Une nouvelle étude s'est intéressée au temps que les enfants passent dehors. L'institut de sondage Link, mandaté par la marque de vêtements de plein air pour enfants Namuk, a voulu connaître le sentiment de 1000 parents d'enfants de moins de 15 ans dans toute la Suisse: combien de temps leur progéniture passe-t-elle à l'extérieur?
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Principal enseignement: deux tiers des parents indiquent qu'ils ont eux-mêmes passé plus de temps à l'air libre que leurs propres enfants lorsqu'ils avaient leur âge. Selon les parents, les principales raisons sont l'augmentation du temps passé devant les écrans, le mauvais temps et le manque de sécurité. Blick s'est entretenu avec des spécialistes des sciences de l'éducation et une pédagogue de la nature pour comprendre ces résultats.
Les parents sont-ils honnêtes?
Commençons par le positif. Selon l'étude, les enfants passent en moyenne entre une heure et demie et deux heures dehors par jour en Suisse. «Ce chiffre est très bon», déclare Andrea Lanfranchi, professeur émérite à la Haute école intercantonale de pédagogie curative. D'un point de vue scientifique, il est évident qu'être dehors est très important pour les enfants. «Les activités en plein air renforcent aussi bien le corps que le psychisme», développe le spécialiste. Jouer et bouger à l'extérieur stimule non seulement la motricité, mais aussi les compétences sociales et la confiance en soi. Par temps froid, le système immunitaire est par ailleurs renforcé.
Mais les parents sont-ils vraiment honnêtes lorsqu'il s'agit d'indiquer les activités de plein air de leur progéniture? Dans l'étude, une tendance se dégage: les parents estiment à chaque fois que leurs propres enfants sont plus souvent dehors (128 minutes) que les autres (90 minutes). Cela pourrait traduire une sorte de mauvaise conscience: les parents voudraient en réalité que leurs enfants soient plus souvent dehors et les pousseraient ainsi à sortir en les accompagnant.
Il faut dire que les parents sont les premiers à connaître les bienfaits du plein air. Ils indiquent par eux-mêmes que les enfants qui passent beaucoup de temps dehors sont plus résistants, dorment mieux, passent moins de temps devant l'écran et sont plus satisfaits. Ils savent également que leur engagement et leur rôle de modèle ont une influence essentielle sur le temps passé dehors par leurs enfants. C'est surtout la mise en pratique qui pose problème.
Plus on est riche, moins on est dehors
Selon l'étude, les enfants dont les parents ont un revenu et un niveau d'éducation plus élevés sont moins souvent dehors. Margrit Stamm, spécialiste en sciences de l'éducation, explique: «Les parents les plus aisés s'inquiètent que le bagage éducatif de leur progéniture soit bien rempli. C'est pourquoi ils envoient leurs enfants à des cours d'appui, de musique et de sport pour un montant assez élevé.» Logiquement, il reste alors moins de temps pour jouer dehors avec d'autres personnes.
La spécialiste attribue par ailleurs le recul du temps passé en plein air à des raisons sociales: «La surface sur laquelle les enfants peuvent bouger librement a massivement diminué depuis les années 1970. Il y a moins de possibilités de jeu, plus de restrictions et d'interdictions.» L'étude démontre bien que, dans notre société, il existe une culture de la peur, de l'inquiétude et de la sécurité, qui a des répercussions sur les parents et le jeu à l'extérieur.
Andrea Lanfranchi se souvient quant à lui de son enfance dans le Val Poschiavo. La porte de son appartement était généralement ouverte, et quand il était enfant, il n'avait même pas de clé. Aujourd'hui, les jeunes enfants ne peuvent souvent pas atteindre par eux-mêmes la poignée de la porte d'entrée ou la sortie d'un immeuble.
Sans instructions, sans directives
De plus, jouer dehors est fréquemment considéré comme une perte de temps. Pourtant, il est extrêmement important pour les enfants de jouer librement dehors. C'est l'avis de Nadja Hillgruber. Cette dernière coordonne depuis 16 ans des groupes de jeux en forêt pour la coopérative Feuervogel.
Le groupe de jeu Dusse Verusse, par exemple, se répartit sur sept sites et doit dresser des listes d'attente. La pédagogue de la nature plaide pour un temps sans stimulation ni animation, sans compétition. Elle donne le conseil suivant aux parents: «Donnez à l'enfant le temps d'explorer la nature par lui-même et ne le remplissez pas de connaissances. Car c'est ainsi que vous bloquez sa curiosité.»
Le psychologue Andrea Lanfranchi estime qu'il serait également optimal que les enfants ne soient pas constamment assaillis par les parents et les pédagogues à l'extérieur, mais qu'ils puissent aussi entreprendre quelque chose entre eux. Margrit Stamm abonde: «Si les enfants ne peuvent pas jouer dehors sans planification et rencontrer librement d'autres enfants, ce n'est pas adapté à leur développement.»