Cette année, il sera plus facile de manger le menu de la bénichon. Au restaurant, sur le pouce ou encore chez soi: les milieux du tourisme et de la restauration fribourgeois mettent les bouchées doubles pour nous faire manger de la crème double.
La saison de la bénichon démarre en cette fin d'été, et court jusqu'à mi-novembre. Historiquement célébrée pour honorer la bénédiction (d'où son nom) de l'Église, cette festivité intimement liée au canton de Fribourg a perdu de ses oripeaux religieux pour se concentrer sur les récoltes et la descente des alpages. Au grand dam des autorités civiles et religieuses des XVIIIe et XIXe siècle, qui ne voyaient pas d'un très bon œil ces agapes, qui dégénéraient souvent sur bien des excès!
Cuchaule, moutarde de bénichon, jambon de la borne, gigot d’agneau et ses poires à Botzi, meringues et crème double: ce ne sont là que quelques plats du menu roboratif qui se déguste, parait-il, durant six heures, voire davantage.
En 2024, changement de formule, donc. Exit, la «bénichon du pays de fribourg», fête de trois jours qui changeait d'endroit chaque année. Sept manifestations plus tard, le concept vieillissant n'est plus d'actualité. Place à la «saison de la bénichon», qui se veut plus accessible. L'objectif? Faciliter les choses pour qui veut déguster le menu de la bénichon, y compris pour les personnes extérieures au canton. Concrètement, les adresses ayant répondu présent s'engagent à proposer, durant deux semaines au minimum, au moins quatre des six plats officiels du menu.
Bénichon au resto
Jusqu'ici, les établissements proposaient souvent le menu les week-ends, ce qui limitait le nombre de places. Sans oublier que les quatre à six plats demandent beaucoup de travail et d'organisation. De la cuchaule jusqu'aux desserts, le menu demande de nombreux savoir-faire.
«Pour faciliter la tâche et valoriser le menu de la bénichon dans les restaurants, nous avons rapproché les restaurateurs, les boulangers et les bouchers», détaille Léonie Chenaux, de l'Union fribourgeoise du tourisme. Les boulangers livrent ainsi la fameuse cuchaule aux restos et les bouchers s'occupent des viandes. Pour cette première année, une vingtaine de restaurants ont répondu présent à Fribourg, Bulle, Châtel-Saint-Denis et ailleurs. Les dates étant variables d'une commune à une autre, le mieux est de se renseigner sur le site officiel pour éviter les déconvenues.
Ce ne sont pas les seuls endroits où trouver le menu. À Lausanne, indépendamment de l'opération fribourgeoise, la Brasserie de Montbenon promet, «sans vouloir égaler le faste des menus gruyériens», de «rendre hommage à la cuchaule et à la fameuse moutarde acidulée», les 21 et 22 septembre.
La bénichon, mais en sandwich
Puisque tout le monde n'a pas forcément le temps ni l'envie de s'envoyer un menu gargantuesque, quinze boulangeries ont développé un sandwich tout à fait de saison. Le pain? De la cuchaule, évidemment. La garniture? du jambon de la borne, du chou frisé, avec ou sans moutarde de bénichon. De quoi avoir le goût authentique en mangeant sur le pouce. Une quinzaine d'établissements participent, à des dates différentes.
La bénichon chez soi
Toujours dans l'idée de créer des synergies, les bouchers ne se contentent pas de fournir les restaurants: ils renouvellent aussi les paniers bénichon à ramener à la maison (72 francs pour 4 personnes). Parfait pour les gastronomes qui préfèrent jouer à domicile, chaque pack contient soupe aux choux, jambon de la borne, saucissons, légumes et poires à Botzi. Vendu dans les boucheries participantes, il est conditionné sous vide: il n'y a plus qu'à faire réchauffer les plats vingt minutes au bain-marie. Le temps de prendre l'apéro.
Avec cette nouvelle stratégie, les organisateurs espèrent attirer des gourmands d'autres cantons, comme c'est le cas avec la Saint-Martin dans le Jura. Certains s'en sont déjà inspirés: une randonnée gourmande est ainsi organisée le 7 septembre à Chatel-Saint-Denis. Dix kilomètres à travers champs et forêts. De quoi brûler assez de calories pour justifier toutes les cochonnailles ingurgitées.