Selon une étude britannique surprenante
«Les soucis de santé des carlins les font sortir de la classification des chiens»

Le problème est connu, mais une étude britannique vient le confirmer: les carlins souffrent de nombreux problèmes physiques. Au point que certains experts estiment qu'en termes de santé, il ne s'agit plus de chiens à proprement parler.
Publié: 19.05.2022 à 17:54 heures
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Dernière mise à jour: 19.05.2022 à 19:16 heures
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Qu'il est mignon... Pourtant, les carlins souffrent de nombreuses complications de santé, notamment respiratoires.
Photo: Getty Images/Cultura RF
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Alexandre Cudré

Connaissez-vous les carlins? Si non, vous n’avez certainement aucun intérêt pour les chiens et préférez vous prélasser chez vous à côté de vos chats (comme moi). Si oui, vous savez évidemment à quoi ils ressemblent: ils sont connus pour leurs petites bouilles affreusement mignonnes, avec de grands yeux noirs, des rides toutes choupinou et un visage plat irrésistible. (Personnellement, je trouve qu’ils ressemblent à des choux-fleurs poilus avec une langue qui dépasse.)

Selon une perspective purement typologique, cependant, les carlins ne seraient plus des chiens. «Ils ne peuvent plus être considérés comme tels selon une perspective de santé», indique la BBC, qui cite une étude du Royal Veterinary College. Celle-ci a comparé la santé de plus de 4300 carlins et de près de 22’000 autres chiens, en vient à cette conclusion sans équivoque.

Davantage de complications de santé

En effet, ces chiens ont deux fois plus de risques de subir des problèmes de santé que les autres chiens, indique la BBC. La raison de ces complications? Les croisements effectués sur plusieurs générations pour les rendre plus mignons, c’est-à-dire avec une petite tête ronde, un visage plat et de grands yeux.

Problème: si ces caractéristiques en font de parfaits compagnons avec lesquels se promener, elles provoquent de la souffrance animale. S’imaginer que ces chiens sont souriants en tirant la langue est une image «joyeuse» mais fausse que les gens se font, estime le Dr Myfanwy Hill, vétérinaire à l’Université de Cambridge.

«Ce n’est pas une surprise»

Les résultats de cette étude «ne sont pas une surprise», explique Myfanwy Hill. «Ces chiens ont un plus petit crâne, mais le reste de leur corps est resté de la même taille. Les cerveaux sont compressés dans une boîte crânienne trop étroite, et certains autres tissus sont également sous pression.»

Cela provoque aux carlins des problèmes cutanés, respiratoires et dorsaux. L’aspect respiratoire est particulièrement prononcé: les petits dogues ont ainsi près de 54 fois plus de risques que les autres chiens de développer un «symptôme brachycéphale», qui provoque une obstruction respiratoire. Ils ont notamment plus de difficultés à respirer en été, à cause de la chaleur.

En cause, des narines trop étroites qui rendent leur respiration nasale difficile. «Ils sont obligés de respirer avec la bouche car ils ne peuvent pas le faire efficacement par le nez», explique Myfanwy Hill. «C’est comme s’ils devaient respirer à travers une paille étroite», décrit-elle métaphoriquement. Tout ça pour qu’ils aient de petites truffes mignonnes.

Problèmes de peau et de dos

Quant aux problèmes de peau, la raison semble loufoque, mais il ne faut pas se tromper. «Ils ont plus de peau que ne leur permet la surface de leur visage», explique Myfanwy Hill.

La dernière partie mignonne de ces chiens qui leur pose problème? Leur petite queue recourbée, qui peut provoquer des soucis de disques vertébraux. «Il s’agit en fait d’une malformation vertébrale», indique la vétérinaire cambridgienne.

Il faut aussi s’assurer que ces chiens ne se retrouvent pas en surpoids, ce qui amplifierait encore leurs troubles médicaux. Toutefois, d’autres conditions médicales sont réduites chez ces chiens, comme les souffles au cœur.

La santé avant tout

Selon Dan O’Neill, professeur et épidémiologiste animal, auteur de l’article, «la santé de nos amis canins devrait l’emporter sur le désir de disposer d’un chien mignon». Et pour les carlins, ce désir est bien réel puisque le nombre de ces toutous enregistrés auprès de la Fédération britannique des clubs canins a été multiplié par cinq entre 2005 et 2017.

«Nous continuerons à recommander aux propriétaires de ne pas acheter des chiens issus de race brachycéphale comme les carlins», a pour sa part déclaré Justine Shotton, de l’Association vétérinaire britannique. Le Dr Myfanwy Hill, elle, invoque le droit des propriétaires de pouvoir continuer à acheter des chiens en toute bonne foi et appelle à ne pas réprimander les maîtres.

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