagnante de ce duel.

Qui sera nommé Premier ministre?

«Quel est le prochain chou que nous pouvons attendre à Downing Street?», demandait le journal dans un éditorial après la démission de la Première ministre, jeudi 20 octobre en début d'après-midi.

Bonne question. Qui voudrait de ce poste? Qui a la dose de narcissisme nécessaire? Le nom de Boris Johnson, le prédécesseur de Liz Truss, circule beaucoup.

Mais le gros problème, c’est que les Tories (ndlr: nom du Parti conservateur en Grande-Bretagne) n’a plus personne pour ce poste. Il y a certes Rishi Sunak, premier député ayant obtenu les 100 parrainages nécessaires pour être candidat à l'élection, mais il est hindou et le racisme est encore répandu au sein du Parti conservateur. Quant au jeune ministre des Finances, Jeremy Hunt - qui a soutenu Liz Truss toute la semaine pour l'empêcher de démissionner - a dit qu'il ne se lancerait pas dans la course à Downing Street.

Une semaine de chaos

Le mini-budget de Liz Truss et de son ministre des Finances, Kami-Kwasi Kwarteng, était surréaliste, autodestructeur. Ensemble, les deux membres du gouvernement parlaient comme s'ils devaient sauver un pays qui était depuis trop longtemps entre de mauvaises mains. Kami-Kwasi Kwarteng décrivant un «déclin mené lentement», alors que c'est en réalité son parti qui a été à la tête du pays ces douze dernières années.

Au cours de la semaine conduisant à la démission de Liz Truss, le chaos s’est aggravé. Mercredi soir, après un vote, le Parlement a été le théâtre de scènes délirantes qui rappellent de loin la prise du Capitole à Washington – sauf que tous les participants étaient des députés élus, pas une guérilla de QAnon. On poussait, on bousculait, on criait.

Wendy Morton, la responsable de la discipline au sein du groupe conservateur, a démissionné sur le champ. Son adjoint, Craig Whittaker, a lancé à la foule rassemblée: «Je suis sacrément en colère.» Pour compléter le tout, Suella Braverman a donné sa démission du poste de ministre de l’Intérieur.

130'000 francs par an pour 44 jours au pouvoir

Enfin, il y a encore un point important dans toute cette histoire loufoque: comme tous les ex-Premiers ministres, Liz Truss a droit à une rente à vie d'un maximum de 115’000 livres britanniques – l’équivalent de 130’000 francs – par an. Un joli montant pour quelqu'un qui n'a été à la tête du pays que 44 jours.

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