«Ça suffit maintenant! Arrête d’aboyer! Silence!», s’exclame le propriétaire d’un chien lorsque quelqu’un sonne à la porte. Le chien s’élance en direction de l’entrée en aboyant frénétiquement. A cause du bruit, impossible d’entendre ce que le facteur veut dire.
Ce scénario est très courant. Lorsqu’un chien aboie incessamment, son maître va souvent tenter de le faire taire en élevant le volume de sa voix, voire en employant un ton agressif. Cela ne va pas arrêter l’animal. Au contraire, il va se mettre encore davantage en alerte, pensant que son maître est menacé.
Les hommes parlent, les chiens aboient
L’aboiement est un comportement normal chez le chien et reflète son état émotionnel. Mais il peut devenir problématique lorsqu’il devient excessif. Les comportementalistes ont découvert que les chiens ont développé l’aboiement comme moyen de communication avec nous les humains.
Des expériences effectuées avec des enfants à partir de six ans ont révélé qu’ils pouvaient comprendre les émotions relayées par des aboiements enregistrés. Même résultat avec des personnes nées malvoyantes. Par ailleurs, les chiens qui vivent avec des humains aboient bien plus fréquemment que les chiens errants et sauvages.
La sonorité des aboiements change selon l’état émotionnel des chiens. Par exemple, les sons émis par des animaux isolés sont plus aigus que ceux des chiens qui aboient parce que quelqu’un sonne à la porte. Chaque race a sa propre façon de s’exprimer.
Entre danger et peur
Lorsque notre compagnon à quatre pattes est laissé seul et qu’il ne parvient pas à le supporter, il appelle une compagnie familière. Cet appel est très fréquent, monotone et continu. Il peut aussi se transformer en hurlement. En cas de danger, les chiens appellent à l’aide. L’avertissement est bref et aigu. En cas d’anticipation ou de joie, les aboiements se succèdent rapidement en série.
Lorsque les chiens sont dépassés par certains éléments dans leur environnement ou leur quotidien, ils subissent un stress chronique qui peut se traduire par des aboiements excités. Les aboiements de peur, eux, sont faciles à discerner: l’anxiété s’entend dans les vocalises de l’animal.
Vigilant et tenace
Si l’on choisit une race qui possède certaines caractéristiques génétiques particulières, comme par exemple la vigilance, la territorialité, une grande excitabilité, la ténacité ou encore l’indépendance, il faut s’attendre à ce que les aboiements fassent partie de la vie quotidienne.
Les animaux qui se retrouvent soudain dans un monde qui leur est inconnu peuvent, au début, paraître très réservés et stoïques. De nouvelles impressions, une stimulation constante, le manque de libertés, des bruits et un langage inconnus ou de mauvaises expériences peuvent être à la source d’aboiements excessifs chez les chiens adoptés.
Les aboiements peuvent également témoigner d’un problème de santé. De nombreux chiens souffrent de troubles génétiques de la vue ou de l’ouïe sans que le propriétaire ne le remarque immédiatement. Lorsque l’animal est confronté à un objet ou à un son qu’il ne parvient pas à discerner, il peut aboyer d’effroi. Ce problème peut également apparaître avec l’âge: un chien malentendant pourrait aboyer plus fort ou de manière plus stridente s’il ne s’entend plus.
Le poids de la génétique
Les aboiements font partie intégrante de la communication des chiens, tout comme les miaulements des chats, les hennissements des chevaux et les meuglements des vaches. La plupart du temps, les chiens ne communiquent pas entre eux en aboyant. Cette forme d’expression vient de la volonté de communiquer quelque chose à un humain.
Génétiquement, certaines races ont été sélectionnées pour des tâches précises qui requéraient l’aboiement. Par exemple, les beagles étaient utilisés pour la chasse à courre: la meute devait pouvoir aboyer sur commande. D’autres races servaient de gardien dans des fermes et devaient signaler la présence d’étrangers. Si l’environnement de l’humain a évolué, les caractéristiques génétiques de nombreuses races ne l’ont pas. Ces chiens continueront donc à effectuer ce pour quoi ils ont été élevés par nos ancêtres, c’est-à-dire aboyer.
Peur et insécurité
Il est important de bien connaître son chien. Chaque son qu’il émet a une signification propre. Les propriétaires apprennent à reconnaître ce que le chien veut dire. Ils doivent également expliquer à leurs proches que les vocalises de l’animal ne sont pas un signe d’agression.
Souvent, derrière les aboiements se cache la peur ou l’insécurité. Cette peur ne doit pas être ignorée ni punie. Nous devons offrir notre aide et instaurer un sentiment de confiance avec le chien. Cela signifie que si nous voulons que le chien cesse d’aboyer, il faut le lui dire gentiment. Ce sera bien plus efficace.
Ingrid Blum est éducatrice canine, conseillère en psychologie animale diplômée et spécialisée dans le langage et le comportement canins. Elle a sa propre école.