Résidence artistique
Art urbain et résidence d'artistes au coeur du vignoble valaisan

Accueillir des artistes d'arts visuels pour quelques jours ou quelques mois, c'est le principe de la nouvelle résidence artistique présentée mardi à la presse, en même temps qu'une fresque éphémère. Le tout au coeur du domaine viticole du Mont d'Or à Sion.
Publié: 07.09.2021 à 17:28 heures
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La fresque, érigée au milieu des vignes et vernie mardi, marque l'ouverture de la résidence artistique Mont d'Or.
Photo: JEAN-CHRISTOPHE BOTT

En ce tout début septembre, Issam Rezgui, alias Jasm One de son nom d'artiste, achève une fresque en noir et blanc de quinze mètres sur quatre. Sur la plateforme de sa nacelle qui se détache sur un ciel azur, il agite ses bombes de peinture et, par touches, donne naissance à un paysage viticole et à des vendangeuses, fichu sur la tête et brantes de vendange dans les mains.

L'artiste de street art s'est inspiré d'images du début des années 1900 issues des archives du domaine du Mont d'Or, vignoble sédunois constitué de 220 terrasses retenues par d'authentiques murs en pierres sèches. Son oeuvre, érigée au milieu des vignes et vernie mardi, marque l'ouverture de la résidence artistique Mont d'Or.

L'imposante bâtisse du 19e siècle a été mise gracieusement à disposition de l'association Art Valais par le propriétaire du domaine, le groupe Schenk, pour en faire «un lieu vivant», explique à Keystone-ATS Issam Rezgui, président fondateur d'Art Valais. Sur deux niveaux, elle abrite espaces de travail, de logement, cuisine et petite salle d'exposition.

Des graffeurs peuvent y passer quelques jours, le temps de réaliser une oeuvre dans la région. D'autres artistes issus des arts visuels au sens large pourront poser leur candidature pour une résidence de plusieurs mois dès 2022; «ils seront sélectionnés par la curatrice Isaline Pfefferlé, Art Valais et une commission», détaille Issam Rezgui.

Camil Hämmerli, graphic designer argovien de 35 ans et son épouse Polina Okean, 29 ans, street artiste et illustratrice russe, ont passé un peu plus d'une semaine dans la résidence. Le temps de créer une fresque sur un mur d'un bâtiment abritant des salles de cinéma à Sion.

Nourris, logés, les deux artistes ont aussi disposé de tout le matériel nécessaire. «C'est très rare de trouver de telles conditions. On nous a même livrés au pied de la fresque de la nourriture locale et bio», raconte Camil.

Leur fresque onirique et colorée du chef-lieu valaisan et des montagnes a suscité curiosité et intérêt. «Les passants s'arrêtaient pour nous regarder travailler. A la fin, des habitants ont ouvert leur fenêtre et nous ont félicités. C'est important pour nous que les personnes qui vivent là et voient notre oeuvre chaque matin l'apprécient».

Les deux artistes ont aussi beaucoup aimé la vie dans la résidence, stimulant les échanges entre créateurs. Dans son projet de résidence, Art Valais prévoit aussi des interactions avec le public grâce à une programmation culturelle et gourmande au coeur du domaine viticole.

Né à Genève, Issam Rezgui a grandi à Sierre où il a décroché un diplôme en design à l'Ecole d'art du Valais (actuelle EDHEA). Venu de la mouvance hip-hop et ayant beaucoup gravité dans le monde associatif, il vit à Lausanne et exerce son art en Valais, en Suisse et parfois jusqu'à Los Angeles, Dubaï ou Kiev.

A 38 ans, le Suisso-Tunisien dispose d'un imposant carnet d'adresses artistique et a su tisser des liens avec les communes valaisannes, le canton et des sponsors qui soutiennent financièrement Art Valais. Son association ambitionne de créer «le plus grand musée d'art urbain à ciel ouvert», avec des oeuvres «liées à l'ADN locale», et concocte actuellement un dossier pour financer le projet de résidence sur le long terme.

Perché sur sa nacelle, Jasm One observe sa fresque qui s'appuie sur l'un des quelque dix murs en béton que compte le vignoble de 24 hectares. «Elle restera en place jusqu'en novembre. L'an prochain, nous en prévoyons deux autres, et en 2023, pour le 175e anniversaire de notre domaine, nous en espérons six ou sept», indique Marc-André Devantéry, directeur du domaine du Mont d'Or.

(ATS)

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