Le stress est omniprésent dans notre société hyperactive. Fin mai, l'Enquête suisse sur la santé publiée par l'Office fédéral de la statistique révélait qu'un Suisse sur quatre souffre de stress au travail «la plupart du temps» ou «toujours». Il semble toutefois que l'impact physique est plus important pour les femmes.
D'après une nouvelle étude présentée lors de la Session annuelle de l'American College of Cardiology, ce printemps 2024, l'anxiété et la dépression peuvent accélérer le développement des facteurs de risque associés aux maladies cardiovasculaires chez les femmes de moins de 50 ans.
L'étude a été réalisée avec la participation de 71'214 personnes, hommes et femmes confondus, dont l'état mental et la santé cardiovasculaire ont été analysés pendant dix ans. Il est apparu que les participants souffrant d'anxiété et de dépression voyaient leur risque d'hypertension, de diabète ou de cholestérol augmenter de 55%. Les femmes de moins de 50 ans étaient particulièrement concernées et présentaient des risques comparables à ceux des hommes du même âge. Sachant que cette tranche de la population est généralement considérée comme étant moins à risque, ce résultat a provoqué un certain choc.
«On a souvent l'impression que les jeunes femmes sont en sécurité lorsqu'il s'agit des maladies cardiovasculaires, puisque les œstrogènes ont un effet protecteur, note le cardiologue Giovanni Civieri, chercheur au département de médecine de Harvard et responsable de la recherche. Or, cette étude démontre qu'une femme aux prises avec de l'anxiété ou une dépression devrait être guidée vers des examens cardiovasculaires, afin d'identifier des potentiels facteurs de risque.»
Le responsable du projet ajoute que l'objectif est d'encourager les médecins à réaliser des tests supplémentaires, lorsqu'ils rencontrent des patientes présentant un trouble anxieux.
Le stress et les émotions «refoulées» jouent un rôle
En outre, le stress quotidien aurait un impact semblable sur la santé cardiaque: parmi ses conséquences générales, le département de médecine de l'université Harvard cite effectivement une activation fréquente du réflexe nerveux de fight or flight et une sécrétion trop élevée de cortisol, l'hormone du stress: lorsqu'elles s'enclenchent de manière répétée, ces réactions normales augmentent le risque de contracter certaines maladies auto-immunes ou cardiovasculaires.
Une fois de plus, les femmes semblent plus vulnérables qu'escompté: une autre étude avait déjà suggéré que les femmes ayant tendance à «refouler» leurs émotions durant des disputes conjugales ont quatre fois plus de chances de décéder durant la réalisation de la recherche (étendue sur dix ans). Et cela de manière totalement indépendante de la qualité de leur relation.
Ce n'est pas tout: ainsi que l'explique Roy Ziegelstein, cardiologue et professeur de médecine à l'université Johns-Hopkins, auprès du «Washington Post», les femmes sont plus souvent touchées par la «cardiomyopathie de stress», ou le «syndrome du cœur brisé», notamment entre les âges de 58 et 75 ans. Potentiellement mortel, ce phénomène est causé par un stress physique ou émotionnel très intense.
«Les études récentes suggèrent une association encore plus forte entre la dépression et les maladies du cœur, avec des conséquences plus graves pour les femmes que pour les hommes», ajoute le spécialiste dans les colonnes du média américain. L'une des explications possibles pourrait être la taille plus petite des vaisseaux sanguins des femmes: d'après des analyses de l'université d'Emory University, le stress mental aigu peut provoquer des constrictions de certaines artères, ce qui réduit le flux sanguin.
Comment se protéger au maximum du stress?
Ainsi que le souligne le «Washington Post», les médicaments permettant de contrôler l'hypertension et le cholestérol sont moins souvent proposés aux femmes. D'un point de vue purement physique, il est donc essentiel d'en parler avec un médecin, afin de limiter les risques et se rassurer, surtout lorsqu'on souffre fréquemment de stress.
Lorsqu'il s'agit de la santé mentale, les troubles anxieux ou dépressifs doivent être discutés au plus vite avec un ou une psychologue, qui saura apporter le soutien nécessaire. Or, en ce qui concerne le stress lui-même, il est déjà possible de se protéger un maximum, grâce à quelques habitudes quotidiennes. Le stress au travail, par exemple, peut être apaisé grâce à 5 étapes, que nous avons détaillées dans cet article.
Des adaptations du mode de vie peuvent aussi faire une différence, autant pour le cœur que pour l'esprit: d'après Joann E. Manson, cheffe de la médecine préventive au Women’s Hospital de Boston, citée par «Washington Post», l'exercice physique régulier, une alimentation équilibrée et un sommeil suffisant, sans oublier la méditation et les exercices de respiration, sont essentiels.
L'experte ajoute par ailleurs que le contact social présente des bienfaits plus importants chez les patientes: «La présence de proches, de membres de la famille ou d'amis, avec lesquels les femmes ont des contacts réguliers, peut avoir un impact puissant sur leur santé cardiovasculaire», conclut-elle.