Le 6 mai, le monde entier aura les yeux braqués sur la capitale anglaise, qui couronne son King Charles. De quoi donner des envies de Londres, et de ses bonnes tables qui tordent le cou à la mauvaise réputation de sa gastronomie locale.
Poppie’s Fish and Chips: la tradition, ça a du bon
Qui dit Angleterre, dit… Fish and Chips! Car les fish and chips, c’est un peu comme les Rolex. Si vous vous êtes déjà rendus dans la Perfide Albion sans goûter à cette spécialité de street food 100% british, c’est que vous avez raté votre vie.
Composé de poisson pané et de frites épaisses, ce combo de trucs cuits dans l’huile, habituellement servi dans un papier kraft pratique pour pomper les lipides, serait l’héritage des juifs séfarades venus du Portugal pour travailler dans les ports au XVIIe siècle. Logique, quand on sait que le poisson le plus répandu pour cuisiner ce plat est le cod, c'est-à-dire la morue.
Dans cette adresse du quartier popu de Spitalfields, on sert un chippy tout ce qu’il y a de plus authentique, dans un décor de tables en formica et de juke box. Une ambiance chère à «Pop» alias Pat Newland, un gars de l’East London qui a créé ce resto en 1952. Un pro du fish and chips puisqu'à l'âge de 11 ans, Pop travaillait déjà à découper les pages du «Daily Mirror» pour emballer le plat.
Cuisiné avec du poisson ultra-frais, le fish supper est proposé avec des frites et une sauce tartare maison, en version regular ou large selon l’appétit. Si, pour un goût plus «tradi», on arrose généralement son poisson de vinaigre de malt, on ne vous dira rien si vous optez pour le ketchup ou la mayo. On vous conseille quand même de rajouter des mushy peas, une sorte d’écrasée de petits pois maison, délicieuse et qui donne bonne conscience en ajoutant un peu de vert à tout ça. L’adresse, animée par un personnel sympathique et prompt à donner des conseils, est courue. Réservez!
The plus: Allez faire un tour au marché de Spitalfields situé juste en face. Outre une flopée de petits stands de bouffe de tous les coins du monde (si vous avez encore faim), ces halles sont spécialisées dans les fringues vintage, avec notamment une boutique de robes de pin-up trop, trop chouette.
The where: 6-8 Hanbury St.
X’ian Binagbiang Noodles: les nouilles ceintures
«Pas chic mais choc, resto de nouilles chinoises à tomber par terre. Ils les font sur place, c’est de ouf.» Le message WhatsApp écrit par ma copine Céleste pour me conseiller ce resto pourrait se suffire à lui-même. Mais bon, malgré la force des arguments, c’est un peu court. Donc détaillons un peu.
Alors oui, cet endroit-là a des airs de cantine. C’est bruyant, pas très élégamment éclairé et la déco est du genre sommaire. Mais c’est dans l’assiette que le charme opère. La spécialité du lieu, qui tient son nom de X’ian, la capitale de la province du Shaanxi, dans le centre de la Chine, où les champs de blé sont paraît-il plus nombreux que les rizières, ce sont les nouilles. Et plus particulièrement les biangbiang, des noodles à la largeur maousse, appelées aussi belt noodles (nouilles ceintures), soyeuses en bouche après la cuisson et particulièrement adaptées pour retenir la sauce qui les accompagne.
Si la carte, agrémentée de photos, est un peu moche, elle a le mérite d’éclairer le béotien un peu perdu dans les propositions. Après dégustation, les hand-pulled BiangBiang noodles with beef in special sauce, soit les biangbiang maison avec du bœuf et une sauce spéciale, sont bel et bien «à tomber» comme le dit Céleste, arrosées d’une espèce de savoureux bouillon épicé juste ce qu’il faut, et accompagnées de morceaux de viande fondante et de quelques légumes. Avalé à coups de grands slurps, ce plat a tout de même laissé quelques traces sur les vêtements des convives. Ça nous fera des souvenirs!
À noter que le resto propose aussi quelques plats végétariens, dont de délicieux gyozas.
The plus: Situé dans le quartier de Whitechapel, ce resto est à une dizaine de minutes à pied du très chouette musée consacré à Jack l’éventreur, qui a hanté les nuits du coin en 1888. Parfait pour une escapade inédite nouilles-tueur en série que tout le monde vous enviera.
The where: 62 Wentworth St.
Le Nopi: Chez Ottolenghi
On ne présente plus Yotam Ottolenghi, ce cuisinier israélo-anglais, auteur de plusieurs livres de cuisine tous hissés au rang de best-sellers. Légumes, épices, condiments… depuis quelques années, il est l’un des précurseurs du boom de la cuisine du Moyen-Orient et, plus largement, de la cuisine levantine, avec des influences de Syrie, Turquie ou encore du Liban.
Aujourd’hui à la tête de plusieurs adresses à travers le monde, dont déjà sept rien qu’à Londres (et bientôt à Paris), ce natif de Jérusalem, qui a débuté comme chef pâtissier dans la capitale anglaise, y décline une cuisine pleine de fraîcheur, de spontanéité, basée sur des plats à partager élaborés avec des ingrédients simples.
Nopi, situé dans le remuant quartier de Soho, est une table assez courue par le tout Londres. Si les prix s’en ressentent, l’ambiance, elle, est plutôt du style chic et décontractée, dans une déco de bois et de laiton qui s’assortit parfaitement à la carte. Courte, mais savoureuse, elle décline notamment ses célèbres aubergines, ici accompagnées de yaourt au tahini, de mélasse de griottes et de graines de courge épicées, ou encore de betterave marinée, chutney de sumac, labneh au wasabi, sans oublier son maquereau, yaourt de brebis, salsa d'orange sanguine et fenouil.
Le resto, qui propose aussi de délicieux cocktails et un menu pré-theâtre parfait avant une comédie musicale, se compose de deux étages. Upstairs, on vous reçoit sur des tables basses qui peuvent accueillir jusqu’à 6 convives. Downstairs, deux grandes tables d’hôtes en marbre blanc vous attendent entre le passe et le garde-manger. On a testé la deuxième option et on a adoré l’ambiance.
The plus: Faites un tour aux toilettes, particulièrement instagrammables. On vous laisse la surprise!
The where: 21-22 Warwick St.
Frenchie Covent Garden: sacrés Français!
On a fait connaissance avec le chef Grégory Marchand l’hiver dernier à Verbier (VS), où son Frenchie a pris ses quartiers suisses au rez-de-chaussée de l’hôtel Experimental Chalet. Ce Français, qui a fait ses armes à Londres, notamment aux côtés de Jamie Oliver, ne pouvait pas passer à côté d’une adresse dans la swinging capital. C’est au cœur du quartier de Covent Garden, à deux pas de ses théâtres et de ses rues animées, qu’il a installé son ravissant Frenchie, qui profite même d’une petite terrasse aux beaux jours.
Au programme de cette modern french brasserie, on retrouve la formule qui a fait le succès de Grégory Marchand dans son vaisseau amiral de la rue du Nil, à Paris: une carte de saison constituée de plats créatifs centrés autour de quelques ingrédients et un subtil jeu de goûts et de mélanges de textures.
Comme le Nopi, situé à quelques rues de là, le Frenchie propose deux salles, deux ambiances: une salle de resto classique en haut et quelques tables plus éparses au sous-sol avec vue sur les cuisines toutes proches et le ballet du passe. L’équipe, jeune, est hyper sympa et bonne conseillère quand il s’agit de choisir le vin ou l’un des délicieux cocktails à la carte.
The plus: Le resto étant situé dans l’un des plus chouettes quartiers de Londres, on vous conseille, avant ou après le repas, de faire un saut au Punch & Judy situé à deux pas, un pub vieux de plus de 200 ans, histoire de descendre une petite bière dans le bruit et la fureur.
The where: 16 Henrietta St.
Caravan: comme un dimanche
Londres, c’est grand. Et vaste. Voici une adresse hyper utile lorsqu’on ne sait pas trop à quelle heure on va bien pouvoir manger entre une visite et une virée shopping. Créée par trois Néo-zélandais globe-trotters, Caravan, qui possède plusieurs adresses dans Londres, propose une cuisine du monde servie à n’importe quelle heure de la journée. L’enseigne, qui a sa propre torréfaction de café, dispose notamment de lieux vastes, lumineux, chaleureux et, pour quelques-unes, dotées de chouettes terrasses où buller tranquille entre deux averses typiquement londoniennes.
Au menu, des petites et grandes assiettes à base de produits frais, des bowls bien garnis, des pizzas au levain et de délicieux desserts, tout fait maison.
The plus: Trouver un endroit à la der où bruncher le dimanche n’est jamais facile à Londres. L’adresse de Caravan City, situé dans le quartier des affaires, fait partie de ces tables plus fréquentées la semaine que le week-end. Résultat, testé à l’heure de la messe, le resto était calme et tranquille et accessible même sans réservation. Au menu, avocado toasts frais, pancakes généreux surmontés de fruits frais et de crème vanille, fricassée de champignons ou encore saumon fumé et œufs brouillés accompagnés de jus de fruits frais et d’un Mimosa ont parfaitement rempli leur rôle avant de rejoindre l’arrêt de l’Elisabeth Line tout proche vers l’aéroport d’Heathrow pour regagner Genève! Un bon plan!
The where: 22 Bloomberg Arcade