Un roi pourrait vivre dans ce splendide édifice: Le concierge Corrado Bargetzi dort et balaie dans le noble château de Spiez. «Je ne veux jamais partir d’ici», annonce le natif de Fricktal, tant il aime sa maison dans l’Oberland bernois. En riant, il confie: «La seule chose qui me manque, c’est une princesse».
Au début de l’année, cet amateur de hockey est tombé par hasard sur l’offre d’emploi de la Fondation du château de Spiez: «J’ai envoyé l’annonce à mon père, d'abord pour plaisanter. Mais ensuite, il a pensé que le poste était fait pour moi.» Il envoie sa candidature et décroche le poste contre plus de 100 concurrents.
Un magnifique espace de vie
Le spécialiste de la maintenance ayant suivi une formation complémentaire de concierge s’était déjà occupé d’un château auparavant. «J’ai travaillé au foyer scolaire d’Oberflachs (AG) pendant neuf ans. D’une certaine manière, les châteaux se sont habitués à ma présence», explique-t-il.
Depuis mars, le trentenaire vit à Spiez, tout seul. «J’ai ici un très grand appartement avec neuf pièces, dont six sont habitables et joliment rénovées. C’est beaucoup trop pour moi seul, et c’est pourquoi mes parents et aussi certains amis ont leur propre chambre», détaille-t-il en ouvrant la porte vitrée qui mène à son royaume.
«Je vis vraiment mon rêve»
De hauts plafonds en stuc, des parquets travaillés et même quelques meubles anciens; cette garçonnière est un véritable bijou. «Je ne suis pas très ordonné, mais j’ai rangé un peu le salon», admet le gardien du château. Il y a même un bouquet de fleurs sur la table basse. Par la fenêtre, la vue sur le lac de Thoune est à couper le souffle.
«Je vis vraiment mon rêve ici», confit-il. Son travail est très varié: «Tous les jours, je remonte l’horloge de l’église. Ensuite, je m’occupe des petites tâches qui doivent être faites de manière continue, comme les réparations mineures ou le nettoyage.» Il doit évidemment toujours tenir compte de la protection du patrimoine historique, ce qui n’est pas toujours facile. Lorsqu’un couple se marie dans le château, il y a encore plus à faire.
Un fantôme entre les murs?
Il y a une tâche en particulier qu’il affectionne: «Les lundis matin, nous fermons le château aux touristes. Je balaie alors la tour pendant que le soleil se lève. La vue est vraiment incroyable!»
Ce n’est que la nuit qu’il est parfois un peu effrayant de vivre seul dans un si grand château. «Vous pouvez, par exemple, entendre les drapeaux métalliques sur le toit tourner et grincer», révèle Corrado Bargetzi. «Une fois, les volets n’étaient pas fixés correctement et le vent les faisait battre. J’ai cherché, mais je n’ai pas trouvé la cause du bruit. C’était un peu effrayant.» Mais entre-temps, il s’y est habitué, contrairement à ses hôtes qui sont toujours effrayés lors de ces épisodes mystérieux.
Ses amis le surnomment le «roi»
Mais rien ne les empêche d’organiser régulièrement des fêtes animées dans l’enceinte du château. «On a fait de véritables fêtes», raconte le célibataire, «plus récemment, le 1er août.» Dans tous les cas, il est rarement seul: «Je me suis déjà fait de bons amis ici à Spiez.» Certains le surnomment affectueusement leur «roi», pour d’autres il est le «fantôme du château».
Tout ce dont le seigneur du château a encore besoin pour un bonheur parfait, c’est d’une chevalière en armure dorée. En riant, il annonce: «Elle n’a pas le droit de venir à cheval, car c’est interdit ici! Et jusqu’à ce qu’elle se montre enfin, le château est ma princesse.»