Vous vous sentez plutôt fatigué? Ou vous avez envie de serrer les arbres en fleurs dans vos bras? Le printemps peut faire vaciller l'humeur… Selon le chronobiologiste Christian Cajochen, ces mood swing sont dus à davantage de lumière et à deux hormones spécifiques: «La sérotonine et la dopamine influencent notre motivation et notre humeur et changent en fonction des saisons.»
Plus il y a de lumière, plus il y a de sérotonine
L'influence des hormones sur notre humeur a été démontrée sur la base de différentes études. «On a mesuré le taux de sérotonine en hiver et en été, plus il y a de lumière, plus il y a de sérotonine, qui influence également notre humeur», explique Christian Cajochen.
Si la sérotonine augmente au printemps, lorsqu'il y a plus de lumière, nous sommes davantage de bonne humeur et plus motivés. «Avec le soleil et les journées plus longues, nous bougeons davantage à l'extérieur, que ce soit lors d'une promenade au bord du lac ou d'un jogging en forêt. Nous sommes alors aussi récompensés par la dopamine issue du mouvement», explique Christian Cajochen. Pour rappel, la dopamine est un messager important entre les cellules nerveuses: elle assure la motivation et l'impulsion.
Entre nettoyage de printemps et fatigue
Mais alors, pourquoi tant de gens se plaignent-ils de la fatigue printanière? «Il n'y a effectivement pas d'explication scientifique à cela», répond le directeur du Centre de chronobiologie des Cliniques psychiatriques universitaires de Bâle. Mais elle est bien réelle: 30 à 40% des personnes connaissent cette sensation de fatigue à cette période de l'année.
L'explication est peut-être davantage psychologique: «On attend trop de soi-même et on se surestime peut-être. Courir tôt le matin et sortir le soir, plus le ménage de printemps et le quotidien... cela peut aussi être trop.»
L'horloge interne est aussi un facteur important de notre rythme biologique: «Nous avons une horloge de 24 heures, elle a été bien étudiée et elle a un effet sur l'humeur», explique Christian Cajochen. On en sait moins sur notre horloge saisonnière. Chez de nombreux animaux, celle-ci est importante pour la reproduction.
«Mais chez les humains, les hormones sexuelles ne changent pas de manière significative avec les saisons», explique Christian Cajochen. Au contraire, elles fluctuent au cours de la journée. Ainsi, la testostérone est plus élevée chez les hommes le matin, tandis que les femmes suivent un cycle mensuel.
Le changement d'heure entraîne un décalage horaire
Mais ce qui est certain, c'est que la lumière du jour nous influence… et c'est durant le week-end de Pâques que nous le ressentons le plus! Lorsque les horloges sont avancées d'une heure, de nombreuses personnes réagissent de manière sensible. «Se lever une heure plus tôt peut déclencher une sorte de mini-jetlag», explique le chronobiologiste.
Cela s'explique notamment par une mauvaise synchronisation de l'horloge interne avec l'alternance lumière/obscurité extérieure. De quoi avoir un effet négatif sur l'humeur, la fatigue et le sommeil. Mais rassurez-vous: votre rythme devrait se rétablir au bout d'une semaine. Pour passer le cap en douceur, Christian Cajochen recommande de se coucher une demi-heure plus tôt et de s'exposer à la lumière en se levant le matin: «Cela donne du tonus!»