«Enfant, cette maison inhabitée me semblait être un château», raconte Christian Pozzoni à Blick. Il aimait y jouer à cache-cache avec ses amis et ses frères et sœurs. «Même si nos parents nous l’interdisaient», confie-t-il en riant.
Depuis sept ans, l’ingénieur en mécanique est propriétaire de cette maison d’Avegno (TI) avec sa femme Sandra. Avec leurs parents et leurs amis, ils ont transformé à grands frais la maison délabrée en un rustico tessinois typique, avec un aménagement intérieur des plus modernes.
Il cherchait une cave… il a trouvé une maison
C’est une conversation fortuite qui a conduit la famille Pozzoni à acheter la maison. «En fait, je cherchais simplement une cave pour stocker du fromage d’alpage, du vin, du schnaps et des saucisses, dont certaines que nous fabriquons et stockons nous-mêmes chaque année avec la famille et les amis. Puis, la veuve de l’ancien propriétaire m’a demandé si je voulais acheter la maison.»
Le bâtiment a été construit au 17ème siècle et était plutôt une ruine qu’une maison. Le toit en pierre du rustico a été largement endommagé. Il en était de même pour les poutres soutenues par des piliers, les sols, le plâtre effrité et les plafonds, qui avaient cédé sous le poids des années.
Des nuits blanches jusqu’à l’achat
«Nous avons passé quelques nuits blanches et avons longuement réfléchi à l’opportunité avant d’acheter la maison», déclare Sandra Pozzoni. Même si le prix d’achat était bien inférieur à 100’000 francs suisses, pour le couple avec trois enfants, c’était un investissement qui devait être mûrement pesé. Il était clair pour eux que la rénovation de la propriété négligée entraînerait des coûts élevés.
En fin de compte, l’achat a aussi été une décision émotionnelle pour les deux Tessinois; liée à des souvenirs d’enfance et au désir de préserver une maison historique dans leur propre village. Cependant, il leur manquait de l’argent et une idée concrète pour la rénovation.
Soutien du canton
En 2015, le couple a lu dans un article que diverses fondations – et même le canton – mettaient à disposition des fonds pour la préservation des biens culturels. «Grâce aux précieux conseils de cette fondation, nous avons développé le projet et le business plan associé», raconte Sandra Pozzoni. Le projet a été finalement soutenu à hauteur de 160’000 francs suisses, provenant de fondations et d’institutions publiques.
L’une des conditions attachées aux fonds était néanmoins que l’utilisation de la propriété devait être aussi dédiée au tourisme pour les prochaines années. «Pour nous, cette solution était idéale. Sans cet argent et ce soutien, nous n’aurions pas été en mesure de réaliser ce projet», déclare Christian Pozzoni.
Temps libre sur le chantier
«Avec ces aides, la voie était tracée et notre enthousiasme était grandissant. Nous avons commencé les travaux préliminaires en 2016», explique Sandra Pozzoni. Pendant les quelques années qui ont suivi, le couple a été occupé par les travaux de transformation le soir après le travail et le week-end.
Souvent, leurs trois filles Martina, Pamela et Clarissa, ainsi que la mère de Christian, Laura Pozzoni, étaient également présentes et donnaient un coup de main. «Des amis et des parents nous ont beaucoup aidés pour les travaux de rénovation, de sorte que nous avons pu économiser des coûts et n’avons dû payer des professionnels que pour les travaux les plus ardus», explique Christian Pozzoni.
Des défis à relever
C’est la cave qui a d’abord été rénovée, puis le rez-de-chaussée, qui se trouvait dans la partie la plus ancienne et qui était inhabitable en raison de l’humidité et de la négligence datant de plus de 300 ans.
Abaisser les planchers pour enlever l’humidité a été particulièrement laborieux, explique le père et mari. La pose de l’isolation, la stabilisation des sols et des murs et le percement des murs pour relier les pièces ont également été des tâches difficiles.
Il y avait aussi une odeur de fumée dans toute la maison, car autrefois il n’y avait pas de cheminée – seulement un foyer pour le chauffage et la cuisine. «Ces habitations archaïques étaient donc appelées «maisons à fumée» par les habitants», explique Sandra.
Des vestiges d’antan
Malgré une grande partie de travaux autonomes, les coûts de rénovation se sont élevés à plus de 300’000 francs suisses et à 1378 heures de travail non-rémunéré.
Les Pozzoni ont pu terminer les derniers travaux extérieurs au printemps 2020, mais la «vieille maison au bord du ruisseau» fraîchement rénovée a déjà été louée à des vacanciers pour la première fois en janvier 2020. «Nous sommes déjà fiers de ce que nous avons fait avec cette ruine et les retours des vacanciers sont positifs», déclare Christian Pozzoni.
Il était important pour le couple de pouvoir préserver le rustico tessinois de la manière la plus authentique possible. À cette fin, ils ont également restauré certaines trouvailles cachées d’antan, qu’ils ont découvertes lors des vastes travaux. Ces dernières font à présent office de pièces décoratives.
Christian Pozzoni regrette que de nombreux Tessinois aient perdu leur sensibilité pour ces bâtiments historiques, et préfèrent démolir les vieilles maisons des villages tessinois au lieu de les rénover et de les préserver.
Visiteurs bienvenus
Pendant les 15 prochaines années, les clients peuvent réserver le rustico tessinois typique fraîchement rénové, qui a conservé son charme ancien malgré l’intérieur moderne.
Cela permettra également de remettre de l’argent dans les coffres de la famille. Plus tard, le Rustico sera transmis aux filles. «La vente n’est pas une option. Nous avons mis beaucoup trop de cœur et d’énergie dans cette maison», insiste la famille.