Éteindre toutes les lumières, se glisser sous un plaid et lancer un film d’horreur: voici le programme d’Halloween parfait. Reste encore à choisir ce qu’on va regarder. Et dans un genre où le meilleur côtoie le pire, ce n’est souvent pas une mince affaire. Heureusement, nous vous avons concocté la watchlist parfaite, en tenant compte du fait que tout le monde n’est pas capable d’endurer deux heures de massacre à la tronçonneuse, et que certains tremblent devant le gore quand d’autres préfèrent la terreur psychologique.
Que vous soyez dans un camp ou dans l’autre, amateurs de films vintage ou non, à la recherche d’un scénario qui tient la route ou simplement de frissons faciles, vous trouverez forcément votre bonheur.
Pour les flipettes:
«Les Autres» (Netflix):
Sorti en 2001, ce film d’Alejandro Amenabar reste le chef-d’œuvre de son auteur. Toute l’action se passe en 1945 dans un grand manoir victorien, dans la campagne brumeuse de l’île de Jersey. Grace, mère de deux enfants, les élève seule depuis que son mari, parti à la guerre, n’est pas revenu. Lorsque trois étrangers sonnent à sa porte, en quête d’un travail, elle les engage pour remplacer ses domestiques, qui ont disparu soudainement.
Ils ont une consigne à respecter quoi qu’il arrive: garder la demeure plongée dans le noir, ses enfants ne supportant pas la lumière du jour. Mais très vite, d’autres personnes semblent rôder autour de la maison. Faisant monter la tension petit à petit, «Les Autres» est un film magnifiquement bien mis en scène, avec une Nicole Kidman impériale dans le rôle principal. Et c’est surtout l’un des twists scénaristiques les plus géniaux de l’histoire du cinéma.
«Psychose» (en VOD)
Impossible de faire une sélection horrifique sans citer Alfred Hitchcock, maître du suspense, certes, mais de l’horreur aussi. Difficile d’ailleurs de choisir entre ses deux chefs-d’œuvre du genre, «Psychose» et «Les Oiseaux», mais on avouera volontiers une légère préférence pour le premier. L’histoire d’une femme qui s’enfuit dans un motel perdu et tombe sur le pire tenancier possible… La scène de la tuerie sous la douche a beau être culte, on ne peut que la revoir avec plaisir, bercé (ou pas) par la musique grinçante de Bernard Herrmann.
«Sans un bruit» (Netflix)
Imaginez un monde où faire le moindre bruit vous expose à une fin prématurée, dévoré par des monstres à l’ouïe redoutablement fine. Voici le point de départ de «Sans un bruit», succès surprise de l’année 2018, et qui peut se vanter d’avoir une scène d’ouverture sacrément traumatisante. Emily Blunt et John Krasinski (ce dernier est aussi le réalisateur du film) incarnent un couple qui survit sans dire un mot dans un monde dévasté avec leur fille sourde. Le concept est admirablement tenu, les rebondissements toujours bien vus et la longue scène finale vous laissera scotché à votre canapé. Que demander de plus?
«Le Silence des Agneaux» (en VOD)
C’est le seul film d’horreur à avoir remporté l’Oscar du meilleur film: «Le silence des Agneaux» est un incontournable. La terreur est ici plus psychologique (même si ça ne manque pas d’hémoglobine) et tient beaucoup au personnage principal, Hannibal Lecter. Ce psychiatre psychopathe et cannibale est emprisonné depuis huit ans dans un établissement hautement sécurisé lorsque la jeune Clarice Starling, agent du FBI, vient le questionner pour tenter de comprendre les motivations d’un autre tueur en série.
S’ensuit un jeu du chat et de la souris entre les deux, et une grande partition des acteurs, Anthony Hopkins et Jodie Foster (qui sont d’ailleurs tous les deux également repartis avec chacun leur Oscar en 1992). Le cinéaste, Jonathan Demme, manipule ses spectateurs avec délice et virtuosité. Un film remarquable, à voir avec, évidemment, un excellent chianti (si vous ne comprenez pas cette phrase, c’est qu’il faut vraiment vous ruer sur le film).
Pour les (un peu) plus courageux:
«Midsommar» (en VOD)
Dans le genre horrifique, il existe un sous-genre, l’elevated horror, qui cartonne depuis quelques années. Littéralement, il s’agit de l’horreur réhaussée, celle qui ne se contente pas d’effrayer mais raconte aussi quelque chose. «Midsommar», d’Ari Aster, en est un excellent exemple. L’histoire est celle de Dani, une jeune femme traumatisée par la mort de sa famille dans des circonstances dramatiques. Un peu contre son gré, car il comptait la larguer avant le drame, son compagnon l’emmène avec lui et ses amis en voyage en Suède. Ils se retrouvent dans un petit village aux coutumes étranges…et très flippantes.
Ari Aster retourne tous les codes du film d’horreur (tout se passe de jour, dans un cadre idyllique) pour faire naître les frissons. Entre la description d’une relation toxique et celle de touristes américains néo-colonialistes, «Midsommar» donne aussi matière à réfléchir. Et c’est le film qui a lancé la carrière de la génialissime Florence Pugh, vue depuis notamment dans «Dune 2».
«La saga Destination finale» (en VOD)
Cette horreur-là n’a rien d’elevated et tout du plaisir coupable. La saga «Destination Finale» (cinq films jusqu’ici, un sixième est en tournage) raconte toujours la même chose: une bande de jeunes survivent à un accident mortel grâce à la vision de l’un ou l’une d’entre eux. Puis, dans les semaines qui suivent le drame auquel ils ont échappé, ils meurent tous les uns après les autres dans des circonstances atroces en se livrant à des activités du quotidien. Et c’est là le génie de ces films, dont le scénario tient sur un post-it: arriver à imaginer les façons les plus improbables de mourir dans une piscine ou chez l’acupuncteur. Tout est à la fois terrifiant, comique et original.
«Get out» (Netflix)
Retour à l’elevated horror grâce à celui qui en a fait son fond de commerce: Jordan Peele. «Get Out», le film qui l’a fait connaître en 2017, toujours son meilleur à l’heure actuelle, raconte l’histoire d’un jeune photographe afro-américain qui se rend dans sa belle-famille (blanche) pour la première fois. S’il est bien accueilli, il ne peut que constater que certaines personnes, notamment les domestiques noirs, se comportent bizarrement. Sous couvert d’horreur, «Get Out» aborde frontalement et intelligemment la question du racisme aux États-Unis. Un mix délicat et bien dosé entre les frissons, les rires et la réflexion.
«Shining» (Max, via Canal+)
Stanley Kubrick a touché à presque tous les genres avec, chaque fois, un film culte au compteur. «Shining», adapté de Stephen King, est son succès horrifique. L’histoire d’un écrivain en mal d’inspiration, interprété par Jack Nicholson, qui part avec sa femme et son fils garder un hôtel abandonné. Entre la scène de la salle de bain, celle des escaliers avec la batte de baseball, et celle de la hache, on ne sait même plus laquelle est la plus flippante. Ce qui est certain, c’est qu’il n’est pas culte pour rien.
Pour ceux qui n’ont peur de rien:
«The Descent» (Max via Canal+)
Une sortie spéléologie qui tourne mal, des créatures de l’ombre et beaucoup, beaucoup, beaucoup de jumpscare et de sang: voici la formule gagnante de «The Descent». Sorti en 2005, ce film claustrophobique joue intelligemment avec l’espace clos de grottes dans lesquelles six amies sont coincées après un éboulement. Mais parle également de jalousie, d’égo et de traumatismes, avec une mise en scène horriblement efficace. À réserver aux amateurs d’hémoglobine parce que ça coule à flot.
«Sinister» (en VOD)
En 2020, des chercheurs américains se sont amusés à déterminer quel était le film le plus effrayant de tous les temps en mesurant le rythme cardiaque des spectateurs. Avec une augmentation de 34% en moyenne, le pouls passant de 64 à 86 battements par minute, et des pics à 131 battements par minute, le grand gagnant de cette étude est «Sinister». Sorti en 2012, ce film raconte l’histoire d’un auteur de romans policiers qui, dans sa nouvelle maison, trouve des bobines avec dessus les images de meurtres en série. Si l’histoire n’est pas des plus originales, c’est l’atmosphère générale du film, poisseuse et dérangeante, qui lui vaut d’être l’un des plus terrifiants.
«Conjuring» (Max via Canal+)
Inspiré d’une histoire vraie (cela ajoute toujours un peu de frissons de le dire), «Conjuring» s’intéresse à un couple d’enquêteurs spécialisés dans les phénomènes paranormaux. Appelés à la rescousse par une famille qui vit dans une ferme très isolée, ils sont rapidement confrontés à la pire affaire de leur carrière pourtant bien remplie. Le tour de force du film est d’arriver à effrayer avec peu de moyens, en misant tout sur l’imagination du spectateur, à force de plan séquences qui jouent sur le hors-champ et sans effets superfétatoires. Si l’horreur est une mécanique de précision, le genre a trouvé en James Wan, le réalisateur, un horloger hors pair.