Mode & écologie
Du cuir fabriqué à partir d'ananas, de papier ou de champignons

Par définition, le cuir (le vrai, le dur) ne peut pas être végan. Au contraire de ses imitations, à base de fruits, de champignons ou de papier. Le monde de la mode s’en empare.
Publié: 26.05.2021 à 16:47 heures
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Dernière mise à jour: 31.05.2021 à 14:30 heures
Barbara Ehrensperger

Qu’est-ce que le cuir végan ou végétal? A priori, ça n’existe pas. Le cuir, c’est de la peau d’animal transformée. Point. Vraiment? Il existe des matériaux caméléons, à base de fibres végétales ou synthétiques qui imitent la texture et l’aspect de l’original. L’industrie de la mode s’en empare petit à petit.

La styliste anglaise Stella McCartney n'utilise que des alternatives véganes au cuir, éthiques et de première qualité. Hermès produit un sac en fibres de champignons. Exemple plus local: On, marque suisse, utilise un cuir végan pour sa ligne de sneakers The Roger. Une édition limitée a même été lancée en partenariat avec Roger Federer en 2020.

Attention toutefois: si on se préoccupe autant du bien-être des animaux que de l’environnement, il faut à tout prix éviter les cuirs végans synthétiques à base de polyuréthane ou de polyester. La production de ces matériaux est, bien souvent, tout sauf écolo.

Quelles sont les alternatives au cuir les plus abouties, les plus en vogue? Blick les a réunies ci-dessous.

Les feuilles d’ananas

L'histoire du Piñatex («Piña» pour «ananas», en espagnol, et «tex» pour «textile») commence aux Philippines à la fin des années 90. L'Espagnole Carmen Hijosa, spécialiste du cuir et consultante, y constate les désastres environnementaux et humains causés par l’industrie de la maroquinerie. Elle y fait surtout une découverte: le barong tagalog, vêtement traditionnel fabriqué à partir de fibres d’ananas. Une porte s’ouvre vers une alternative durable au cuir.

Après de nombreuses années de recherche, elle trouve la solution dans les déchets que la récolte d'ananas laisse derrière elle. La matière première a toujours été là. Même pas besoin d’eau, d’engrais ou de pesticides pour la produire. Chaque année, 40’000 tonnes de feuilles jonchent le sol. Avant, elles étaient brûlées ou laissées là.

Il est possible de réaliser des sacs à main à base de Piñatex, comme ce sac à main de design suisse, produit en Italie.
Photo: DR

Aujourd’hui, ces feuilles sont sources de revenus pour les agriculteurs locaux. Ces derniers les transforment en une sorte de feutre. C’est en Espagne qu’il devient un textile à la fois doux et résistant.

Le marc de pomme

Bolzano, Tyrol du Sud, Italie. Là-bas, le marc de pomme, déchet de la production de jus pomme et de cidre, devient une alternative végétalienne au cuir. Grâce à l’entreprise Frumat. Concrètement, les résidus sont d’abord séchés, transformés en poudre, puis mélangés à du bioplastique avant d’être appliqués par couches sur du coton. Chauffés à 130°C, les matériaux fusionnent.

L’AppleSkin s’est déjà fait une place dans l’industrie de la mode. Une variante plus épaisse de cette fibre, notamment utilisée pour fabriquer des chaussures et des sacs, contient toutefois 50% de polyuréthane.

Les champignons

Outre Dracula, la Transylvanie, en Roumanie, abrite des amadouviers, des champignons qui s’accrochent aux arbres. Grâce à eux, l’entreprise berlinoise Zvnder produit des accessoires en cuir végétal.

Ces éponges des forêts sont récoltées à la main et séchées jusqu'à une année dans des exploitations familiales. Puis, il est pelé et traité, toujours à la main. Finalement, c’est… encore à la main que l’amadouvier est transformé par le petit studio berlinois.

Le papier

Le papier aussi sait se déguiser en cuir. Dans les magasins de tissus, il prend le pseudo de Snap-Pap ou Ursus Vegatex. En rayon, ces mélanges de cellulose et de latex ressemblent à du carton. Au contact de l’eau, miracle: ils prennent l’aspect d’un cuir froissé.

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