Que vos enfants s'élancent joyeusement vers la cour de récréation ou qu'ils rejoignent leur classe à petits pas timides, blottis contre vous, la rentrée scolaire (surtout la première!) peut s'avérer très émotionnelle pour les parents. Après tout, ce fabuleux petit être que vous avez réconforté, nourri et bercé s'apprête à passer des journées entières loin de vous, entouré d'autres grands enfants, où il apprendra à refaire le monde en toute indépendance.
On aurait presque envie de saisir l'enseignant par le col pour lui répéter toutes nos craintes, lui marteler chaque allergie ou fragilité de notre poussin, lui faire promettre que tout se passera vraiment, assurément, pour le mieux... Et entre temps, la progéniture en question est déjà installée en tailleur aux côtés de sa nouvelle meilleure amie et babille avec insouciance de mammouths à paillettes ou de dinosaures cornus.
Si vous redoutez ce moment important, voici quelques pistes pouvant expliquer pourquoi cette étape est aussi intense et émouvante pour certains adultes:
L'anxiété de séparation
«La rentrée scolaire peut constituer une phase très exigeante d'un point de vue émotionnel, pour les enfants comme pour les adultes», confirme la Dre Abigail Wright, spécialiste en psychologie de l'éducation, auprès de The British Psychology Society. «Les plus jeunes peuvent ressentir de l'anxiété lorsqu'ils sont séparés de leur famille pour la première fois. Cette séparation peut être difficile à vivre, car la proximité physique peut être associée, pour les enfants comme certains parents, à un sentiment de sécurité.»
En d'autres termes, une séparation à laquelle on n'est pas accoutumé, qui survient notamment le jour d'une toute première rentrée scolaire, est susceptible de provoquer de l'anxiété et de l'inquiétude: «La familiarisation avec la nouvelle situation et le développement d'une forme de confiance sont essentiels lorsqu'il s'agit d'apaiser ces émotions», poursuit la spécialiste. Tout devrait donc s'apaiser avec un peu de temps!
Si ce n'est toutefois pas le cas et que vous ou votre enfant souffrent toujours d'anxiété ou de tristesse quelques semaines après la rentrée, n'hésitez jamais à demander le soutien d'un ou d'une thérapeute.
Un grand mélange d'émotions
Ainsi que le souligne Alyssa Mairanz, directrice de la consultation psychologique new-yorkaise «Empower your mind Therapy», les adultes peuvent ressentir un flot impressionnant d'émotions simultanées, lors d'une telle transition: «Anxiété, nervosité, inquiétude, tristesse, fierté, gratitude et réjouissance ne sont que quelques exemples», liste-t-elle. «Tout dépend des circonstances familiales de chacun, des craintes personnelles concernant l'avenir de l'enfant à l'école et des projections liées à nos propres souvenirs d'enfance», explique-t-elle auprès de la plateforme Parents.
En effet, si vous êtes toujours hanté par une expérience difficile vécue à l'école primaire, il est possible que vous craigniez, même inconsciemment, que votre enfant traverse la même épreuve, ce qui peut exacerber votre inquiétude.
Le début d'un nouveau chapitre
Sans oublier que ces moments importants marquent le commencement d'une toute nouvelle ère, à la fois pour les petits écoliers et pour les parents! «Peut-être vous questionnez-vous quant à ce que vous ferez une fois que votre enfant aura commencé l'école?» suppose Laverne Antrobus, psychologue de l'enfance, à la BBC. «Il s'agit aussi d'un nouveau début pour vous! Mais quelles que soient vos pensées, essayez de gérer vos propres inquiétudes, afin que votre enfant comprenne que vous êtes convaincu qu'il sera capable de supporter cette séparation [...] et puisse démarrer l'année scolaire de manière positive.»
Le stress des enfants est un «trigger»
Gérer nos propres émotions est une chose... Mais comment supporter celle des enfants, si eux-mêmes se sentent stressés à l'idée de découvrir ou retrouver les bancs de l'école? «Si votre enfant se sent anxieux ou effrayé d'aller à l'école, cela peut éveiller de l'angoisse ou de la tristesse chez les parents», poursuit Alyssa Mairanz. «La rentrée est une transition énorme pour les plus jeunes, qu'ils s'y rendent pour la première fois ou qu'ils retrouvent simplement leur routine quotidienne, avec des nouveaux enseignants ou de nouvelles structures.»
Or, si le calme des adultes peut influencer positivement les plus jeunes, l'inverse est également vrai: «En voyant que votre enfant a confiance en sa propre capacité à vivre sa première journée d'école, vos sentiments d'anxiété et vos émotions conflictuelles s'apaiseront», rassure la psychologue clinique Jenny Yip, toujours auprès de la plateforme Parents. Il s'agit ainsi d'un cercle vertueux: plus vous irradierez la positivité, plus votre enfant se sentira rassuré et moins vous vous inquiéterez pour lui, en cette première journée de cours.
Comment gérer la première rentrée de son enfant?
Si vous craignez quand même de fondre en larmes ou (moins drama...) de sentir votre lèvre inférieure trembler un peu au travers de votre sourire crispé, quelques réflexes peuvent vous aider à supporter la rentrée sans pulvériser trois paquets de mouchoirs.
La plateforme de recherche Pursuit de l'Université de Melbourne a notamment compilé plusieurs pistes pour alléger l'ambiance de cette journée importante:
- Régulez vos propres émotions. Ainsi que le confirme Erica Frydenberg, professeure associée à la faculté d'éducation, l'angoisse est effectivement contagieuse: «L'anxiété des parents peut être transmise aux enfants», prévient-elle. «La première étape est de prendre conscience de notre propre état émotionnel et de comprendre pourquoi on se sent ainsi.»
- Maintenez le dialogue. L'experte rappelle également l'importance de la communication et du fait de poser des questions, en demandant aux enfants ce qui les inquiète, avant d'en discuter avec eux pour les rassurer... et se rassurer soi-même au passage!
- Regardez devant vous. Puisque l'anxiété est souvent provoquée par l'inconnu, il s'agit de créer un maximum de prévisibilité, autour de la rentrée: «Discutez de la journée et de son déroulement, afin de réduire le stress d'anticipation et mieux se préparer au changement», poursuit la professeure.
- Familiarisez-vous avec le trajet. Cela pourra rassurer les enfants comme les parents, en réduisant les surprises et en réalisant quelques «trajets d'essai», si possible. Erica Frydenberg recommande aussi de préparer joyeusement les vêtements, le sac et le goûter de votre enfant, en lui proposant d'apporter son aide et de donner son avis, afin de booster les sentiments de réjouissance. «Il est toujours bénéfique de se préparer sans stress, ajoute l'experte. Les émotions seront déjà à leur comble, le matin de la rentrée, donc un peu de temps supplémentaire pourrait éviter un débordement.»
- Retenez vos larmes. Pour conclure, la professeure recommande de ne pas laisser vos émotions vous submerger devant l'enfant: «Gardez vos larmes, qu'elles soient de joie ou de tristesse, pour le trajet du retour, lorsque vous serez seul. Vous pouvez aussi partager vos ressentis avec les autres parents présents sur place, qui vivent probablement la même chose que vous. Pendant le trajet de retour, choisissez de la musique joyeuse et soyez fier d'avoir guidé votre enfant jusqu'à cette journée si importante!»