Des giboulées de neige humide rythment la grisaille de ce mercredi 19 février 1958. Le tribunal de Wiesbaden, à 35 km à l’ouest de Francfort-sur-le-Main, est le théâtre du premier scandale du vin allemand. La cour attend avec impatience le verdict qui va être rendu dans l’affaire Valentin Korn. Le chef d’accusation est grave: il est question de pratiques consistant à couper le vin à une échelle industrielle.
Comme l’a rapporté la chaîne de télévision WDR, tout a commencé par des maux de tête inhabituels dont se sont plaints des consommateurs toujours plus nombreux. La piste remontait au négociant allemand Valentin Korn. On l’accusa d’avoir produit et vendu jusqu’à trois millions de litres de vin coupé avec des produits chimiques.
Des manipulations à grande échelle
Pendant quatre ans, Valentin Korn s’est procuré, entre autres, de l’acide citrique, de la glycérine ou du phosphate d’ammonium en très grandes quantités. Il utilisait un vin étranger qu’il allongeait dans un premier temps avec de l’eau comme base pour son répugnant mélange. Et pour pallier la dilution de la couleur, des arômes et autres composants, il ajoutait ensuite les additifs les plus divers.
Le verdict rendu par le tribunal de Wiesbaden, soit deux ans et demi de prison, peut sembler clément à l’aune d’aujourd’hui. Sans parler du fait que Valentin Korn n’a même pas dû purger la totalité de sa peine puisqu’il a retrouvé la liberté dès l’année suivante. Et comme il s'est vu interdire de produire des boissons de toutes sortes pendant cinq ans, Valentin Korn s'est tourné vers la production d’œufs.