Sur mon bureau trône un véritable arsenal de tentations. À droite, un paquet de Schoko-bons bêle mon nom. À gauche, un sachet de chocolat chaud aux épices attend de plonger dans une tasse de lait. Derrière moi, mes pains d’épices préférés me lorgnent... Comment résister? Les becs sucrés (comme moi) connaissent bien cette phrase, entendue dès l'enfance, qui retentit chaque jour dans ma tête: «N’exagère pas, tu vas avoir le diabète!». Je me suis toujours demandé si c’était vrai. Il s’avère évidemment que oui… mais ce n’est pas si simple.
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À l’occasion du 14 novembre 2023, Journée mondiale du diabète, deux spécialistes ont répondu à toutes mes questions au sujet de cette maladie complexe, qui touche un demi-million de personnes en Suisse, d’après l’OFSP. Voici ce que les experts voudraient qu’on sache, avant d’avaler tout ronds nos chocolats de l’Avent. (Spoiler: l'envie de les manger risque de se dissiper un peu, quand vous aurez lu cet article...)
Les glucides sont quand même utiles pour le corps
Le Dr. Giacomo Gastaldi, médecin-diabétologue et Président de la Fondation Vivre avec le diabète de type 1, commence par dédiaboliser (un peu) nos plats préférés: «Les aliments nous apportent trois sources d’énergie différentes: les glucides, les graisses et les protéines, rappelle-t-il. Le glucose est vital, sachant qu’il s’agit de la principale source d’énergie du cerveau et des muscles. Ainsi, le corps œuvre constamment à maintenir une glycémie stable, afin que le cerveau soit assez alimenté en tout temps».
Si ce mécanisme état crucial à des époques antérieures, lorsque notre espèce pouvait peiner à trouver des vivres, le spécialiste souligne que notre société actuelle est plutôt caractérisée par un surplus alimentaire et une moindre activité musculaire, ce qui tend à créer un déséquilibre entre nos apports et nos dépenses d'énergie, ouvrant la porte à des problèmes de santé, dont le diabète de type 2.
Quiconque peut être touché par le diabète de type 2
«Des habitudes de vie défavorables, dont une sédentarité et une alimentation trop grasse ou sucrée, participent au développement d’une inflammation chronique dans l’ensemble du système circulatoire, poursuit le Dr. Gastaldi. Celle-ci survient en arrière-plan et peut être accentuée ou inhibée par nos habitudes de vie. L’activité physique régulière, par exemple, peut la diminuer, tandis que l’alcool ou le tabac contribuent à l’aggraver.»
Le spécialiste rappelle toutefois que lorsqu’elle perdure, cette inflammation peut causer la résistance à l’insuline, soit une diminution de la captation du glucose par les muscles. De plus, elle peut endommager, au niveau du pancréas, les cellules responsables de la production d’insuline. Résultat: le corps n'en produit plus assez.
«Le diabète de type 2 implique un manque relatif d’insuline, précise notre expert. L'organisme est toujours capable d’en produire, mais les quantités sécrétées ne sont pas suffisantes pour contrer la résistance à l’insuline et maintenir l’équilibre du taux de glucose présent dans le sang. Il s’agit d’une maladie chronique évolutive, d’où l’importance de mettre en place des habitudes de vie plus saines, afin qu’elle n’empire pas.»
Début 2023, Ozempic se démarquait dans l’actualité comme étant le «nouveau remède minceur» préféré des célébrités. Un tel usage de ce produit, sujet à un immense buzz médiatique, a été largement décriée, sachant qu'il est, à l'origine, destiné aux personnes diabétiques, dont elle améliore fortement la santé.
Ainsi que le rappelle le Dr. Giacomo Gastaldi, médecin-diabétologue et Président de la Fondation Vivre avec le diabète de type 1, ces traitements permettent de compenser le manque d’insuline, chez les personnes touchées par cette maladie:
«En plus du manque relatif d’insuline, on peut constater également un surplus de glucagon, l’hormone qui permet au foie de relâcher le glucose, ainsi qu’un déficit d’incrétines, qui aident à réguler la sécrétion d’insuline et l’appétit, explique l’expert. Il existe aujourd’hui des médicaments qui remplacent le manque d’incrétines et réduisent le taux de glucagon. Ces traitements (Ozempic, Trulicity, Victoza, etc.) sont essentiels pour les personnes diabétiques, sachant qu’ils améliorent l’équilibre glycémique et réduisent leur risque de maladies cardiovasculaires.»
Début 2023, Ozempic se démarquait dans l’actualité comme étant le «nouveau remède minceur» préféré des célébrités. Un tel usage de ce produit, sujet à un immense buzz médiatique, a été largement décriée, sachant qu'il est, à l'origine, destiné aux personnes diabétiques, dont elle améliore fortement la santé.
Ainsi que le rappelle le Dr. Giacomo Gastaldi, médecin-diabétologue et Président de la Fondation Vivre avec le diabète de type 1, ces traitements permettent de compenser le manque d’insuline, chez les personnes touchées par cette maladie:
«En plus du manque relatif d’insuline, on peut constater également un surplus de glucagon, l’hormone qui permet au foie de relâcher le glucose, ainsi qu’un déficit d’incrétines, qui aident à réguler la sécrétion d’insuline et l’appétit, explique l’expert. Il existe aujourd’hui des médicaments qui remplacent le manque d’incrétines et réduisent le taux de glucagon. Ces traitements (Ozempic, Trulicity, Victoza, etc.) sont essentiels pour les personnes diabétiques, sachant qu’ils améliorent l’équilibre glycémique et réduisent leur risque de maladies cardiovasculaires.»
L’origine du type 1 ne s’explique pas encore
Bonne nouvelle: le diabète de type 2 peut évoluer dans les deux sens, s’empirer ou s’améliorer, grâce à nos habitudes de vie. Or, il ne suffit pas de manger moins de sucre pour y parvenir: «Notre hygiène de vie entière est concernée, précise l’expert. Tout changement durable d’une habitude de vie défavorable, dont l’arrêt du tabac ou l’activité physique, a un impact positif!»
Malheureusement, cela ne se vérifie pas chez les personnes touchées par le diabète de type 1, une maladie auto-immune dont la cause est différente: «Pour des raisons qu’on n’explique pas encore, le système immunitaire reconnait les cellules productrices d’insulines comme des corps étrangers et les rend inopérationnelles, résme le Dr. Gastaldi. À l’issue de ce processus, le manque d’insuline est irréversible et la survie dépend d’un traitement par insuline.»
Le médecin rappelle par ailleurs que la survenue d’un diabète auto-immun s’observe à tout âge et semble liée à la conjonction de différents facteurs, comme une sensibilité génétique, des stress sociaux ou psychiques ou encore des infections virales.
4 réflexes pour prévenir le diabète de type 2
Bien qu’il ne soit pas possible de se protéger du type 1, certaines habitudes de vie, même très simples, peuvent contribuer à diminuer nos risques de contracter le type 2. Le Pr François Jornayvaz, médecin chef du Service d’endocrinologie, diabétologie, nutrition et éducation thérapeutique du patient au HUG, nous en dit plus.
Rester actif
«Les mesures de prévention du diabète de type 2 englobent les facteurs modifiables, comme le poids et l’activité physique, souligne notre expert. On répète l’importance d’une alimentation saine, mais on n’insiste pas suffisamment sur l’activité physique. Il faut bouger au moins 2 h 30 par semaine, réparties sur trois séances au minimum. Certains facteurs de risque sont non modifiables, dont l’hérédité, la transmission familiale ou encore l’âge, mais le fait d’adapter nos habitudes de vie ne peut que contribuer à diminuer nos chances de contracter la maladie.»
Pour vous assurer de rester suffisamment actif, n'hésitez pas à consulter notre article détaillant 4 habitudes pour rester en forme.
Privilégier les aliments bruts
Plutôt que de bannir totalement les glucides, le professeur Jornayvaz conseille plutôt de privilégier les aliments naturels, les produits non transformés, tout en évitant, dans la mesure du possible, les sodas et les produits contenant du sucre ajouté: «Le sucre raffiné doit être réservé aux occasions spéciales, sachant qu’il s’agit uniquement d’un aliment plaisir qui peut devenir un peu addictif: des études ont démontré que, chez les souris, le sucre constitue une drogue plus puissante que la cocaïne et l’héroïne.»
Pour rappel, l’OMS recommande une réduction de 10% de notre consommation de sucre actuelle, ce qui équivaut à un maximum de 50g de sucre pour un apport quotidien de 2000 kcal par jour. En 2015, elle fixait les quantités à un maximum idéal de 25 g par jour.
Se fixer des objectifs raisonnables
Inutile, donc, de s’interdire le moindre carré de chocolat, surtout si cette idée nous semble follement déprimante: «Le plus important est d’instaurer des habitudes alimentaires et sportives durables, afin qu’elles puissent se transformer en routines et nous accompagner sur le long terme, conseille le spécialiste. Pour ce faire, il convient de viser l’équilibre, se fixer des objectifs raisonnables et éviter de se montrer trop restrictif.»
Penser au dépistage
Le professeur Jorayvaz rappelle en outre que 30% des personnes atteintes de diabète dans le canton de Genève ignorent qu’elles sont touchées par cette maladie silencieuse, le plus souvent asymptomatique:
«Elle est souvent diagnostiquée par hasard, lors d’un check-up, constate le médecin. Quand apparaissent les premiers signes, dont une soif excessive et une envie d’uriner plus fréquente, la maladie est souvent déjà bien avancée et associée à des complications potentielles. Pour cette raison, nous conseillons aux personnes sans facteur de risque de se faire dépister dès l’âge de 35 ans, tous les trois ans.»
Un événement pour les patients et leurs proches
Ce mardi 14 novembre 2023, la Fondation Vivre avec le diabète de type 1 organise une soirée «Tech Forum Patients», destiné à toutes personnes dont le quotidien est impacté par le diabète. Les créatrices de contenu Anne et Elise Faivre seront présentes durant cet événement gratuit, qui se tiendra dès 18h au Théâtre du Centre de l'Espérance de Genève.