Voici comment l'éviter
Vous vous sentez épuisé? Attention, le mois de janvier est plutôt propice au burnout

Vous aussi, vous avez l'impression que tout le monde est éreinté, en ce début d'année? D'après deux spécialistes, ce n'est pas un hasard. Voici comment retrouver votre énergie.
Publié: 26.01.2025 à 21:12 heures
Le processus du burnout s'installe dans la durée et ne débarque pas d'un mois à l'autre... mais janvier peut quand même donner l'impression que «tout le monde va mal».
Photo: Shutterstock
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

Janvier, avec sa météo glaciale, son manque absurde de pain d'épices et ses rues parsemées de guirlandes éteintes, est presque aussi gris et mal-aimé que le mois de novembre. Le printemps paraît incroyablement loin, mais les dernières effluves de Noël semblent s'être évanouies depuis des lustres: c'est une sorte de désert verglacé, aussi sombre que fatigant. 

On se plaint d'ailleurs du «blues» de janvier, du «Blue Monday» et même du «winter burnout», pour caractériser l'impact physique et émotionnel du manque de lumière.

Sauf que la situation peut largement dépasser le simple «coup de mou» hivernal. Et bien qu'aucune étude ne le démontre clairement, le mois de janvier serait plutôt propice à l'épuisement. 

«Le risque de burnout n’est pas associé à un mois en particulier, puisqu’il s’agit d’un long processus qui s’enracine sur plusieurs mois, rappelle Nadia Droz, psychologue FSP spécialisée en santé au travail. Par contre, on peut effectivement avoir l’impression que ‘tout le monde va mal’, en ce moment.»

Noël n'a pas réellement rechargé nos batteries

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette fatigue générale. Pour commencer, les vacances de Noël apparaissent souvent comme un îlot de tranquillité salvateur, vers lequel on nage désespérément, en se promettant de tenir bon. Et à l'arrivée, on espère découvrir un transat équipé d'un cocktail frais, dans un silence total... 

«En fin d’année, les gens sont fatigués, mais comptent sur les Fêtes et les vacances pour s’en remettre, poursuit notre experte. On attend Noël, on se dit que tout ira mieux après, qu’on pourra commencer un nouveau chapitre en janvier. Mais une fois que la nouvelle année démarre, on constate que ça ne va toujours pas.»

On prend conscience de notre fatigue

Notre intervenante constate également que cette période coïncide avec des prises de résolutions, poussant de nombreuses personnes à prendre du recul pour évaluer leur bien-être: «Il me semble donc que janvier est un mois propice aux prises de conscience et éventuellement à la réalisation que le burnout menace.» Voilà pourquoi les arrêts maladie ou les «craquages» peuvent survenir à ce moment-là. 

Jacqueline Chorand, psychologue clinicienne et consultante RH, ajoute par ailleurs que les vacances de Noël sont souvent incroyablement chargées émotionnellement et pas réellement reposantes: «Globalement, le contexte n’est pas simple et ne nous permet pas de récupérer psychiquement ou physiquement. C’est souvent à la reprise de janvier qu’on se rend compte à quel point on était – et à quel point on est toujours – épuisé. On ressent les mêmes problèmes et la même fatigue qu’on pensait avoir laissés en décembre.»

Guetter les premiers signes du burnout

La désillusion est donc désolante: on pensait démarrer sur les chapeaux de roue, avec un aplomb admirable, alors qu'on clopine en bâillant. Sans oublier d'éventuels nouveaux objectifs professionnels fixés lors des entretiens de fin d'année, ou la pression de «reprendre en pleine forme» pour les atteindre. 

Mais cette fatigue présage-t-elle un véritable burnout? «On observe d'abord une phase de stress chronique, un processus d’épuisement, puis un basculement et un effondrement, qui correspond au réel burnout», explique Nadia Droz.

Voilà pourquoi il est essentiel de connaître et de repérer les premiers signaux pouvant annoncer ce processus. Avant ce qu'elle appelle la véritable «aggravation», Jacqueline Chorand, autrice de «Guide DRH» aux éditions WEKA, souligne notamment l’impression systématique de commencer la semaine fatigué, une baisse de concentration, des ruminations, une irritabilité, une isolation sociale…

«On fait notre travail de manière automatique, sans plaisir, en n’attendant que le weekend ou les vacances arrivent pour pouvoir ‘lâcher’, précise-t-elle. Lorsqu’on se reconnaît dans ces signaux, il est essentiel de parler et prendre conscience de ses difficultés, de prendre du repos, de se déconnecter du travail et reprendre une activité physique…»

Agir avant qu'il ne soit trop tard

Nos deux intervenantes sont formelles: plus on le débusque tôt, plus le processus est facile à endiguer. D'ailleurs, ce fameux basculement ou «aggravation» ne se manifeste pas toujours par une incapacité à quitter son lit, malgré ce qu'on peut penser: «Ces cas existent, mais ils sont vraiment dramatiques, pointe Nadia Droz. Certaines personnes arrivent jusqu’à leur bureau, se mettent à pleurer et doivent rebrousser chemin, par exemple.»

Heureusement, avant d'atteindre ce point, on dispose quand même d'un peu de temps: «La dégradation survient lorsque l’épuisement dure depuis plusieurs mois, ajoute Jacqueline Chorand. De manière empirique, j'observe que le burnout arrive souvent lorsqu’on a supporté une situation nocive pendant un an.»

Voici quelques pistes pour éviter d'en arriver à ce point de bascule: 

1

Se poser les bonnes questions

Notre intervenante conseille en premier lieu de se poser les bonnes questions suffisamment tôt: Ai-je trop travaillé? Ai-je vécu un entretien annuel conflictuel avec mon chef? Suis-je en manque de reconnaissance? Suis-je en surcharge de travail? Ai-je un sommeil difficile? Ai-je trop négligé mes loisirs?

«Cela permettra d’évaluer s’il s’agit d’un simple coup de fatigue de janvier ou si quelque chose s’est enraciné et envenimera le long terme, affirme-t-elle. Si, en février, on fait encore face à une fatigue chronique, sans parvenir à récupérer durant le weekend, il faut absolument demander de l’aide pour arrêter ce processus.»

2

Augmenter nos ressources

Lorsqu'on doit se rendre à l'évidence que notre taux de stress et de fatigue devient problématique, Nadia Droz recommande de mettre l'accent sur les activités qui nous ressourcent, soit «tout ce qui nous fait du bien». 

«Car, au final, on retrouve toujours le même cercle vicieux, déplore-t-elle. Face au stress, plutôt que de se détendre davantage, on travaille plus, ce qui augmente le stress... Alors que c’est l’inverse qu’il faut faire!»

3

Parler de notre surcharge de travail

Si notre situation professionnelle le permet, la psychologue suggère également d'oser signaler notre fatigue auprès de nos supérieurs hiérarchiques: «Car, souvent, on sait très bien ce qui nous pèse et ce qu’on aurait besoin de modifier pour se sentir moins submergé», souligne-t-elle. 

Pour Nadia Droz, il n'y a aucun intérêt à se pousser à bout jusqu'à atteindre le réel burnout: «C'est beaucoup plus simple de faire des aménagements dans le quotidien, de retourner au sport, de diminuer les sources de stress sur lesquelles on a une prise, plutôt que de guérir un véritable burnout. Mais cela demande de prendre le phénomène au sérieux, de se poser les bonnes questions et de prendre du recul, même si l’épuisement rend cela très difficile.» 

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