Il fait de plus en plus froid dehors et la neige arrivera bientôt dans le canton de Lucerne. Martin Fuchs est prêt pour l’hiver. Et sa maison a de quoi surprendre! Il vit dans une sorte de hutte creusée dans la terre qu’il a construite lui-même.
Dans son refuge, il ne dispose que de huit mètres carrés. Mais il peut s’y tenir debout, a un plancher en bois et une porte d’entrée.
Pour cet homme de 41 ans, il est tout à fait naturel de vivre dans son petit terrier. Il sait, grâce à diverses communautés, que sa forme de logement répond à un besoin. «Se réfugier dans des grottes et des terriers est dans les gènes de toute créature vivante.»
Communauté dans la ferme, paix dans la maison de la terre
De l’extérieur, la maison est envahie par l’herbe et les orties. Elle est à peine visible et on pourrait penser qu’il s’agit d’un grand monticule de terre.
Martin Fuchs veut garder l’emplacement exact de sa maison en terre secret, car sa construction se situe dans une zone d’ombre juridique. Sa résidence officielle et légale se trouve en colocation dans une ferme qui se trouve sur le même terrain que sa grotte.
Actuellement, six personnes vivent dans la coloc'. La plus jeune colocataire est Mahati, un nourrisson âgé de six mois.
En plus de la cuisine, le salon et la salle à manger, Martin Fuchs peut également partager la douche et les toilettes de la maison. En été, cependant, il préfère se rendre au lac à vélo et s’y baigner. «Je ne veux pas vivre seul et j’aime être en compagnie, mais j’aime aussi me retirer dans ma petite maison de terre.»
Un petit poêle en argile pour chauffer le tout
Fuchs a passé sept mois à construire sa nouvelle maison en terre. Des amis l’ont aidé à creuser un trou de plus d’un mètre de profondeur dans la terre à la main et l’ont recouvert d’abord de gravier, puis d’argile.
Les murs et le plafond sont constitués d’une armature de tiges souples de noisetier provenant de la forêt voisine. La paille et le papier assurent l’isolation et l’étanchéité de l’intérieur. Une couche d’argile a été appliquée à l’intérieur des murs et du plafond. Un revêtement d’étang sur la construction protège de l’humidité extérieure.
La maison en terre est chauffée à l’aide d’un poêle en argile construit par l’habitant des lieux. «Le matin, je l’allume avec quelques morceaux de bois et il reste ensuite chaud toute la journée. L’argile permet de garder une température agréable en été comme en hiver dans la hutte», explique Martin Fuchs.
Internet même sous terre
Côté sud, une baie vitrée laisse entrer la lumière. Un panneau solaire situé à côté de l’entrée de la grotte fournit l’électricité. «Je dispose même d’un réseau local sans fil et d’une connexion Internet», sourit Martin Fuchs.
Tout a l’air propre et bien rangé et l’homme dispose même d’un petit lavabo.
Martin Fuchs passe encore parfois la nuit dans sa vieille grotte, qui se trouve à une centaine de mètres dans la forêt. De temps en temps, il la met également à disposition de ses invités.
De l’ingénieur au formateur
Assis sur le lit de sa maison en terre, une tasse de thé à la main, Martin Fuchs expose sa vision de la vie et raconte ses aventures.
Il propose des cours pour les personnes qui veulent se retrouver, loin de l’agitation, dans la solitude de la nature. C’est comme ça qu’il gagne désormais sa vie.
Avant cela, Martin Fuchs travaillait comme ingénieur de conception dans le domaine de la robotique. Titulaire d’une maîtrise en microtechnique, il décide de suivre une formation de trois ans pour être coach de vie.
«J’ai presque tout ce dont j’ai besoin pour vivre ici dans ma maison en terre et avec la communauté. La nature nous donne tant de choses», assure-t-il en grignotant les derniers fruits du framboisier situé près de sa maison de terre. «Avec des orties, des marguerites et tout ce que l’on peut trouver dans le jardin, je prépare des smoothies frais tous les matins», illustre-t-il.
De nouveaux plans pour le futur
Martin Fuchs s’est reconnecté avec la nature et se sent bien dans sa tanière. Mais il ne sait pas encore combien de temps il va encore vivre ainsi.
Le formateur songe à emménager dans l’appartement que partage sa compagne dans le canton de Berne. Mais là aussi, il aimerait construire à nouveau sa chambre dans le jardin. Pour l’instant, cependant, il attend avec impatience l’hiver, lorsque la nature se reposera et que lui aussi pourra se reposer. «Lorsque le printemps arrivera, j’en saurai davantage sur là où je dois aller.»