Une pile de cahiers, un chargeur d’iPhone, un sachet de fraises tagada et une bonne dose d’écoanxiété: voilà la recette permettant d’obtenir un concentré d’angoisse pré-adolescente. À l’aube du mois de février, le marathon qui sépare nos enfants des vacances d’été démarre à peine, promettant des soirées de révisions et autres répétitions de voc d’allemand.
Hormis la déclinaison de «schwimmen», d’autres facteurs de stress s’immiscent de manière pernicieuse dans le quotidien de nos enfants. En 2021, une étude réalisée avant la pandémie par Pro Juventute soulignait que 32,6% des jeunes suisses, dont une majorité de filles et d’écoliers romands, souffrent d’un taux de stress élevé. Et qui pourrait leur en vouloir? En plus des devoirs d’algèbre, le poids d’un futur incertain s’abat sur leurs épaules comme une pointe de tipp-ex sur une fiche de maths.
Les jeunes peinent à se projeter dans l’avenir
«Nous constatons que les enfants, mais encore plus les adolescents, ont des difficultés à se projeter dans le futur, confirme Sandie Ackermann, psychologue et psychothérapeute FSP. La question de “comment vous voyez-vous dans 10 ans” se retrouve souvent avec une réponse floue ou inexistante.» En effet, notre experte identifie les changements climatiques, les guerres et l’inflation comme étant de grandes sources d’angoisse pour les jeunes.
Sans oublier le stress social que peuvent susciter les réseaux sociaux, qui favorisent la critique et le harcèlement: «Les jeunes se retrouvent de plus en plus mis à distance de l’autre, déplore la psychologue. La confrontation avec les pairs est plus difficile, les conflits sont plus souvent évités, notamment avec des adolescents qui peinent à tenir la scolarité obligatoire par exemple.» Pour Sandie Ackermann, la question de la scolarité est révélatrice, sachant qu’une partie des jeunes est moins motivée à fournir des efforts à l’école, en raison de cet avenir incertain.
Comment savoir si mon enfant est stressé?
Pour s’assurer que nos ados se portent bien, il convient simplement d’observer leur comportement: ainsi que le rappelle Laurence Bagnoud-Roth, psychologue et psychothérapeute, co-fondatrice du centre de consultations Therapea, ce sont les changements inexpliqués qui doivent nous alerter: «L’enfant est-il plus agressif, plus énervé? Dort-il moins, se sent-il plus fatigué ou se lasse-t-il des activités qui lui plaisent d’habitude? Il s’agit de mener l’enquête, de manière diplomatique et douce, afin de découvrir ce qu’il se passe, s’il s’agit d’un chagrin d’amour, de problèmes à l’école ou autre.»
Si vous croyez reconnaître ces signes, voici 6 outils essentiels pour aider les adolescents à voguer sur les tempêtes de leurs jeunes vies.
Identifier la source du stress
En tout premier lieu, notre experte recommande de questionner l’origine de ces émotions désagréables: «Sont-elles liées à du stress social? À des difficultés scolaires? À un excès d’activités extrascolaires ou de pression? Une fois qu’on a identifié la source du problème, il convient d’exclure les difficultés d’apprentissage et les phénomènes de harcèlement, sans hésiter à en parler avec les enseignants ou des professionnels.»
Laurence Bagnoud-Roth constate en effet que l’école primaire n'exige généralement pas des charges de travail trop lourdes: «Si les tâches semblent s’entasser, il faudrait enquêter, car cela peut indiquer des difficultés scolaires. C’est généralement dès l’école secondaire, lorsque la pression monte crescendo, qu’on décèle les troubles liés aux apprentissages, hormis la dyslexie qui se détecte plus tôt.»
Évaluer leur emploi du temps
Ainsi que le rappelle la spécialiste, un jeune enfant doit disposer de temps pour jouer, développer sa créativité et s’ennuyer, car c’est ainsi qu’il façonne son monde intérieur. Or, un programme hebdomadaire débordant d’activités extrascolaires risque de refermer les portes de cet univers imaginaire en augmentant le stress du monde réel:
«Il arrive que les parents mettent beaucoup de pression à leurs enfants, de manière tout à fait inconsciente, dans le but de les pousser à réaliser leurs rêves ou par simple projection de leurs propres objectifs», constate Laurence Bagnoud-Roth. Cela peut mener à un emploi du temps rempli d’activités qui ne laisse plus aucun espace à l’insouciance et favorise l’angoisse.
Le harcèlement scolaire est une épreuve terrible pour toutes les personnes concernées, dont les parents. Il est donc essentiel de s'entourer de conseils et de soutien, afin d'apaiser la situation au plus vite: «Face à ce phénomène, les parents peuvent mettre en place différentes stratégies, en échangeant avec des enseignants ou d’autres familles d’élèves, note le thérapeute de famille Jon Schmidt. Le réseau joue un rôle très important, car il permet de fluidifier la communication et de se sentir sécurisé par un cadre plus contenant. L’un des outils principaux pour résoudre ce type de cas est la médiation: en effet, lorsque les parents tentent de gérer la situation entre eux, cela ne fonctionne pas toujours.»
De nombreuses ressources sont disponibles aujourd'hui, au niveau cantonal comme au sein des établissements eux-mêmes. Les différents centres LAVI se tiennent notamment au service de personnes victimes d'infractions, tandis que les jeunes peuvent s'adresser aux plateformes d'aide Ciao.ch et 143.
- Le Département de l'instruction publique de Genève met à disposition des contacts et instructions pour les parents et les élèves.
- Le canton de Vaud partage des études et diverses ressources, soulignant notamment l'efficacité de la méthode de la préoccupation partagée (MPP), une approche «non-blâmante» destinée à «minimiser les risques de stigmatisation et de représailles», permettant de «briser l'effet de groupe par de brefs entretiens individuels avec les autres élèves et de faire en sorte que la situation de souffrance cesse pour l'élève-cible.»
- Le canton de Neuchâtel a mis en place diverses campagnes de sensibilisation et programmes de prévention dédiés à la lutte contre le harcèlement scolaire. Le Centre d'accompagnement et de prévention pour les professionnels des établissements scolaires (CAPPES) joue également un rôle central.
- Du côté de Fribourg, des instructions et redirections vers le centre cantonal LAVI et la brigade des mineurs de la police cantonale sont à disposition sur le site du canton.
- Promotion santé Valais a réalisé une large étude en 2019, dont les résultats sont disponibles en ligne. Vous y trouverez aussi des ressources axées sur le cyberharcèlement.
- Un dispositif de prévention, des contacts utiles ainsi qu'un plan d'action pour les élèves et leur entourage peut être consulté sur le site du canton du Jura.
- Le canton de Berne a dédié un flyer (en langue allemande) à cette question et redirige les personnes concernées vers le Service psychologique pour enfants et adolescents.
Le harcèlement scolaire est une épreuve terrible pour toutes les personnes concernées, dont les parents. Il est donc essentiel de s'entourer de conseils et de soutien, afin d'apaiser la situation au plus vite: «Face à ce phénomène, les parents peuvent mettre en place différentes stratégies, en échangeant avec des enseignants ou d’autres familles d’élèves, note le thérapeute de famille Jon Schmidt. Le réseau joue un rôle très important, car il permet de fluidifier la communication et de se sentir sécurisé par un cadre plus contenant. L’un des outils principaux pour résoudre ce type de cas est la médiation: en effet, lorsque les parents tentent de gérer la situation entre eux, cela ne fonctionne pas toujours.»
De nombreuses ressources sont disponibles aujourd'hui, au niveau cantonal comme au sein des établissements eux-mêmes. Les différents centres LAVI se tiennent notamment au service de personnes victimes d'infractions, tandis que les jeunes peuvent s'adresser aux plateformes d'aide Ciao.ch et 143.
- Le Département de l'instruction publique de Genève met à disposition des contacts et instructions pour les parents et les élèves.
- Le canton de Vaud partage des études et diverses ressources, soulignant notamment l'efficacité de la méthode de la préoccupation partagée (MPP), une approche «non-blâmante» destinée à «minimiser les risques de stigmatisation et de représailles», permettant de «briser l'effet de groupe par de brefs entretiens individuels avec les autres élèves et de faire en sorte que la situation de souffrance cesse pour l'élève-cible.»
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- Du côté de Fribourg, des instructions et redirections vers le centre cantonal LAVI et la brigade des mineurs de la police cantonale sont à disposition sur le site du canton.
- Promotion santé Valais a réalisé une large étude en 2019, dont les résultats sont disponibles en ligne. Vous y trouverez aussi des ressources axées sur le cyberharcèlement.
- Un dispositif de prévention, des contacts utiles ainsi qu'un plan d'action pour les élèves et leur entourage peut être consulté sur le site du canton du Jura.
- Le canton de Berne a dédié un flyer (en langue allemande) à cette question et redirige les personnes concernées vers le Service psychologique pour enfants et adolescents.
Faciliter les discussions
Dès que la source du stress paraît plus claire, il convient d’ouvrir le dialogue: «Lorsqu’on a décelé la souffrance, une partie du chemin est déjà faite, encourage notre experte. On peut alors commencer par aider l’enfant à poser des mots sur ces émotions, dont il n’a peut-être pas conscience lui-même. Il peut être utile d’émettre des hypothèses (“J’ai l’impression que tu vis ceci, c’est juste?”), d’évoquer une personne externe qui vit une situation similaire, ou de proposer des buts de phrases, pour l’encourager à se confier.»
La psychologue conseille ensuite de discuter tranquillement avec l’enfant, afin de rechercher ensemble des pistes susceptibles de l’aider: a-t-il besoin d’un répétiteur? A-t-il mal interprété des paroles prononcées par les adultes et qu’il aurait prises très personnellement?
Questionner notre propre rapport au stress
En effet, il arrive que la pression vienne des enfants eux-mêmes: «Selon les tempéraments, certains enfants craignent de décevoir leurs parents et se sentent coupables, indique la psychologue. En effet, les adultes peuvent inconsciemment transmettre leurs angoisses, même au travers de paroles hors contexte que l’enfant interprète de manière incorrecte.»
L’idée n’est absolument pas de culpabiliser les parents, puisque ce phénomène se déroule généralement de manière inconsciente, dans un objectif bienveillant. L’essentiel est d’en avoir conscience: «En tant que parent, on peut questionner notre propre stress, la pression qu’on s’inflige ou qu’on peut communiquer aux enfants, propose Laurence Bagnoud-Roth. N’oublions pas que nous vivons dans un contexte de plus en plus exigeant, avec une sécurité d’emploi qui s’effrite. En voyant leurs parents inquiets, les jeunes risquent automatiquement de s’inquiéter aussi.»
Les aider à envisager leur avenir
Si l’anxiété de nos ados est nourrie par des craintes liées au futur, Sandie Ackermann suggère de les aider à développer leur esprit critique, afin de les aider à nuancer les idées reçues et à se sentir plus acteurs de ce qui se passe autour d’eux: «Certes, ils peuvent se sentir découragés et impuissants, mais nous connaissons aussi la force des multitudes de changements individuels. Garder et valoriser ses valeurs est primordial pour insérer du sens dans sa vie et dans les choses que nous faisons au quotidien.»
La psychologue pointe aussi l’importance de rappeler aux jeunes qu’ils ne sont pas obligés de souffrir seuls, quelles que soient les difficultés vécues: «Dans chaque structure, il y a des professionnels susceptibles de trouver des solutions pour sortir de situations difficiles. Il est bien de les encourager à solliciter des personnes adéquates afin qu’ils puissent prendre une place dans un conflit par exemple, plutôt que rejeter celui-ci.»
Proposer des exercices de respiration
Comme les adultes, les jeunes peuvent également bénéficier de certains outils pour gérer l’anxiété, dont le journaling et les exercices de sophrologie.
Parmi ces derniers, on cite souvent la respiration abdominale, notamment conseillée par le Service national de santé britannique (NHS) et validée par la prestigieuse université américaine d’Harvard: il suffit de respirer tranquillement (sur environ 4 ou 5 temps) en gonflant le ventre, puis d’expirer par la bouche comme si on soufflait dans une paille.