Et si Bô Nöel s'ouvrait vraiment dans une atmosphère de fête cette année? Oui je sais, un marché de Noël qui veut amener un peu de magie dans une triste période, ce serait vraiment un truc de dingue. Mais rappelons qu'on parle ici du marché de Noël de Lausanne, qui s'était fait castrer par la municipalité l'an passé, avec des horaires restreints, une silent disco du 31 décembre annulée, et une fréquentation logiquement en recul. Pour la magie de Noël, on a vu mieux.
Pour rappel, la municipalité avait imposé ces restrictions après avoir cédé sous la pression de certains restaurateurs, et notamment de GastroLausanne ainsi que de la bruyante association «Qui va payer l'addition?», qui avaient crié à la concurrence déloyale vis-à-vis des établissements en dur.
Il faut croire qu'il y a cette année, à l'occasion de la dixième édition, une réelle volonté de faire table rase du passé et d'oublier 2023, annus horribilis. Les autorités lausannoises ont en effet accordé des cadeaux de Noël aux deux parties. A Bô Noël, elle fait grâce d'un retour aux horaires étendus, ainsi que de la silent disco. Aux restaurateurs ayant rouspété ou non, elle les laissera diffuser de la musique en terrasse pendant toute la durée des festivités. Une mesure inédite qui déroge temporairement au règlement cantonal en la matière.
«Personne n'est sorti gagnant de l'édition 2023, ni nous, ni les restaurateurs, ni le public», regrette Olivier Gallandat, porte-parole de Bô Noël. Mais tout le monde est revenu à la table des discussions dès janvier dernier», dans le but d'améliorer les choses, ajoute-t-il.
Extension du domaine de la fête
De quoi, à priori, exacerber la concurrence entre bars, restos et Bô Noël? Florian Schmied, son directeur, pense tout le contraire et voit dans cette autorisation de terrasses musicales «une excellente nouvelle». «Nous voulons que tout le monde puisse participer à la fête afin de faire de Lausanne une destination touristique pendant cette période de fin d'année», poursuit-il en assurant être toujours en bons termes avec les restaurateurs.
Preuve d'une volonté d'élargissement de la fête, Bô Noël n'est plus présenté comme un simple marché de Noël. L'événement est désormais sous-titré «Lausanne en fête», pour changer son image et la faire sortir du triptyque chalet / vin chaud / guirlandes.
Du côté des restaurateurs, après une certaine division constatée l'an passé, les voix sont globalement positives. «D'un événement triste, c'est devenu quelque chose d'historique et positif pour la ville de Lausanne», écrit un patron. «Je trouve Bô Noël très beau, ça dynamise la ville, assure une autre, qui ne possède pas de stand à Bô Noël. C'est clair qu'à cette époque de l'année, les clients ont déjà bu l'apéro en arrivant au restaurant, admet-elle. Mais il ne faut pas oublier que Bô Noël amène aussi beaucoup de monde. Il y aura toujours des gens pour râler…»
Reste à voir si cette souplesse accordée par Lausanne se retrouvera dans d'autres manifestations, à d'autres périodes de l'année. Et pourquoi pas des terrasses musicales l'été, au bord de l'eau?
Pour Florian Schmied, généraliser la musique occasionnerait à coup sûr des abus, des plaintes, et déboucherait in fine sur un nouveau tour de vis. «Réjouissons-nous de cette autorisation exceptionnelle, et essayons de la conserver», glisse l'organisateur. Dont acte: les haut-parleurs cracheront du Mariah Carey dès le 20 novembre.