Le Yodel s'invite en Suisse romande
Oesch's die Dritten traverse le Röstigraben

Le succès du groupe folklorique bernois Oesch's die Dritten en Suisse romande est inattendu. La chanteuse Melanie Oesch propose son interprétation du phénomène.
Publié: 23.10.2021 à 09:51 heures
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Dernière mise à jour: 25.10.2021 à 14:02 heures
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Le groupe Oesch's die Dritten en 2019 à Montreux. Sur la photo: la chanteuse Melanie Oesch avec ses frères Kevin (à droite) et Mike.
Photo: zVg
Jean-Claude Galli

Le groupe de musique folklorique Oesch’s die Dritten d’Oberlangenegg (BE) est en tournée en Suisse jusqu’à la mi-novembre. Bien que ses membres soient suisses alémaniques, de nombreuses représentations sont prévues en Suisse romande, comme aujourd’hui à Courtételle dans le Jura et demain à Genève. De quoi surprendre ceux qui ne s’attendaient pas à ce que le succès du groupe suisse alémanique puisse traverser le «Röstigraben».

Pour Melanie Oesch, la chanteuse du groupe, franchir cette frontière est possible: «En tant que groupe, nous ne nous laissons pas freiner par les différences linguistiques. Je ressens le Röstigraben plutôt dans l’esprit des gens de mon entourage ou parmi mes collègues artistes alémaniques qui disent: 'Si les Romands veulent quelque chose de nous, ils devraient parler notre langue'. Mais nous pourrions aussi faire un effort. Après tout, le français est la deuxième langue nationale».

«Ce n’est pas notre prononciation qui compte»

Le groupe propose un répertoire de chansons en français. «Il arrive bien sûr que le public rigole lorsque nous ne prononçons pas tout à fait correctement certains mots. Ce n’est pas la perfection de notre prononciation en français qui compte mais plutôt notre musique et le divertissement que l’on offre au public», explique la chanteuse.

Une popularité que confirme notre journaliste culture Caroline Piccinin: «Même si la tradition de la musique folklorique est moins forte en Suisse romande qu’en Suisse alémanique, les membres de Oesch’s die Dritten sont des stars et la plupart de leurs concerts affichent complet dès qu’ils sont annoncés. Je pense que c’est parce que c’est un groupe familial et populaire, mais aussi parce que la Suisse romande, ce n’est pas juste des grandes villes comme Lausanne ou Genève. Dans les campagnes, chez les jeunes et dans certains villages, les traditions sont beaucoup plus ancrées, et la musique des Oesch’s die Dritten répond à leurs attentes culturelles et festives».

«Je trouve la cohésion familiale magnifique»

Melanie Oesch a pu l’observer par elle-même: «De manière générale, je constate que le public romand est plus jeune. Les gens y ont moins de préjugés, je pense. En Suisse alémanique, on a souvent l’impression que la musique folklorique avec du yodel plaît davantage aux classes plus âgées et conservatrices. Les Romands ont moins peur du contact et préfèrent se faire leur propre idée de nous plutôt que de nous mettre d’emblée dans une case».

La chanteuse a également remarqué que leurs spectacles sont beaucoup plus fréquentés par des familles entières en Suisse romande: «Je trouve cette cohésion magnifique», s’émerveille-t-elle.

Les relations d’Oesch die Dritten avec la Suisse romande s’intensifient depuis 2015, date à laquelle ils ont commencé à constituer leur propre répertoire français. «Il est également important pour nous de travailler avec Alessandra et Fred Vonlanthen, qui traduisent et écrivent également des chansons entières. Nous les avons rencontrés chez Alain Morisod qui a animé son émission 'Les Coups de Cœur d’Alain Morisod' sur la RTS pendant des années. Il nous a invités plusieurs fois.»

Depuis ce tremplin, le groupe a réussi à s’imposer avec ses propres chansons, y compris avec des morceaux en français. «Nous avons compris que lorsque l’on s’approche des gens et que l’on fait l’effort de parler leur langue, cela invite le respect mutuel.»

Louise Maksimovic (adaptation)


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