Elle est même plutôt liée au stress
La sensation d'avoir des «papillons dans le ventre» n'est pas si romantique que ça…

Cette célèbre expression très imagée est associée à la sensation grisante de tomber amoureux. Mais il s'avère que sa véritable origine physiologique est plutôt liée au stress.
Publié: 13.02.2024 à 14:57 heures
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Dernière mise à jour: 14.02.2024 à 09:37 heures
Ainsi que l'explique Yvette Taché, neurobiologiste et professeure de médecine à l'Université de Californie, auprès du «New York Times», les papillons dans le ventre sont causés par des réactions au stress, davantage que par l'amour.
Photo: Midjourney
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

L'idée romantique d'une nuée d'ailes battant les parois de l'estomac est follement célèbre: les Américains parlent de butterflies in the stomach, les Allemands accusent les Schmetterlinge im Bauch, les Italiens décrivent des farfalle nello stomaco... D'après une étude publiée en 2023 dans le Journal of Medical Study, la première occurrence de l'expression date d'un texte rédigé par l'autrice américaine Florence Converse en 1908. 

Depuis, la célèbre métaphore a voltigé de siècle en siècle, s'est invitée dans le langage courant et parle littéralement d'elle-même: qui n'a jamais ressenti l'agitation presque désagréable qui survient en plein premier date, au moment d'envoyer un message à un crush, ou même la veille d'un examen? La sensation évoque réellement un groupe d'insectes voltigeant au-dessus du nombril tandis que notre estomac lui-même feint de réaliser des saltos arrière. 

En vérité, ce n'est évidemment pas pour rien que ces papillons métaphoriques choisissent d'élire domicile dans le système digestif, couramment surnommé «le deuxième cerveau»: ainsi que l'explique Laurie Keefer, professeur de psychiatrie à l'hôpital new-yorkais de Mount Sinai, auprès du «New York Times», notre intestin contient plus de 100 millions de neurones capables d'échanger des informations avec le cerveau: «Les bactéries présentes dans notre intestin sont capables d'envoyer des signaux aux centres émotionnels du cerveau, précise l'experte dans les colonnes du média américain. Elles peuvent ainsi impacter notre niveau d'anxiété, notre humeur et notre taux de résilience.» 

Plus de stress que d'amour

Bien que les «papillons dans le ventre» soient communément associés aux sentiments amoureux, il s'avère qu'ils sont davantage liés au stress. D'après le média américain «Very Well Mind», ils sont à la fois provoqués par la dopamine (surnommée l'hormone du bonheur) et la noradrénaline, qui surgit dans certains contextes effrayants ou intenses. Le romantisme du concept serait donc teinté d'un brin de nervosité, alors que des «ondulations» sont observées dans l'intestin, face à tout cet émoi. 

D'après Yvette Taché, neurobiologiste et professeure de médecine à l'Université de Californie, certaines situations affolantes ou émotionnelles poussent le cerveau à sécréter une molécule susceptible d'augmenter notre taux d'adrénaline: toujours dans le «New York Times», la spécialiste souligne que cette molécule favorise la sécrétion de la corticotrophine, une hormone dont le taux augmente sensiblement face au stress.

En plus de provoquer l'accélération cardiaque typique des situations anxiogènes (et des premiers rendez-vous), la corticotrophine booste la production de cortisol, généralement surnommée l'hormone du stress. Cette dernière est d'ailleurs omniprésente durant les premiers mois d'une nouvelle relation amoureuse, lorsque chaque message, chaque parole et chaque rencontre nous donne l'impression que notre organe cardiaque, un peu emballé, va se faufiler entre nos côtes pour se jeter au cou de l'autre. Au fil du temps, ces vagues de stress finissent toutefois par s'amenuiser, alors que la nervosité cède à l'étreinte réconfortante de la confiance. Trop mièvre pour vous? Alors, lisez la suite... 

Notre estomac papillonne - littéralement

La nervosité n'est pas la seule responsable des «papillons» que décrivent les fleurs bleues. En effet, Yvette Taché souligne que cette fameuse molécule retarde également la vidange de l'estomac, tout en accélérant l'activité du colon, qui passe en mode «protection», face au stress: afin d'éviter que l'intestin ne devienne trop «perméable» sous l'influence de l'anxiété et laisse ainsi certains déchets pénétrer dans le flux sanguin, le colon se vide à la hâte, tandis que l'estomac interrompt son activité, à la façon d'un bouclier. 

Bref, ces gentils papillons surviennent donc quand le corps s'alarme d'un danger potentiel et se démène pour opérer une vidange d'urgence, alors que le cerveau, tout ému, ne parvient pas à le rassurer. 

C'est quand même une bonne nouvelle!

Pour dompter ces charmants insectes imaginaires, les spécialistes derrière la célèbre application de sophrologie «Calm» conseillent de chasser la nervosité en bougeant notre corps, en pratiquant des exercices de respiration ou en déversant nos émotions dans un journal. Et pas de panique si vous êtes abonné au phénomène! D'après «Calm», la nouveauté, l'enthousiasme et l'excitation peuvent aussi provoquer ce type de sensation, dans la mesure où le corps réagit fortement à l'anticipation d'un événement positif et intense. En effet, ces fortes émotions ne sont pas forcément négatives et peuvent tout aussi bien caractériser un chamboulement qui nous rend très heureux. 

Voilà un bon ice breaker pour votre prochain rencard: «Toi aussi, tu as des papillons?» Heureusement, si la réponse est «oui», c'est que vous faites indéniablement de l'effet. 

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