«Les Lausannois sont punis. Rendez-nous notre marché de Noël!» Une pétition vient d’être lancée pour que la capitale vaudoise retrouve un marché saisonnier digne de ce nom. Toute l’affaire pourrait être d’une simplicité enfantine. C’est Noël, des commerçants dans des cabanes en bois vendent du vin chaud, la ville est festive et tout le monde est content. Mais, à Lausanne, les choses sont plus complexes.
Souvenez-vous. Bô Noël, qui démarre mardi 21 novembre, est au cœur d’une lutte mêlant la Municipalité, la faîtière GastroLausanne, certains restaurateurs et, maintenant, des habitants. La pomme de la discorde? Les stands de nourriture et de boissons.
Concrètement, le marché est accusé de faire de la concurrence déloyale par l’association #Quivapayerl’addition, qui regroupe des cafetiers-restaurateurs de la place. Par conséquent, l’événement a dû faire des concessions, imposées par la Municipalité, après un an de discussions. La faîtière GastroLausanne partage le point de vue de l’association qui regroupe les mécontents.
GastroLausanne «fait pression»
Résultat: en 2023, la manifestation est amputée d’un quart de ses bars et restos, qui fermeront à 22h les mercredis et jeudis, et non à 23h comme l’année dernière. La semaine du 25 au 31 décembre, les chalets boucleront à 20h, tous les soirs. La Silent Disco de la Saint-Sylvestre est supprimée.
Une pétition circule désormais en ligne. Le texte «dénonce les pressions de GastroLausanne». Ceux qui se sentent lésés par Bô Noël «n’ont qu’à demander à la ville de pouvoir […] louer eux-mêmes certains stands. C’est comme ça que ça marche dans toutes les autres villes du monde qui organisent un marché de Noël!!!»
Lausanne: «no comment»
Contacté par Blick lundi après-midi, le Municipal (exécutif) chargé de l’économie, Pierre-Antoine Hildbrand, se retranche derrière un «pas de commentaires», envoyé par SMS. Il a pourtant participé aux discussions et porté les restrictions.
Alors que les tensions sont fortes, l’élu libéral-radical (PLR) a-t-il peur de mettre le feu aux poudres? Voilà ce que nous souhaitions lui demander: A-t-il pris la bonne décision? Émane-t-elle de la Municipalité ou de son dicastère? Rétropédaler, est-ce envisageable? Sur le fond, pourquoi ne pas avoir libéralisé davantage, en permettant à tout le monde de rester ouvert plus tard? Ces questions restent pour l’heure sans réponse.
Participer à la fête
De leur côté, les travailleurs des magasins du centre grognent particulièrement, selon les pétitionnaires. Ceux-ci ne pourraient plus profiter des stands à cause des horaires réduits. Ils «ne sont pas juste là pour faire tourner l’économie de la ville, ils doivent aussi pouvoir participer à la fête!», clame encore le texte de protestation.
Toujours selon ce dernier, la Saint-Sylvestre à Bô Noël manquera aussi aux citoyens. «Il y a une responsabilité sociale à cela, va jusqu’à déclarer la pétition. Tout le monde ne peut pas s’offrir une soirée au D! club ou au Mad!» Sur le site de la pétition, un commentaire critique la notion même de concurrence déloyale entendue par les autorités: «Mon fils et moi avions ADORÉ la Silent Party… […] Nous avions pourtant fait un resto juste avant… l’un n’empêche pas l’autre!»