La science a maintes fois étudié les causes, les symptômes et les remèdes de la dépression. Elle est arrivée à une conclusion à la fois fascinante et inquiétante: environ 50% du risque encouru est lié à des facteurs d’hérédité.
Autrement dit, les gènes jouent un rôle, tout comme l’environnement familial – pour grossir le trait, une personne qui évolue dans une famille avec de nombreux cas de dépression aura plus de risque d’en souffrir.
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Mais une nouvelle étude menée par les Universités de Cambridge et Fudan, en Chine, a décidé de prendre le problème par un autre bout de la lorgnette. Cette fois, treize chercheurs ont examiné le lien entre le mode de vie et la dépression. En analysant les données de 290’000 britanniques, dont 13’000 dépressifs, sur neuf ans, ils ont identifié sept facteurs déterminants – sept habitudes à adopter pour diminuer les risques de dépression.
Modérer sa consommation d’alcool
On le sait, l’alcool n’est pas bon pour la santé. Il n’est pas bon non plus pour la santé mentale. Les deux sont d’ailleurs intimement liés: c’est parce que la consommation d’alcool perturbe le métabolisme et cause des lésions cérébrales que les risques de dépression sont plus grands. Dans leurs recherches, les scientifiques ont découvert qu’une consommation modérée entraînait une réduction des risques de 11%. Boire pour oublier? Ce n’est pas vraiment une bonne idée.
Adopter un régime alimentaire sain
Remplacer ce hamburger-frites qui vous fait de l'œil par des légumes n’est pas seulement bon pour vos artères. Votre cerveau aussi vous remercie. Les risques de dépression diminuent de 6% avec un régime alimentaire sain et équilibré. Le mécanisme est le même que pour l’alcool: une mauvaise alimentation dérègle le métabolisme. Mais l’explication n’est pas uniquement physiologique. «Quand on décide personnellement de faire des choix de vie sains, on agit positivement sur notre bien-être», explique la psychologue clinicienne Carla Marie Manly à «Medical News Today». «Au niveau cognitif comme émotionnel, on renforce notre sensation d’être en contrôle. Au niveau physique, on renforce celle de positivité et de puissance lorsqu’on se sent bien dans son corps. C’est un cycle vertueux qui montre que des choix de vie sains peuvent avoir des conséquences significatives sur la santé mentale.»
Avoir une activité physique régulière
Comme Blick vous l’expliquait déjà dans cet article, le sport fait du bien au corps et à la tête. Avoir une activité physique régulière diminue les risques de dépression de 14%, selon les chercheurs de Cambridge et Fudan. Les scientifiques ont par exemple analysé des prises de sang de la cohorte examinée. Ils ont notamment mesuré la quantité de protéine C réactive, une molécule produite par le corps en réaction au stress, et de triglycérides, des graisses stockées qui lui servent de carburant. Le sport permet de mieux répondre au stress et de baisser son taux de triglycérides.
Ne jamais fumer
Comme l’alcool et la mauvaise alimentation, la cigarette a des effets délétères sur le métabolisme et provoque des lésions au niveau du cerveau. Ne jamais y toucher diminue le risque de dépression de 20%. Les chercheurs ont examiné des scanners du cerveau de dizaines de milliers de participants à l’étude. Ceux avec le mode de vie le plus sain présentaient plus de neurones et de connexions synaptiques dans certaines régions, notamment le pallidum (qui participe aux fonctions motrices), le thalamus (qui régule la vigilance et le sommeil), l’amygdale (associé à la détection du plaisir, mais aussi à la peur et l’anxiété) et l’hippocampe (qui joue un rôle central dans la mémoire).
Bien dormir
C’est le facteur le plus déterminant de tous! Dormir entre sept et neuf heures par nuit permet de réduire le risque de dépression de 22%, selon les spécialistes. Un mauvais sommeil perturbe le rythme du corps, mais surtout, un bon sommeil permet au cerveau de travailler tout un tas de fonctions essentielles, comme la mémoire, et au corps d’éliminer certaines toxines responsables du déclin cognitif. Peu et/ou mal dormir, c’est se priver de ces moments de «recharge» indispensables.
Éviter la sédentarité
On appelle sédentarité toutes les attitudes qui consistent à ne pas bouger alors qu’on est réveillé, comme être en position assise ou allongée pendant la journée. Conserver cette sédentarité à un niveau «faible à modéré» conduit à réduire les risques de dépression de 13%. «Bien que notre ADN puisse augmenter ce risque, nous avons démontré qu’un style de vie sain est potentiellement plus important», souligne Barbara Sahakian, professeure au département de psychiatrie de l’Université de Cambridge.
Avoir une vie sociale
Les mauvaises langues diront qu’il est paradoxal d’encourager à la fois à dormir et renoncer à l’alcool, mais également à sortir avec ses amis. Pourtant, avoir une vie sociale est indispensable – et oui, on vous promet qu’il est possible de faire les deux. Voir fréquemment des gens diminue le risque de dépression de 18%. C’est même particulièrement efficace, soulignent les spécialistes, pour lutter contre la dépression récurrente. Tous les facteurs cités jouent d’autant plus s’ils se cumulent: les participants à l’étude ont été classés en trois groupes selon s’ils adoptaient peu de ces bonnes habitudes de vie, s’ils en adoptaient une partie ou l’intégralité. Dans le groupe des meilleurs élèves, les risques de dépression étaient réduits de 57%. Dans le groupe intermédiaire, une baisse de 41% a été observée.
La véritable bonne nouvelle dans ces recherches, c’est que «certains de ces points sont des choses sur lesquelles nous pouvons avoir un certain contrôle», explique Barbara Sahakian. «Essayer de les améliorer, en s’assurant de faire de bonnes nuits ou de sortir pour voir ses amis, peut faire une vraie différence dans la vie des gens.» Et comme la dépression, qui touche un adulte sur 20 selon l’OMS, intervient parfois très tôt, les scientifiques militent pour inculquer ces bonnes habitudes dès le plus jeune âge.