Il s’impose, année après année, comme le boss du rap français. Il revient aujourd’hui avec «Civilisation», son 4e album studio en solo. Un album qui fait déjà l’effet d’une bombe, à l’image de son premier clip, grâce à un teasing de pro. On vous explique tout ça dans le BPM ci-dessus, tandis qu'OrelSan, de son vrai nom Aurélien, se livre au bout du fil à l’occasion de sa «full journée promo – là on est en voiture». C’est parti:
Comment vous sentez-vous après tout ce suspense lié au teasing de «Civilisation»?
OrelSan: C’est toujours un peu étrange quand ça fait presque deux ans que tu bosses sur quelque chose. Je ne sais pas trop comment le dire. J’ai écrit tout ça en pensant à des choses, et là ça arrive dans les oreilles des gens, et ça devient autre chose. Honnêtement, je suis encore déboussolé, mais content en même temps. Il me faut un moment d’adaptation, je ne suis pas encore dans le kiff.
Vous avez lâché le clip de «L’odeur de l’essence» avec ce visuel très fort qui a déjà fait plus de 3 millions de vues en 2 jours. Auparavant, vous étiez «super-impliqué» dans vos vidéos. Là, ça a été le cas?
Ouais, c’est incroyable comme ça marche. L’idée c’était de rebosser avec David Tomaszewski qui avait déjà réalisé des clips pour les albums «Perdu d’avance» et «Le chant des sirènes» (le clip de «RaelSan», c’était lui ndlr.). C’était archi-cool, on a discuté ensemble et là j’avais envie d’avoir ce truc un peu perf, un peu live, pas forcément trop scénarisé, trop clip à effets. David a eu l’idée de ce plateau virtuel et après on l’a utilisé pour balancer toutes ces images et on a une bonne cohérence.
En parlant de cohérence: pour nous, «Manifeste» c’est un peu l’alter ego de «L’odeur de l’essence» en mode yin yang. En mode instantané de l’intérieur.
Ouais, exactement. Pour moi, «Manifeste», c’est un style de morceaux qui existe dans le rap sous le nom de story telling. Ce n’est pas quelque chose qui m’est arrivé, c’est de la pure fiction. Et justement, ce qui me faisait kiffer, c’était de faire interagir ces différents personnages dont l’évolution de ce mec qui au début s’en fout. Il n’est pas intéressé ni par la politique, ni par la société, mais petit à petit il se retrouve impliqué dans ce truc qui l’amène à «L’odeur de l’essence». Il passe en gros du «je m’en fous» à «je m’en fous plus du tout». D’ailleurs, c’est pour ça que «L’odeur de l’essence» arrive après «Manifeste» dans le disque. C’est un peu les pages centrales du livre, côte à côte, et ils sont encadrés par des titres plus digestes dans le déroulement de l’histoire.
Justement, vous aimez raconter des histoires et ce n’est pas la première fois que vous revenez sur l’enfance à l’image de «La Quête». Vous êtes un nostalgique?
J’avais souvent raconté l’adolescence, mais là c’est vraiment l’enfance. Alors OK je n’ai pas grand-chose à raconter entre mes 3 et 4 ans (rires) mais ces sentiments enfantins, pour moi, sont un préquel à «Perdu d’avance» (son premier album, ndlr.).
Dans le texte vous dites: «mon père, mon héros, m’a offert les Jordan 8 avec des scratches». Vous les avez vraiment eues?
(Rires!) Oui! Là, je me suis vraiment basé sur une anecdote, parce que souvent j’extrapole pour le récit, mais là on est dans la partie vraie. J’ai eu cette chance, j’ai eu les Jordan 8!
Revenons-en à ce qui a enflammé vos fans quand vous l'avez annoncé: le featuring avec «The Neptunes». Comment ça s’est passé?
J’ai toujours été fan de «The Neptunes» (duo formé par Pharell Williams et Chad Hugo, ndlr.), et comme à la base avec Skread on voulait être un duo de producteurs, à un moment je me suis dit que ce serait trop bien de travailler avec eux. J’ai téléphoné à Pedro Winter du label Ed Bangers qui les connaît, et je lui ai dit: «ouais, tu vas peut-être trouver ça bizarre, mais est-ce que tu penses que ce serait envisageable de faire un truc avec «The Neptunes"»? Lui a dit qu’il voyait une cohérence là-dedans et qu’il allait demander. Du coup, il a envoyé un message avec «Basique». Ils ont kiffé et ils ont dit qu’il avait qu’à dire à OrelSan qu’ils étaient en session studio et qu’on avait qu’à passer. Tout simplement.
OK! Et donc, vous êtes passé dans leur studio?
On est allé à Miami avec Skread, Ablaye et mon frangin. On s’est retrouvé dans leur maison transformée en studio. C’était hypercool, sympa. Ils sont hyperpros. Quand j’ai fait écouter des morceaux de l’album, Pharell Williams a dit: «Ah OK, je vois ce que tu as, il te manque un morceau un peu club» et ils ont fait la prod comme ça, facilement, c’était vraiment bien!
Vous-même, vous ne faites pas souvent les prods, mais vous avez fait celle de «Bebeboa». On la trouve très daftpunkien, avec les distorsions de voix et la basse qui rappelle Neil Rodgers, vous êtes OK avec cette impression?
Mais carrément! J’ai d’ailleurs pas mal réécouté Daft Punk pendant l’écriture de l’album. J’avais pas mal de réf' de ce genre de musique seventies, de funk en tête. Toute cette vibe qu’on peut aussi retrouver sur «Ensemble».
Venons-en donc à «Ensemble» et sa déclaration d’amour plus tourmentée que sur «Paradis» en son temps…
Je trouvais que je n’avais pas encore été au fond des sentiments, dans le sens ou dans «Paradis» je disais: «je t’aime», mais je voulais dire «pourquoi je t’aime». Je trouve qu’au début d’une histoire, tout est idyllique mais au final ce n’est pas non plus ça la vie… Alors je voulais dire que même si des fois ça ne se passe pas bien, on continue. Et «je t’aime toujours pour de vraies raisons».
Sur «Casseurs Flowters Infinity» y’a ce clin d’œil à «Ils sont cool», vous allez nous en faire un clip de ouf et ressortir les armures?
(Rires!) On s’est direct dit que si on faisait un clip, c’était obligé de ressortir les armures, mais pour l’instant on ne sait pas si on va le faire. On a adoré se réunir et faire la suite du premier refrain comme ça. Pour moi, ça a vraiment été le morceau de l’album le plus fun à faire. On s’est juste posés en studio avec Gringe et on a raconté des conneries. Pour moi, ça amène vraiment une respiration dans l’album avec ce délire de potes. À la base, on a failli faire un morceau plus profond sur l’amitié et après on s’est dit: «mais non, l’amitié c’est raconter des conneries entre potes».
On a cru comprendre que le prochain clip sera celui de «Jour meilleur». Comment mettre en image un texte si fort?
On a encore juste un doute, mais sûrement ouais. Je suis en train d’y réfléchir, parce que ça faisait longtemps que je voulais faire un morceau comme ça, qui parle de dépression et qu’est-ce qu’on fait en tant que pote dans ces cas-là? On va essayer d’imager ça, mais ça va être compliqué. Après ces deux dernières années, j’avais vraiment envie d’une chanson un peu belle, même si tout ne s’arrange pas comme par magie.
Il y a d’ailleurs deux allusions au Covid dans l’album, sur «Manifeste» et «Rêver mieux». Ça vous a freiné ou inspiré tout ça?
Un mélange des deux dans le sens ou ça m’a permis de me recentrer sur ma musique. J’ai énormément bossé pendant le confinement et ensuite le martèlement d’infos sur ça, un peu sans recul, ça fait que beaucoup d’artistes avec qui je parlais disaient que c’était un enfer pour l’inspiration. Au final, j’ai pas trop voulu en parler sur le disque. Mais ça m’a clairement inspiré, comme pour «Baise le monde».
Les zéniths complets, les buzz, la suite de «Montre jamais ça à personne», ça s’annonce plutôt cool non?
Ouais, c’est vrai qu’on voit à la fin du doc' que mon frangin continue à filmer… Il y a sûrement des images qui vont être montées ensemble pour en faire quelque chose (rires). En vrai, je ne sais pas trop ce qu’il va en faire, même si on avait mis «prochainement», mais il continue à filmer, d’ailleurs il est avec moi dans la voiture au moment ou je te parle (rires).
Ce matin sur «France inter» vous avez dit que vous vous réjouissiez d’écouter l’album d’Adele. Avez-vous eu le temps de le faire? Et sortir le même jour qu’elle, ce n’était pas trop la pression?
Non (rires), pour l’instant j’ai fait que de la promo aujourd’hui. À mon avis, je ne vais pas le faire avant ce week-end ou peut-être ce soir avant de m’endormir. Mais comme c’est de la vraie musique d’émotion, j’attends des bonnes conditions genre être en bagnole pour me balader tout seul, ce n’est pas forcément un truc que j’ai envie d’écouter en faisant mille trucs. En vrai, je suis fan d’Adele, je l’écoute souvent, j’aime ce piano avec la chanteuse de ouf! Et pour le jour de sortie, honnêtement ça me fait plaisir, je suis content, même s’il va y avoir un petit battle dans les ventes d’albums (rires)!
OrelSan sera en concert le 12 février 2022 à l’Arena de Genève pour un concert qui affiche complet et son album est disponible dès maintenant.
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