1200 soldats morts chaque jour
Qu'est-ce qui se cache derrière la tactique brutale de Poutine nommée «meat assaults»?

Les troupes de Vladimir Poutine continuent d'avancer et de conquérir des territoires en Ukraine. Et leurs techniques sont impitoyables. En avantage numérique, ils envoient à la chaîne des soldats au front comme chair à canon.
Publié: 05.07.2024 à 07:04 heures
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Les Ukrainiens se battent sans relâche contre les troupes de Vladimir Poutine.
Photo: keystone-sda.ch
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Johannes Hillig et Mathilde Jaccard

L'armée russe continue d'avancer. Pas plus tard que mercredi, le ministère russe de la Défense a annoncé que ses troupes s'étaient emparées d'un quartier de la ville stratégique de Tchassiv Yar, dans la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. Les Ukrainiens tentent de résister. Mais les troupes de Vladimir Poutine attaquent par vagues. Elles ne cessent de foncer sur les Ukrainiens, en forçant les lignes de défense. Et ce, jusqu'à 12 fois par jour.

«Dans la plupart des cas, les Russes n'utilisent ces unités que pour voir où se trouvent nos installations de tir et pour épuiser constamment nos unités», explique le lieutenant-colonel ukrainien Anton Bayev à la BBC.

Des vagues détruites sans fin

Cette tactique a entraîné des pertes russes considérables depuis que Moscou a lancé sa dernière offensive il y a deux mois. En mai et juin, environ 1200 soldats russes ont été tués ou blessés... chaque jour! Dans le jargon militaire du front, les Ukrainiens appellent cette technique «meat assaults». Les soldats russes ne sont rien de plus que de la chair à canon. «Leur tâche principale consiste simplement à mener des «meat assaults» et à nous épuiser complètement», lance le lieutenant-colonel Anton Bayev.

Les attaques incessantes démoralisent les Ukrainiens. «Nos hommes sont sur les positions et se battent, et quand quatre ou cinq vagues d'ennemis vous arrivent dessus dans la même journée et que vous devez les détruire sans fin, c'est très difficile. Pas seulement physiquement, mais aussi psychologiquement.» Cet acharnement démontre que la Russie tire le meilleur parti de son principal avantage: le nombre de soldats. 

Tout le monde y passe

Le capitaine Ivan Sekach de la 110e brigade ukrainienne en a également fait l'expérience. Envoyés à la chaîne, les Russes courent en direction de la mort et exploitent pleinement leur avantage numérique. Pour assurer le ravitaillement, la Russie envoie désormais au front des hommes inexpérimentés et d'anciens détenus. Elle paie grassement certains soldats pour les motiver à aller sur le front. Encore pire, l'armée du Kremlin renvoie des blessés aux combats. 

L'Ukraine, en revanche, ne peut pas suivre. Le pays est bien plus petit que la Russie et tente de résister aux vagues d'attaques avec le peu de moyens et de forces dont l'armée dispose. Mais petit à petit, les troupes de Vladimir Poutine parviennent à conquérir des territoires.

Ils avancent «centimètre par centimètre»

«Malheureusement, il y a beaucoup de Russes. Et ils essaient de mener cette opération roulante centimètre par centimètre, 100 mètres par jour, 200 mètres par jour. Et malheureusement, ils y parviennent», explique Ivan Stupak, un ancien officier des services de sécurité. C'est pourquoi il faut d'urgence un soutien supplémentaire de l'Occident. Des armes et des munitions pour faire face à la supériorité russe.

Oleksandr Merezhko, président de la commission des affaires étrangères du Parlement ukrainien, surenchérit à la BBC. «Si nous devons nous battre les mains liées dans le dos, nous ne ferons que saigner à blanc. C’est pourquoi il est crucial d’être autorisé à utiliser des missiles à longue portée sur le territoire russe, et nous avons déjà obtenu des résultats!»

Malgré tout, les Ukrainiens n'abandonnent pas. Même si pour Ivan Stupak, «nous nous dirigeons vers une impasse». Le lieutenant-colonel Anton Bayev est inquiet: «Nous avons besoin de tout, et il y a toujours un manque de tout.» Mais il veut rester positif: «Les gars tiennent bon. Nous tenons tous le coup. C'est difficile, mais tout le monde sait quel est le prix à payer et pourquoi on fait tout ça.»

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