Que ce soit le football ou le karaté, le tennis ou le hockey, tout le monde a intérêt à faire du sport. Les bienfaits physiques sont connus de tout le monde: un développement de la masse musculaire et de la densité osseuse, une protection supplémentaire contre les maladies cardiovasculaires, l’obésité et le diabète, et une diminution des risques de cancer. Mais ce n’est pas le seul intérêt d’une activité sportive, qui agit également fortement au niveau du bien-être.
Faire du sport permet de libérer des endorphines, des hormones liées à la sensation de plaisir et d’euphorie. C’est aussi un bon moyen de sécréter de la dopamine, la même hormone liée au bonheur qui entre en jeu lorsqu’on fait l’amour, qu’on boit de l’alcool ou qu’on prend de la drogue. Et certaines addictions sont meilleures que d’autres… Ces effets sont aujourd’hui documentés. L’année dernière, le «British Medical Journal» a fait le point en agrégeant les résultats de 97 études scientifiques. «L’activité physique est hautement bénéfique pour améliorer les symptômes de la dépression, de l’anxiété et du stress sur un large spectre de la population adulte», écrivent les auteurs, qui précisent même que le sport devrait être l’une des «bases» de la gestion de ces problèmes de santé mentale.
Tout se joue pendant l’enfance et l’adolescence
La clef serait également de commencer jeune. Il y a dix jours, le «Journal of Adolescent Health» publiait une étude australienne, réalisée sur plus de 4’000 jeunes suivis pendant huit ans, de leurs 7 à leurs 15 ans. Les conclusions sont édifiantes: «N’importe quelle activité physique augmente le bien-être psychosocial», écrivent les six auteurs.
Toutes les données analysées par les Australiens montrent en effet que les filles comme les garçons qui font du sport déclarent une meilleure sociabilisation, plus de confiance en eux et une meilleure qualité de vie que celles et ceux qui n’en font pas. L’étude fait par ailleurs une différence entre les sports collectifs et individuels: les premiers ont un effet encore plus fort que les seconds. Être entouré de camarades qui vous soutiennent, c’est avoir l’occasion de nouer des amitiés, de développer un jeu collaboratif. Autant de facteurs qui jouent sur la santé mentale, notamment, notent les auteurs de l’étude, pour les enfants plus introvertis. Les meilleurs résultats sont observés lorsque les jeunes cumulent les deux et bougent seuls comme en équipe.
Le sport, meilleur pour les garçons ?
Il est d’ailleurs intéressant de noter que les bénéfices du sport sont plus importants sur la santé mentale des garçons que sur celle des filles. Et que les filles font justement moins de sports collectifs. Les Australiens avancent plusieurs éléments d’explication, comme une confiance en soi plus vacillante chez elles, ainsi qu’une moindre incitation (des parents, du personnel éducatif, de la société en général) à pratiquer un sport, notamment par équipe, mais plutôt à se concentrer sur leurs études. Dans tous les cas, ils estiment indispensable de gommer ces différences de genre.
«Encourager les enfants à se lancer et rester engagés dans une activité physique aide à maximiser leur bien-être», concluent les scientifiques. Et tout est dans le «rester engagés». Car en observant ces enfants et adolescents pendant huit ans, les auteurs ont pu voir que les bénéfices des activités sportives sont d’autant plus grands qu’elles sont pratiquées sur plusieurs années.
Quel sport pour améliorer sa santé mentale ?
Mais qu’importe que vous ayez toujours esquivé les clubs sportifs dans votre prime jeunesse, il n’est jamais trop tard pour commencer. La bonne nouvelle, c’est que vous pouvez choisir à peu près n’importe quelle discipline, les effets bénéfiques se feront sentir. C’est particulièrement le cas sur les symptômes de la dépression, soulignent les auteurs de l’étude récapitulative du «British Medical Journal». Le yoga ou le stretching sont, eux, particulièrement efficaces sur l’anxiété, tout comme la natation, dont les bienfaits sont proches de ceux de la méditation.
S’inscrire dans une équipe pour pratiquer un sport collectif est un bon moyen de nouer des liens, mais inutile de se forcer si on est trop timide ou stressé. Le secret, c’est avant tout de trouver une discipline qui nous plaît afin de pouvoir poursuivre sa pratique. Car outre la dopamine et l’endorphine, l’activité sportive libère de l’adrénaline et de la noradrénaline, les hormones du stress. C’est ce stress qui permet d’améliorer ses performances, en mettant le corps sur le qui-vive. Une pratique régulière fait qu’on s’habitue à le faire redescendre. En revanche, produire un effort violent seulement de temps en temps risque d’augmenter le stress. Inutile, donc, de courir pendant 2 heures une fois par mois. Il vaut mieux étaler ses entraînements et se montrer régulier.
Tout est d’ailleurs une question de mesure, selon le «British Medical Journal». Les 97 études examinées dans la publication récapitulative montrent que faire plus de 2h30 de sport par semaine n’améliore pas proportionnellement le bien-être. De même, les participants qui se livrent à 6 ou 7 séances hebdomadaires en tirent moins de bénéfices que ceux qui sont à 4 ou 5. Les injonctions à la performance ne font pas bon ménage avec la lutte contre l’anxiété…